mardi 9 mai 2017

Vous commencez lundi

J'ai une bonne nouvelle. Ça commençait toujours comme ça. Généralement, il fallait se méfier quand elle commençait par « j'ai une bonne nouvelle. »
Évidemment ça n'avait rien de bon. C'était simplement le moyen de se donner du courage.
Alors elle reprenait, avec son sourire, et son tailleur noir.
«J'ai une bonne nouvelle Monsieur Boisson ! J'ai trouvé quelque chose pour vous.
- Formidable…
On avait toujours quelque chose à lui proposer. Quelque chose d'inédit, oh bien sûr, ça ne répondait bien souvent pas aux attentes, mais, Madame insistait, en précisant que c'était une « opportunité idéale».
Jean continuait à la regarder, amusé de son embarras, de l'espèce de timidité juvénile qui l'a trahissait dans chacune de ses phrases.
« Un poste d'animateur dans une grande surface. Une très bonne rémunération ! des horaires agréables. Même si c'est provisoire, je pense que ça vous correspond, vous avez trois ans d'expérience en vente, plus votre poste de directeur, sur votre CV vous mentionnez même que vous avez pratiqué le théâtre. Vous êtes fait pour le contact humain. »

Effectivement, Jean avait pratiqué le théâtre jusqu'à ses 20 ans. Il était maintenant difficile de le nier, et puis à quoi bon démentir, essayer de s'échapper. Il ressentait incidemment une certaine tendresse pour cette femme. Il aurait encore une fois essayé d'être malhonnête, de dévier la conversation pour se sortir de cette impasse. Et puis il connaissait la règle-il ne pouvait plus refuser maintenant…
« Vous savez pour votre chômage ?»
Oui, il savait pour son chômage. Trois refus et puis...il commencerait lundi. Animateur. Dans quelle connerie il s'embarquait...


Sur le parking il y avait beaucoup d'agitation. Deux voitures s'étaient rentrées dedans. Le ton montait, on allait se battre sans doute.
Un des types hurlait dans une langue inconnue. Il se déplaçait d'avant en arrière en désignant l'arrière de son véhicule. Une légère rayure, rien de dramatique.
Un homme obèse l'écoutait, il devenait de plus en plus rouge.
« Elle a rien ta caisse le nègre ! Tu vas la fermer ta grande gueule ! ». Les deux types finirent
pas s'empoigner. Et puis des coups. L'obèse s'agitait avec une espèce de frénésie mystique.
Pendant que Jean observait la scène, un individu était venu se placer à côté de lui. Des yeux globuleux, injectés de Ganja.
« La misère humaine man…. Ces types vivent dans la colère. »
L'homme était à peine discernable derrière le nuage de fumée qui l'entourait. Il continuait à parler, inaudible.
« Pardon Monsieur ?
  -T'es au chôm' toi aussi ?
  - Oui...c'est important ?
  - Non, c'est juste que t'as pas trop le profil…
  - Ah bon ?
- Ouais, les mecs en blazer comme toi, les anciens patrons, ils viennent pas ici, ils ont trop honte. »
Effectivement, maintenant qu'il y songeait, Jean s'apercevait combien sa présence apportait quelque chose d'exotique au tableau.


On lui avait donné rendez-vous le lundi suivant, à 7h30. On l’avait prévenu, il y aurait un rapide briefing et puis il se lancerait, il ne fallait pas perdre de temps.
Le garçon au téléphone s'était montré assez évasif sur la nature de l'animation.
« C'est pour le stand DOM-TOM». En fait, il s'agissait d'un remplacement, l'animateur martiniquais s'était blessé. Bien sûr il n'y avait rien à apporter, on lui fournirait les costumes.

