samedi 24 mai 2014

Résultats du concours de nouvelles 2014

JUNIORS

1er prix junior (prix des lecteurs) :
Lucas VERGNE pour la nouvelle : L'Affaire Saindicass

Auteurs juniors :
Claire RAMBERT pour la nouvelle : B.I.R
Manon VILLANEAU pour la nouvelle : L'Ennui
Isylde COCHET pour la nouvelle : Une belle histoire

ADULTES

Prix des lecteurs :
Nicole MALLASSAGNE pour la nouvelle : La Grande bâtisse

3e prix adulte :
Sabine HUCHON pour la nouvelle : Le Rire assassiné

2e prix adulte :
Nicolas SIMON pour la nouvelle : Cachophobie

1er prix adulte :
Elodie GARNIER pour la nouvelle : Je de dupes

vendredi 23 mai 2014

Pass' livres retardé

En raison du mauvais temps, vous allez devoir patienter avant de trouver les romans du Pass'livres dans les rues de Breuillet

mercredi 21 mai 2014

Pass'livres 2014

A partir du 23 mai, vous pourrez trouvez des livres dans la ville. Bancs publics, abri-bus, mobiliers urbains seront mis à contribution pour les recevoir. 
Ces livres seront à vous !
Vous pourrez les lire, les reposer où vous les avez trouvés, les garder, les relâcher ailleurs ... et écrire un petit bout de leur vie sur ce blog.

mardi 20 mai 2014

Vos nouveautés numériques

Baby Jane
Baby Jane, de Sofi Oksanen chez Stock

« Elle payait le taxi, cherchait des sièges libres, veillait sur le bien-être de sa compagne. Dans les bars homos, on coupait la file d’attente et elle me présentait à tout le monde. Dans les soirées nanas, on dansait des slows et elle respirait encore sur ma nuque. C’était la perfection. »
Qu’est-il arrivé à Piki, la fille la plus cool d’Helsinki, qui vit désormais recluse dans son appartement ? Submergée par de terribles crises d’angoisse, elle ne parvient plus à faire face au quotidien. Faire des courses ? Impensable. Boire un verre dans un bar ? Impossible. Sans compter sur les problèmes financiers. Comment gagner sa vie lorsqu’on refuse d’interagir avec le monde ? La narratrice, son grand amour, tente de l’aider comme elle peut. Ensemble, elles vont monter une entreprise d’un goût douteux pour exploiter la faiblesse des hommes. Au mépris d’elle-même, elle va essayer de la sauver. Mais à quel prix ?
Hommage à Qu’est-il arrivé à Baby Jane de Robert Aldrich, le second roman de Sofi Oksanen explore la question de la féminité et de l’homosexualité sous un angle contemporain.

Hex Hall - tome 1
Hex Hall T.1, de Rachel Hawkins chez Albin Michel

Sophie Mercer, lycéenne et sorcière, use de ses pouvoirs sans discernement. Sur ordre d'un puissant magicien, qui n'est autre que son père, elle est envoyée à Hex Hall, établissement ultra-select pour élèves très spéciaux. Spectres, loups-garous et vampires s'y côtoient. Sophie qui est tout sauf discrète, s'y fait vite quelques amis et beaucoup d'ennemis. Parmi ceux qu'elle juge dignes d'intérêt, il y a un séduisant jeune sorcier. Mais l'heure n'est pas à la romance car un terrible prédateur rôde... Et, Sophie, fille de l'un des enchanteurs les plus puissants au monde - et directeur de Hex Hall - est une cible idéale...

Joyland
Joyland, de Stephen King chez Albin Michel

Les clowns vous ont toujours fait peur ?
L’atmosphère des fêtes foraines vous angoisse ?
Alors, un petit conseil : ne vous aventurez pas sur une grande roue un soir d’orage…
Mêlant suspense, terreur, nostalgie, émotion, un superbe King dans la lignée de Stand by me.

