samedi 2 mai 2015

Moi contre moi-même

J’ai honte.
Cette histoire date de six mois, mais je n’arrive pas à réaliser, c’est tellement loin de moi et en moi. Comment est ce que j’ai pu me laisser faire ça ? Je sais tout, je suis consciente de tout, mais je n’ai pourtant aucune réponse satisfaisante à donner aux questionnements de mes actes.
J’ai rencontré un homme merveilleux, un de ces hommes tellement ouvert d’esprit et possédant une âme saine, qui vous fait dire qu’il faut marquer un stop, faire une pause dans sa vie. Dès le début, je m’étais accrochée à lui comme un coquillage à son rocher. C’était mon phare, ma lumière dans les océans de ténèbres de ma vie chaotique.
J’ai toujours était un peu borderline, j’ai toujours fait tout ce qu’il ne fallait pas faire. Si une chose était déconseillée, je m’avançais malicieusement mais sûrement vers elle. Avec intelligence, jamais tête baissée. Je savais ce que je faisais, et je mesurais toujours vaguement les répercussions. La vie m’avait faite ainsi, je n’ai jamais cherché à corriger ce défaut qui faisait toute ma qualité de fille dans son genre. Cela constituait mon charme, on me le disait souvent. Mais derrière cette carapace de fille qui assume, d’une part ces choix et d’autre part son rythme de vie, se cache une petite fille dont personne n’a voulu avant qu’elle ne devienne une jeune femme épanouie et fière.
Ma vie bien remplie et toujours abracadabrante, était pleine de rebondissements et de situations assez peu communes. J’aimais le danger, j’aimais vivre avec une solide épée de Damoclès au dessus de la tête. Mes actes étaient guidés par cette haine que je gardais au fond de moi, mais qui ne me faisait pas perdre mon fil d’Ariane. Mes paroles, mes pensées en étaient toutes entachées. J’avais un vice, une part d’ombre au fond de mon cœur qui régissait ma vie. J’avais beau afficher un beau sourire, faire mine d’assumer mes choix, au fond, je pressentais bien que ma vie était sans valeur, sans la moindre espérance de longévité. La fête, les mecs, les a côtés, les milieux malsains, les situations précaires, les paradis artificiels, ça ne construit jamais une vie. Et je n’essayais même pas de la construire, je vivais au jour le jour, consciente et impuissante devant mon incapacité à voir mon futur au-delà de quelques jours. Toujours sur le qui vive, toujours en déplacement à droite à gauche, je ne me posais jamais. Et je ne le désirais pas plus non plus, j’aimais cette idée de vie dangereuse. Complètement coincée, entre un passé qui voulait devenir futur, et un futur qui n’existait pas. Forcément, ça dérègle une vie, ça donne des objectifs et des buts hors norme. Je ne voulais pas réussir ma vie, mais juste la mener là où elle voulait aller.
Seulement, je me débrouillais bien, et ce qui ne devait être qu’une passade, s’est installé vicieusement. J’avais réellement l’impression d’être faite pour cette vie de débrouilles et de magouilles. J’avais une certaine intelligence dans ma déchéance, je me voilais la face, me faisant croire que j’étais l’une des seules à pouvoir vivre ainsi. De telle sorte que même ma personnalité et mes valeurs en avaient été modifiées sans que je le perçoive. Mon côté sombre ne cessait de grandir, effaçant la fille innocente et sensée que j’étais. Mais sur le coup, je m’en fichais pas mal, je pensais être heureuse ainsi. Je ne pensais qu’à moi, à ma vie. Bien sûr que j’étais flattée de voir des gens comme moi graviter autour de mon monde. Mais en réalité, je ne faisais les choses que dans le but de me satisfaire. J’étais une princesse perdue. Je me baladais de bras en bras, de lit en lit, d’appart en appart. Je papillonnais, libre comme l’air, et déterminée à montrer une bonne image de ce monde plein de vices.
Mais un jour, une chose en entraînant une autre, j’ai eu un déclic, et j’ai pris un tel recul, que j’ai vu directement cette princesse en face de moi. Mon quotidien étant redevenu peu à peu normal, cette princesse me quittait pour aller se perdre ailleurs. Seule pendant tellement longtemps, j’avais oublié que la vie se construisait et se faisait avec les autres. C’est notamment quand je l’ai rencontré, à mon adoré, que j’ai repris goût aux activités à deux, au doux bonheur de penser avec le pronom « nous » plutôt que « je ». Je me rendais compte à quel point c’était bon de ne plus penser qu’à soi, se voir capable de mener une vie à deux, et plus une vie totalement solitaire.
Seulement, le temps que la princesse sorte complètement de ma personnalité, je ne m’en étais pas rendue compte dans l’instant même.
Alors, quand cet ami de mon copain m’avait accordé de l’attention, je n’ai pas vu le mal. Je me sentais libre, je me sentais sans attaches, et je n’ai pas réfléchi. Les princesses aiment savoir qu’elles plaisent voyez vous. Juste pour se sentir importantes, elles aiment à savoir que des regards traînent encore derrière leur passage. En dehors de ça, il y avait ce côté interdit, malsain et dangereux qui tiraillait ma personnalité trash. De toute manière, je n’étais bonne qu’à faire les mauvais choix, donc à quoi bon se prendre la tête à peser le pour et le contre ? Pourquoi chercher à être bien, quand immanquablement on est une mauvaise fille ?