La présentation se faisait dans le bureau du sous-directeur; un homme extrêmement nerveux, qui parlait avec un cheveu sur la langue mais ne semblait pas s'en rendre compte.
« Voilà voilà, installez vous! Catherine tu as le déguisement ?
Une femme arriva en courant avec un chapeau de paille et une chemise à fleur.
«Voilà Jean, vous aurez ça sur la tête durant  la durée de l'animation. » Jean se retourna vers le miroir. Le chapeau était énorme, grotesque.
« Magnifique » lança le sous-directeur, « Du plus bel effet ! »
du plus bel effet ? ma main dans ta gueule, c'est du plus bel effet aussi ? Jean avait pensé ça avec
une rage folle, vengeresse.
Les consignes étaient maintenant claires, il s'agissait de présenter un stand « produits tropicaux » avec fruits des îles et Rhum arrangé. Le sous-directeur avait été impératif. On allait le peinturlurer  de noir, pour faire « plus réaliste. »
« Vous êtes sûr patron ? le peindre en noir ? » L'assemblée demeurait perplexe.
- Oui oui, il faut faire exotique, il faut qu'il soit noir ! Vous danserez aussi avec un accent créole. Vous savez prendre l'accent créole ?
Jean tenta de bafouiller quelques mots. On se regardait étrangement dans la salle de réunion.
Qu'est-ce que c'était que cette connerie ? Ils n'auraient pas pu prendre un vrai noir ?
« Voilà comme ça très bien : « Rwom et Cacaoo...» « Biscuit et GWenade». Allongez bien les consonnes et arrondissez-les». Le sous-directeur était hilare, visiblement très fier de son idée.

Jean se mit à arrondir sa bouche avec exagération. Les sons sortaient ; dissonants, improbables.
« Wo wo wo Mesdames et Messieurs, Wenez sentirrrre le Pafum exotique de nos îles. »
La secrétaire décida de ce moment pour lancer la musique.
Jean commenca la chorégraphie, en rythme avec les danseuses. Le patron voulait quelque chose de très festif, de très coloré, avec des lancers de chapeaux et des saute-mouton.
Le final serait un remake des serviettes de Patrick Sébastian. Jean était chargé de tournoyer en agitant ses tongs autour de sa tête.
Au moment du troisième pas, le refrain commencait :
« C'est moi Cyprien le Martiniquais
Venez goûter mes petits produits
Mon tendre rhum et mon petit lait
Pour délecter vos papilles ».


Jean avait signé. Il relisait doucement le document, assis derrière son bureau. Etait-il possible
qu'il ait signé pour ça ?
En faisant le calcul, ça faisait 3000 euros pour la saison, c'est-à-dire Juillet Août. Il allait pouvoir
rembourser une partie de la dette. Après, il resterait les frais, toujours ces frais.
La dernière fois, le banquier s'était montré pressant. La situation devenait, selon ses mots,
 « délicate» voir même « dangereuse ». Il avait rapidement compris le message, il n'était plus un client ni désiré, ni supportable.
Et toujours cette bonne nouvelle. Combien de fois lui avait-elle dit ça ? « j'ai une bonne nouvelle pour vous.» Et Jean le rapportait au banquier en espérant que cela aurait un effet psychologique.
« Figurez-vous… une bonne nouvelle… un salaire stable !»

Et alors les mots : Salaire, Stable, Emploi, éclairaient le regard du banquier. Et puis, l'air embarrassé revenait. Non, ça n'avait été qu'un espoir...
« Vous m'aviez pourtant assuré Monsieur ….» « C'est délicat pour moi… votre situation est précaire. »
Le banquier faisait toujours ce mouvement étrange des lèvres pour signifier son embarras.
Maintenant, son visage semblait avoir imprimer ce mouvement. Il ouvrait sa porte à Jean et
ne souriait même plus, il plissait immédiatement les lèvres, en secouant la tête avec un air inquiet.