L'Elixir d'amour
L'Elixir d'amour, d'Eric-Emmanuel Schmitt chez Albin Michel 

« L’amour relève-t-il d’un processus chimique ou d’un miracle spirituel ? Existe-t-il un moyen infaillible pour déclencher la passion, comme l’élixir qui jadis unit Tristan et Yseult ? Est-on, au contraire, totalement libre d’aimer ? »
Anciens amants, Adam et Louise vivent désormais à des milliers de kilomètres l’un de l’autre, lui à Paris, elle à Montréal. Par lettres, tout en évoquant les blessures du passé et en s’avouant leurs nouvelles aventures, ils se lancent un défi : provoquer l’amour. Mais ce jeu ne cache-t-il pas un piège ? »

Le Principe de Pauline
Le Principe de Pauline, de Didier van Cauwelaert chez Albin Michel

« Pauline avait un grand principe dans la vie : l'amour sert à construire une véritable amitié. Maxime et moi en sommes la démonstration vivante. Nous aurions pu nous contenter d'aimer la même femme, d'être des rivaux compréhensifs... Mais non. Maxime, pour appliquer le principe de Pauline, a voulu devenir mon protecteur. Et c'est ainsi qu'un voyou à la générosité catastrophique a pris en main le destin d'un romancier dépressif. »
Haletant, poignant, irrésistible de drôlerie, le nouveau roman de Didier van Cauwelaert nous plonge dans la tourmente d'une amitié encore plus ravageuse que la passion.

Le Sang versé
Le Sang versé, d'Asa Larsson chez Albin Michel

Véritable star en Scandinavie, Åsa Larsson compte des millions de lecteurs à travers le monde, accros aux enquêtes de son héroïne, la brillante avocate fiscaliste Rebecka Martinsson. Best-seller en Suède, Le Sang versé, prix du meilleur roman policier suédois, illustre la sensibilité et l'écriture particulières de cette reine du polar.
À 145 kilomètres du cercle polaire, dans l'atmosphère crépusculaire du grand nord, un petit village aux environs de Kiruna, ville natale de l'avocate, est sous le choc : le pasteur de la paroisse - une femme - vient d'être assassiné. En mission là-bas pour son cabinet d'avocats, Rebecka remonte la piste de cette affaire qui réveille le souvenir traumatisant d'un autre meurtre...


samedi 17 mai 2014

Remise des prix

Vous avez voté pour votre nouvelle préférée.
Vos résultats et ceux du jury seront donnés le
samedi 24 mai à 12h à la Médiathèque.

samedi 3 mai 2014

Nouvelle Junior : Une belle histoire

-Un nouvel élève est arrivé !! Crie un jeune collégien .
-Bon…bonjour .. dit Peter un peu timide .
-Ne sois pas timide, assieds toi à coté de Manon,  proposa son professeur principal de troisième A .
Manon était la plus belle du collège, quand les garçons la voyaient, ils étaient tout rouges, timides et surtout faisaient un sourire idiot. Sauf un !Le grand Peter .il resta neutre, pas même un sourire.
A la récréation tous les garçons de sa classe s’approchaient de lui.
-TU LA TROUVES PAS BELLE !HEIN, donnes nous ton goûter et fait pas d’histoires !
-Pourquoi ? et Peter donna un coup de poing dans le nez d’un élève impliqué dans l’histoire. Et cela déclencha une bagarre.
A la fin des cours Peter rentra chez lui…Mais un élève le suivit.
-Peter tu es tout abimé  cria son père veuf qui était veuf. Tu n’a plus de chaussures et tes habits sont déchirés. Il va falloir que je  répare tes circuits, tu es un robot ,tu n’a pas oublié ?
-Non père.
Tu as une règle à retenir :NE JAMAIS TOMBER AMOUREUX.
-Oui père si je tombe amoureux mes circuits vont brûler et je dormirai à jamais.
Cela va faire un bon scoop il faut que j’en parle au rédacteur en chef du collège pensa un gamin cachée derrière un buisson.
Le lendemain il raconta tout au journaliste du collège.
Le fou rire du journaliste s élevait  incontrôlable.
-Je ne pense pas que ce sois vrai mais bon c’est d’accord je vais le publier cet après-midi.
L’après-midi personne ne se mit à côté de Peter sauf Manon. Cette rumeur ne l’inquiétait pas que Peter était un robot.
Plus personne n’osa le taper pas même la brute du collège.
-Tu n’a pas peur de moi Manon ?
-Non au contraire j’aime bien ton côté mystérieux et tu es mignon…
Et ils s’embrassèrent.
-Mais…Mais tu commences à fumer…La rumeur était vrai, sanglota Manon,  tu ne dois pas tomber amoureux, je ne veux pas te perdre…
-Tu m’as déjà sauvé…Mon…Cœur.
Deux larmes coulèrent sur la joue de Manon…
-Tu resteras toujours dans mon cœur..