Je me suis retrouvée dans une situation tellement irrattrapable, que je m’y suis embourbée tout en savant les limites. Concernant son « ami », je ne l’ai d’ailleurs jamais vu malgré nos envies manifestes mais fausses, je ne lui ai jamais parlé réellement malgré nos discussions virtuelles interminable, je ne l’ai jamais touché malgré nos sous entendus grotesques. Ce que je cherchais avec lui, c’était plus un besoin de se sentir en contradictions avec les choses biens, plus qu’une véritable relation. Se sentir « hors normes », pas vraiment normal sans être totalement marginale.
Alors que d’un autre côté, je m’ouvrais, m’émerveillais des choses à nouveau avec mon protégé. J’avais eu un coup de cœur pour mon chéri, les autres n’ayant été que des coups de corps. J’ai joué sur deux tableaux, en me rendant compte que  celui que je trouvais le plus prévisible, devenait en fait le plus intéressant. C’est à partir de là, que j’ai consacré mon jeu, mon intellect et mon temps à celui qui me faisait découvrir petit à petit les vraies valeurs, et me redonnait goût aux choses essentielles de la vie, sans futilités et fioritures. Je me sentais changée, à mesure que je le laissais prendre de la place dans ma vie.
Je me sentais moi, je me sentais importante, et son regard valait celui de mille hommes. Une page s’était définitivement tournée dans mon esprit. Et à chaque fois que j’entamais une journée avec lui, je me sentais heureuse, le sourire aux lèvres, contente d’être ce que j’étais. J’avais enfin retrouvé le plaisir d’être joyeuse en pleine journée, en plein quotidien. C’est un sentiment que je pensais perdu et pourtant je marchais fièrement, soulagée de me sentir pleine de vie et prête à affronter la vie, à la croquer, à la prendre dans son entière complaisance, en son entier, avec son lot de bonheur comme de mauvaises passes.
Mais, les remords se sont mis à me pourchasser, à me hanter. Parfois la journée, parfois la nuit, parfois tout le temps. Et même souvent, ils disparaissaient durant des jours. Au quotidien, j’avais cette impression perfide que tout les regards étaient tournés vers moi et que tout le monde savait ce que j’avais fait, ce que j’avais été. Une image déformée, et bien loin de moi à présent, une parfaite petite dévergondée, une parfaite fille bafouée.
Je ne sais pas s’il y a une chose pire que les remords, car à cause d’eux, on devient victime de soi même en étant le bourreau également. Et on vit avec une arrière pensée amère qui détruit tout espoir de simplicité, de neutralité dans la vie. On se voit comme une personne vide et sans cœur, sans la moindre émotion humaine. Je ne souhaite à personne d’avoir un jour des remords, car cela ne s’efface jamais complètement et même le temps peine à les faire disparaitre. Les remords bousillent notre amour propre. Mais j’avais tant d’amour pour lui, que j’ai décidé de faire face à ces saloperies. Une fois la boîte de Pandore et ses secrets bien enfouis, j’avais trouvé cela assez simple, et j’étais fière, d’avoir fait face à ce séisme intérieur.
C’était sans compter le retour de bâton. Toute l’histoire s’était sue, d’un coup d’un seul, sans que je ne puisse m’y préparer. Celui que j’avais trahi c’était retrouvé assené d’un coup de massue impressionnante, et son regard sur moi était lourd de sens, lourd de questions. Moi même, je me suis repris une claque monumentale, qui me renvoyait inévitablement l’image de la princesse noire, me renvoyant mes vices et mes travers en pleine face, la princesses trash revenait à moi petit à petit alors.
Et maintenant je m’aperçois que je suis en train de le perdre à cause de quelque chose qui a disparu justement grâce à lui. Je me vois retomber dans les ténèbres, je me vois redonner la place qu’il apprit en moi, à la petite princesse. Je me rends compte qu’avant, je n’ai rien fait, je n’ai pensé qu’a ma petite personne, à moi et à la princesse, qui fut en moi pas mal de temps. Assez, pour qu’elle ai encore son mot à dire.
Maintenant, je me retrouve face à un choix. Soit je laisse entrer la princesse et je fuis ces problèmes, soit je lui fais comprendre que j’ai changé profondément et je m’investis encore plus, enterrant mes vieux démons pour de bon, de manière définitive et sans regrets.
Pourquoi je me demande tout cela à présent ? Pourquoi je laisse venir à moi toutes ces réflexions et états d’âme ? Parce qu’en face de moi, il y a un billet de train pris il y a deux heures pour rejoindre celui qui attend de moi des preuves et des faits, et plus loin dans la salle de bain, les lames brillantes attendant elles aussi des preuves. Entre moi et la salle de bains, la porte d’entrée. Et j’ai peur, terriblement peur, qu’en passant devant, la princesse ouvre la porte pour me rejoindre.

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