Évidemment, les informations n'avaient pas fuité. Jean n'avait pas l'intention de d'exposer fièrement sur Facebook déguisé en barman créole.
Il avait rapidement détourné la conversation, quand Léa lui avait demandé où il en était.
Drôle de question d'ailleurs. Où j'en suis. Il avait envie d’être désagréable devant ce vide existentiel. Breton même était moins pragmatique quand il demandait « Qui suis-je ? ». Oui, savoir « Qui suis-je » ou « Qui je hante ?» ça, ça avait du sens, mais « Où j'en suis ? »…. Quelle dérision. J'en suis à la moitié du chemin. Après il y aura la vieillesse, puis la mort. Oui, j'en suis à peu près là. C'était ça qu'il pensait.
Non, il n'avait pas de travail. Non, il n'avait rien trouvé. Même pour la saison. Évidemment, quand
tout sera fini, il aura peut-être le courage de revenir là-dessus, d'en parler. « J'ai fait ça pendant deux mois, pour gagner ma vie. » Quand tout sera fini. Mais là non, après sa vie, après ce qu'il avait fait, on ne pouvait pas se salir comme ça, souiller son honneur de cette manière.

Fabrice l'avait appelé pour essayer de le réconforter. Il abordait toujours des questions compliquées
et, à vrai dire, assez obscures.
« Mais tout cela c'est Politique » lui disait-il. « Le problème c'est que le système ne fonctionne plus » « Il faut changer notre système ». Il avait bon dos le système.
Alors tout de suite après, Jean décrochait. Fabrice s'emportait. C'était une mauvaise gestion du capital. Et avec un président comme ça aussi, Le monde du travail est saturé!
C'étaient encore des complications, des affaires politiques auxquelles Jean était totalement hermétique. Il n'avait jamais envisagé qu'on puisse être militant de quoi que ce soit.

Ces cris, ces sursauts, c'était du trompe-la-mort comme il disait, une manière d'oublier qu'a la fin, c'est le trou qui nous attend.
Fabrice continuait, on ne pouvait plus l'arrêter. Il avait la solution, forcément. Ça passait par une
«rénovation sociale » et surtout, donner le travail à ceux qui le méritent !
C'était agréable ce soutien amical. Mais jean comprenait le décalage. Il fallait s'en sortir seul.
Les autes, c'était le débat, les affaires, la vie continuait pour eux.


A peu près au milieu du mois du Juillet, Jean fut pris pour la première fois de cette envie de se foutre en l'air. Mais voilà, peut-être Dieu, peut-être la chance, on le rappelait toujours au bon moment. Il y avait toujours une « bonne nouvelle » à accueillir. Quelque chose qui l’empêchait
de se tirer définitivement.
Il croisa Maître Matthieu un peu par hasard, dans les rues de C…
Il aimait bien se balader à C…parce qu’il y avait toujours de jolies filles avec de magnifiques chevelures. Il attachait une grande importance à la chevelure. Et déjà, même avant d'avoir lu Baudelaire, c'est ce qu'il regardait en premier chez une femme.
Maître Matthieu l'avait interrompu brutalement sur un trottoir. Il était radieux, bronzé, insupportable. Naturellement, tout lui réussissait. Il n'y avait pas de maladies, ni de chômage dans sa famille. Il devait sans doute digérer parfaitement ses huîtres et présenter un bilan hépatique exemplaire...

« J'ai une bonne nouvelle Monsieur Boisson !
Encore ça ! L'avocat attendait une réaction à ce qui lui semblait être une « Surprise ».
- Ah oui ?
- Oui, les négociations avancent, la première offre de pension était injustifiable !
- Combien ?
- Étant donné votre chômage, il est évident que vous ne pouvez plus assurer les frais de scolarité de votre enfant.

L'avocat commençait à s'investir dans l'affaire. Le divorce de Jean devenait SON divorce. SON combat. Il mit soudain une rage improbable dans son expression.