Manon compris que  l’apparence ne compte pas  et qu’il ne faut  pas oublier ceux qui sont au paradis.

Nouvelle Junior : L'Ennui

Winston H. se leva de bonne heure, bien qu’il sût que cela ne changerait rien. Rien au fait qu’il resterait toute la journée dans son vétuste appartement de Paris. Rien au fait qu’il ne mettrait pas le pied dehors. Calfeutré. Confiné.
Il s’assit à la table.
Son regard se posa un instant sur les murs gris et sales.
Les rideaux rapiécés.
Le mobilier triste.
La cafetière depuis longtemps hors d’usage ; depuis si longtemps qu’elle faisait partie du décor, maintenant. Il faudrait faire sans.
Il se leva.
Winston se regarda dans le miroir. Il lui renvoyait l’image d’un homme grand, maigre et laid. Un genre de fantôme en costume sombre, comme sorti d’un vieux film du début du siècle, comme arraché à « l’enterrement à Ornans » de Courbet ou tiré de la Comédie humaine. En fait, l’image qui lui était renvoyée n’était même pas vraiment nette.
De toute façon tout était trouble, ici. Trouble et brumeux.
Oui, il ne s’agissait que d’une journée de plus dans le brouillard. Une journée de plus à vaincre l’ennui. Vaincre, vraiment ? Non… S’il y a un ennemi que Winston n’avait jamais vaincu, c’est bien celui-là. Il allait perdre encore. S’abandonner dans ses bras… jusqu’à désirer abandonner la vie. Mais après tout, quelle importance ? Car bientôt il gagnerait : Winston avait un secret, et ce secret, lorsqu’il retentirait, il en profiterait au plus profond de son être.

« Le rire, le rire, son Sauveur : Rédemption.
Dieu, déesse, patrie, amour et seigneur : vénération.
Lorsqu’il pourrait quitter son appartement, à la nuit tombée, il serait temps de profiter enfin…
Tout devient net, tout devient clair, et surtout tout devient certain. Il est temps de profiter de la beauté cachée de ce monde. D’observer la Splendeur avec des yeux pleins d’admiration.
La pièce, souvent large et haute de plafond, se retrouve tapissée de mille et une teintes de rouge, de vermeil à bordeaux, de carminé à pourpre. Cet étrange rire est rouge. C’est l’unique couleur que l’on voit ici. C’est une orgie sublime, aux relents psychotiques. Lorsqu’il fera nuit, tout son corps s’y abandonnera. Le Rire après tout, est une fantaisie aux lèvres carmin. »
Dire qu’il ne sortirait pas de chez lui était tout de même un peu présomptueux. A 8h30 sonnantes, il quitterait son appartement, descendrait les 5 étages, pousserait la lourde porte de l’immeuble, arriverait sur le trottoir, ouvrirait la boîte aux lettres, constatera qu’elle est vide, se rendra alors au kiosque du coin de la rue, achètera le journal, puis reprendra le chemin en sens inverse avant de s’enfermer chez lui à double tour. Non pas qu’il craignait quoi que ce soit : il ne possédait rien qui pût être volé, n’avait pas d’ennemis (ni d’amis en fait) et se fichait de tout ce qui pourrait lui arriver comme de sa première chemise. Winston n’était simplement pas homme à laisser sa porte ouverte aux imprévus, et c’était donc simplement par habitude qu’il la fermait systématiquement.
Aussi loin que remontaient ses souvenirs, cela avait toujours été comme cela. Aussi triste, aussi sombre et aussi sale. Aussi froid.Mais peut-être était-ce différent, des années plus tôt. C’était difficile de savoir, car son esprit embrumé ne lui offrait que quelques réminiscences d’odeurs de fleurs, de bannières bariolées ou de musiques sentimentales.
Son journal, il le lirait tout-à- l’heure. Lorsque l’ennui ne serait plus supportable et qu’il hésiterait entre la corde et le grand saut par la fenêtre. Non pas que lire un journal était la plus divertissante des occupations, mais cela donnait l’impression d’avoir un but. Autrement, il restait assis à la table à regarder la grande pendule égrener lentement les heures.Il ne pouvait se résoudre à rester dans son lit, il ne pouvait se résoudre à sortir plus d’une fois par semaine (pour faire les courses), et le peu d’argent qu’il gagnait ne lui permettait ni de boire, ni de fumer ou d’acheter autre chose que le journal, pour passer le temps. Une décennie plus tôt, il avait reçu un héritage, d’un parent éloigné et inconnu. La somme, quoique conséquente, était à peine suffisante pour être rentier, mais Winston préférait vivre dans la misère avec sa maigre rente que de… faire autre chose. Autrement, il n’y aurait plus d’ennui. Donc plus la possibilité de retrouver le rire la nuit.