«  Non mais attendez, pour qui elles se prennent ces gonzesses, méfiez vous Monsieur Boisson !
Je connais mon métier, si vous n’êtes pas ferme, elle vous bouffera. Vous vous ferez piétiner. Le système ne vous est pas favorable.
- Oui…merci... Jean s'étonnait de cet engagement soudain. L'avocat devenait de plus en plus violent.
- C'est une vengeance du sexe féminin ! C'est un sexe faible, vicieux. Elles sont dévorées par cette honte originelle de ne pas avoir de Pénis, alors se vengent. Il y a des choses très intéressantes à lire là-dessus ! »
 Sans doute. Qu'est-ce qu'il fallait penser de ce discours ? dans sa situation, Jean aurait naturellement était disposé à acquiescer, à adhérer sans réserve à cette analyse. Mais, il éprouvait une indifférence, voir même un mépris, pour cette vindicte odieuse.
Présenté différemment, il aurait sans doute étudié la question, concédant qu'effectivement,
le sexe masculin, après 10 000  ans de domination s'effondrait soudain sous la tyrannie sanglante de ces ogresses à chignons.
Mais l'avocat était effrayant,écœurant. Il nourrissait dans son regard la flamme de l'illumination. C'étaient encore des combats partisans que Jean ne désirait pas mener.
Il ne serait pas mort, lui, pour défendre les prolétaires, ou la flamme Républicaine. Il y avait d'autres morts souhaitables, d'autre morts honorables. Mais pas celles-ci. Pas pour des idées.

Avant de partir, l'avocat évoqua quand même ce qu'il appelait les « formalités ». Il s'agissait
de payer bien sûr, de cracher. C'était les honoraires, il fallait voir ça avec la secrétaire. Enfin il abordait ça avec un ton tout à fait détaché, comme il aurait parlé de ses slips sales.
« Vous verrez la somme… mais ce n'est pas pressé hein ». Non Non bla bla bla, Pas pressé, avec une bouche en cul de poule ridicule.
Il était à baffer. Le type devait chier des billets assurément. Évidemment grand con, c'est formel
tout ça. Et Jean pensait avec rage à ce qu'il était devenu, pensait que, pour lui aussi, tout avait été formel. Et que maintenant, maintenant que c'était la chienlit, tout devenait déterminant.
Tout devenait, essentiel.

Le 8 Août était le grand jour, le jour de la nouvelle « démo». Évidemment, les journées passant, jean avait progressivement pris en assurance, il était plus fluide, plus jovial.
Il commençait à se persuader qu'il était le créole, qu'il était Cyprien le Martiniquais descendant
des peuplades de l'Ogooué. Les gens affluaient, se précipitaient, surexcités, sur le stand de dégustation. De ce côté là, la direction était ravie. Mais on avait mis en garde l'équipe :
« Aujourd’hui c'est le rush. Gros jour. On carbure. Jean à la démo- Sylvie et Manon aux cocktails.
On prévoit beaucoup de monde avec les vacances. »
L'attaché marketing parlait toujours très rapidement, par Onomatopées, comme un coach d'équipe de foot. Enfin les plans étaient dessinés. C'était le jour réduc, on tombait bien, Jean aurait des assistants, moins de travail donc...
Encore une bonne nouvelle évidemment. Il fallait se réjouir, sourire, applaudir les efforts de la direction. « Merci ! c'est très aimable.»

Le stand était effectivement envahi par la population. Jean s’agitait de table en table au milieu des vastes enceintes qui diffusaient continuellement le « Zouk». Un cuisinier était là pour améliorer le show. Il élaborait de savants mélanges à base de coco et d'acras.