« Comme dans une vision divagatrice ou éthylique… Un rêve aérien…
L’horloge se dérèglera, s’il y en a une, bien sûr. S’il n’y en a pas, eh bien, le temps s’arrêtera, ce n’est pas plus compliqué.
Animaux chimériques déifiés et démons mirifiques. Jabberwocky, homme-phalène ou fée verte. Peut-être un délire aliéné ou dément mais certainement une psychose, une Psychose, une Terrible Psychose. »

Que le temps passait lentement… Il fallait pourtant  attendre encore au moins deux heures avant de sortir. Winston prit le journal. Il le lut entièrement deux fois, comme à son habitude. Fait peu commun, un article en particulier retint son attention, et le laissa rêveur, même après trois lectures consécutives. Une fois n’est pas coutume, Winston sourit. Puis il prit son chapeau (un peu aplati, certes), enfila un manteau usé par le temps et prit son gros sac. La pendule sonna 21h.
Il se faisait tard, déjà. C’était bien le moment d’y aller.

« Alors le rire retentit, incontrôlable, incontrôlé. Splendide.
La noirceur s’évanouit encore dans une orgie brûlante de couleurs chaudes. Joie au goût âpre, et il s’en gorgeait jusqu’à plus soif : un trop plein d’hydromel, de saveurs exquises, à crever de délice. La beauté dégoulinante de ce tableau horrifique, où tout n’était que joie d’âme, Winston s’en couvrait, s’en recouvrait, et le monde transfiguré resplendissait. Puis du chaud liquide naquit un être chimérique, une bête humaine défiant les lois du possible, un phénix rouge et or. La bête s’élevait et Winston, transcendé, tentait de hurler de bonheur.
Et le rire s’élevait, incontrôlable…
Les êtres de cette œuvre satanique (car il s’agissait bien du diable, oui, du Diable) revêtaient mille masques aussi extravagants que terrifiants, mais cette peur qu’ils auraient naturellement inspirée piégeait le pauvre envoûté dans une fascinante folie.  Hypnotisé, il jouissait de cette fête diabolique. Et plus le sol de la petite pièce se couvrait de larmes d’un rouge doucereux, plus il semblait s’étendre, et le taudis devint palais, et les murs resplendissaient de tentures démesurées. C’était fabuleux. Pour le moins fabuleux. Merveilleusement fabuleux.
« Absurde déséquilibre, inconsciente Fantaisie »
Et le rire, le rire…
« Délire égaré,  pernicieuse Démence »
Et le rire, le rire…
« Vision délétère, psychotique Aberration »
(Peut-être est-il temps de se réveiller, maintenant…)
Encore quelques secondes… Adieu. »

Matin sale ; matin gris ; matin d’hiver : matin comme les autres…
Mais… Winston ne sortirait pas acheter le journal aujourd’hui. Il ne sortirait plus. Jamais. La sortie de cette nuit était un adieu, ça c’était passé trop de fois, déjà, et le journal d’hier lui avait fait comprendre que c’était terminé. Cette vie devait finir. Il était grand temps de faire ce qu’il projetait depuis longtemps : il était temps d’en finir. Il choisirait la corde : c’était plus discret, moins tapageur, moins… « Excentrique ». De toute façon, son corps serait découvert avant le soir, il n’exhalerait pas d’odeur nauséabonde.
Winston prépara une cravate, fit un nœud coulant. Mais avant de monter sur le tabouret, il se ravisa, alla à la commode, et en sortit le journal de la veille. Il découpa l’article en Une et le posa sur la table. C’était presque bon, maintenant. Il lui fallait tout de même relire cet article, une dernière fois.