L'assemblée était émerveillée. Les ménagères se pressaient avec leur cadis pour venir se goinfrer
de beignets goyave. On criait, on applaudissait.
Jean était survolté, méconnaissable au milieu de la foule.
« Venez venez messieurs dames, venez, Le wom pour les adultes évidemment». Avec toujours l'accent. L'assistant stagiaire avait augmenté le son de la musique pour faire « chauffer l'ambiance. » L'adolescent hurlait dans le magasin.
« Allez Allez on se bouge, On vient faire la fête ». Il était écarlate, probablement ivre.
La scène devenait désolante, jean s'en rendait bien compte.
Dans le publique aussi l’agitation devenait excessive. On se poussait pour mieux y voir. Les enfants
couraient sous les chaises, s’emplâtraient contre les rayons.
Au stand des confiseries, un mère secouait son enfant par le bras, en faisant de grands gestes avec l'autre main.
« Touche pas à ça Yanis! J'ai dit quoi ? j'ai dit quoi ? ». Elle continuait cet interrogatoire avec un ton sec, une voix suraigu. L'enfant demeurait interloqué, visiblement très inquiet.
Et puis les maris gueulaient derrière. Non, il ne s'agissait pas de sortir du pognon pour «ces merdes ». L'un d'eux eût même une crise de nerf- il s'indignait contre un ennemi inconnu, promettait que, lui vivant, il ne payerait pas pour ces conneries !
« Mais ils nous prennent pour des cons ! Tu vas te faire pigeonner !
- Quel radin ! sa femme prenait à témoin le publique. Regardez-le, non mais regardez-le ? »
La moment tournait au drame. Il y avait matière à divorce.

Jean n'avait pas vu le coup venir. Il aurait sous doute dû y songer. On n'était qu'à dix kilomètres après tout...Et puis c'était naturel, elle, ici, avec des amis.
Pendant que l'assemblée d'hommes en colère bandait les muscles, il avait cru voir ça, comme un mirage. La tête qui apparaissait à vingt mètres de là...presque loin, presque invisible.

Après quelques secondes, évidemment, il n'y a plus de doute. Un visage familier, dans une foule,
Il vous revient, il vous dit.
Jean l'avait reconnue. Elle était là, radieuse, belle comme sa mère. Trois garçons et deux filles l'entouraient. Le groupe s'approcha, pour voir.
Et puis évidemment rien ne pouvait être évité. Les jeunes étaient tous très amusés, on avait des sourires moqueurs, des sourires cruels.
Les jeunes s’agglutinaient maintenant à deux pas de jean. Les ados beuglaient en secouant frénétiquement les épaules, comme pris d'un fou rire mécanique.
Ils sautaient avec hystérie en pointant du doigt l'animation.
« Regarde-moi ce tocard ! » «  Ah ah les guignols. Un clown ce type. »

On en était là, un clown. Jean n'y avait à vrai dire jamais pensé, mais l'étiquette était parfaite.
C'était ça, il était devenu aux yeux de sa fille un clown. Parce qu'évidemment, elle l'avait tout de suite reconnu. Derrière cette singerie, ce carnaval. Et bien sûr, elle n'avait rien dit à ses amis. Elle l'avait vu, puis s'était éclipsée. « je dois prendre quelque chose ».
Elle pleurait. Ce n'était pas tellement ce rôle, cette comédie. Après tout, saltimbanque, elle n'y voyait rien de dégradant, elle aurait même pu éprouver une fierté devant cette vocation artistique. Mais c'était le mensonge, la honte de son père qui l'a rongeait soudain. Qu'il ait menti, qu'il ait choisi le silence, c'était ça l'insupportable.
Alors tout revenait, un peu aléatoirement, avec des chocs et sursauts dans son esprit. Lui aussi, Jean, s'était montré Fier, plus que tout, Fier. Lui aussi revoyait, lui aussi cogitait soudain.
Il se souvint alors qu'il avait eu le même enthousiasme. « J'ai une bonne nouvelle les enfants. »
As-tu retrouvé un travail ? C'était ça, le niveau de sa misère humaine, une course monotone qui l'entraînait d'espoirs en espoirs, de désillusions en désillusions. Mais c'était plus ça, c'était plus l'espérance. Les autres d'accord, ils mentaient, l'avocat mentait, la conseillère du pôle emploi mentait.

Mais maintenant, c'était lui qui se persuadait de ces mensonges. Il n'y avait pas, il n'y avait plus de « bonne nouvelle ». D’Évangile. C'était ça la nudité. Jean était revenu à poil.
Quand il croisa le regard de sa fille, il sentit combien il avait perdu sa coquille. Il pouvait rester là, comme un grand con, à assurer que tout irait bien, il avait du moins perdu toute protection.

Il était Homme.

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