« Avancée determinante dans l’affaire de l’égorgeur de Paris : Une véritable chasse à l’homme est engagée. »

« Le tueur en série qui terrorise tout Paris depuis plusieurs mois a encore frappé ; et sa victime n’est pas des moindres : il s’agit de la comtesse de C., domiciliée dans un appartement du boulevard Saint-Michel. Mais rappelons d’abord quelle est cette affaire qui fait grand bruit dans notre capitale. Cela fait bientôt 6 mois qu’un meurtrier non-identifié égorge de manière sanguinaire et cruelle près d’une personne par semaine, puis disparait sans laisser de traces en abandonnant derrière lui un cadavre atrocement mutilé. Tuant des femmes de tout âge et catégorie sociale, si tant est qu’elles fussent seules dans une maison ou un appartement dont la porte ne soit pas fermée à double tour dans les heures les plus avancées de la nuit. « C’est à croire qu’il a voulu repeindre les murs avec le sang de cette pauvre femme. » Nous avoue un des policiers chargés de l’enquête. « Il l’a saignée entièrement, je vous dis. Un vrai carnage. » Confirme le second. D’après ces mêmes policiers qui ont accepté de nous fournir des détails sur l’avancement de l’enquête, il se trouve que tuer une comtesse dans un quartier aussi fréquenté que celui-ci était sa dernière erreur. En effet, un vagabond ayant élu domicile dans l’ombre d’une ruelle affirme avoir vu le meurtrier sortir de l’appartement. Grâce à ce précieux témoin oculaire, la police a pu constituer un portrait-robot de l’égorgeur et lancer un avis de recherche. C’est dans le XIIe qu’un marchand de journaux affirme que ce même homme vient chaque matin acheter le journal, à pied. Le tueur est donc identifié : Il s’agirait en fait d’un homme très discret, vivant certainement enfermé chez lui. A cause de cela, son lieu de vie n’a pas encore été localisé, mais cela ne saurait tarder. « On va l’avoir, termine le premier policier. Dans les deux jours qui viennent, on le trouvera et on lui fera un procès digne de ce nom ! C’est un fou, certainement. Vous savez, le vagabond qui l’a vu a dit que ce qui l’avait déconcerté chez ce passant nocturne, c’était qu’il riait aux éclats... » »


Winston éclata de rire. Le rire retentit dans cette pièce sombre et humide qui sembla alors s’illuminer. Les policiers seront bien contents, tiens, de trouver un cadavre à la place de l’homme qu’ils traquaient depuis tant de temps ! Il monta sur le tabouret. Lança un dernier regard sur l’appartement sublimé par les derniers échos du rire qui s’éteignait. Il était prêt maintenant.


Fin

Nouvelle Junior : B.I.R.

J'étais journaliste et j'avais écrit pas mal d'articles sur différentes entreprises, mais le B.I.R. restait, et de loin, l'entreprise la plus extravagante que j'avais trouvée. D'ailleurs, je n'avais pas fait publier l'article qui parlait du B.I.R. tout simplement car on m'aurait pris pour une folle. Il y avait une autre raison : il était préférable que le B.I.R. restediscret (vous le comprendrez sans doute à la fin de mon explication). La gérante de cette entreprise s'appelait Emma Dubois, et, c'était le genre de femme qui aimait son travail à en oublier de manger (ça lui était déjà arrivé plus d’une fois).
L’entreprise d’Emma s’appelait le B.I.R. ce qui voulait dire : Besoin Imminent de Rires. En effet, ses employés étaient appelés par des personnes étant obligées de passer une soirée (ou un autre moment de la journée, personne n’y voyait d’inconvénient) avec des gens pénibles (pour la plupart). Là les employés s’incrustaient dans la soirée et riaient à toutes les blagues des invités. Ça fait un peu brouillon alors voilà un exemple de cas qui arrivait souvent :
Imaginons : madame T. a invité son patron, qui est l’homme le plus lourd possible. Mme T. appelle le B.I.R. Là, un employé va à la soirée en se faisant passer pour … disons le frère de Mme T., et rit à toutes les blagues du patron. Celui-ci, tout content de s’être amusé et d’avoir eu un excellentpublic, a passé un bon moment. Mme T. n’a pas eu à rire aux blagues de son chef mais se voit mieux appréciéede celui-ci,et peut-être aura-t-elle une augmentation, qui sait ?
Voilà, maintenant vous savez … Et son slogan me demandez-vous, eh bien c’est tout simple : « Appelez le B.I.R. et le rire s’élève, incontrôlable … »

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Emma venait de m'expliquer le fonctionnement de son entreprise, j'avais mon petit calepin dans une main et une tasse de café dans l'autre, et je me demandais combien de personnes travaillaient dans son entreprise lorsqu'elle me proposa de visiter les locaux. On commença par la première pièce : la salle de standardistes. Il n'y avait que deux bureaux où un homme et une femme  s'affairaient, tantôt prenant les appels, tantôt tapant à l'ordinateur. Il y avait là cette atmosphère si spéciale qui faisait penser aux bibliothèques, grandes et silencieuses. Emma m'expliqua que l'homme et la femme étaient mariés depuis aussi longtemps qu'ils travaillaient ici. La femme s'appelait Louise, elle devait avoir  une quarantaine d’années,  blonde (même si l’on voyait plus de cheveux blancs que de cheveux blonds), elle avait des joues creuses où la peau semblait s’effriter. Je m’approchai de son bureau et lui tendit la main, qu’elle ne saisit pas en s’exclamant que l'on pouvait quand même se faire la bise. Quand jem’approchai, une odeur peu alléchante me chatouilla les narines. Je ne dis rien mais me dépêchai de lui coller deux bisous du bout des lèvres. Puis, Louise m'expliqua son travail, sa journée type :le téléphone sonnait, elle décrochait avec le même geste las, elle parlait en notant les informations. Puis elle appelait les employés "de terrain" comme on les appelait ici, leur disait l’adresse, l’heure, le type de personnes, quel rôle ils allaient jouer … Pendant que Louise m'expliquait tout cela, je m'imaginais une Louise plus jeune, en vain ... Son mari ne m'adressa pas la parole du début à la fin du discours de sa chère et tendre.
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Arriva l’heure du déjeuner ;Emma vint me chercher et m’emmena dans une petite cafétéria où tout le monde mangeait. Emma mangeait en regardant du coin de l’œil ses employés, vérifiant qu’ils étaient tous là. Puis, elle me regarda, elle essayait de me sonder. Elle finit par me dire : « Je pense que finalement, cet article est une mauvaise idée ; elle fit une pause puis continua ; personne ne voudra y croire, et puis, je préfère que le BIR soit connu grâce au bouche à oreilles et non grâce à un article. Mais comme j’ai commencé à vous faire visiter mon entreprise je vais finir. Je ne pourrai pas vous empêcher de publier cet article maisréfléchissez-y ! » Je lui fis signe que j’avais compris et que j’y penserais. Le repas continua dans le silence jusqu’au dessert où le dialogue  reprit. Elle commença à me parler des employés "de terrains". « Ce sont des comédiens, tous, sans exception, vous allez voir, ils ont tous leur petite originalité. Et s’ils s’entendent avec vous, peut-être qu’ils vous emmèneront avec eux dans leurs "soirées ".  Si vous y allez, faites-vous petite, vous comprenez, je ne veux pas de problèmes …»Je lâchai un bien sûr en observant Emma.C’était une femme stricte qui ne tolérait aucun écart, en tout cas, c’était l’air qu’elle  voulait se donner pour être respectée en tant que chef. Mais au fond d’elle, elle n’aimait pas son statut de chef craint ; pourtant elle se persuadait que c’était pour l’entreprise, et ça me crevait les yeux …
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L’après-midi, comme l’avait dit Emma, je rencontrai les comédiens. Ils avaient une sorte de salon avec canapé, fauteuil, magasines, machine à café, radio et bien sûr téléphone, d’où les standardistes leurs transmettaient les informations. Une fois qu’ils les avaient, ils votaient pour savoir qui irait à telle ou telle"soirée".
Emma s’en alla, me laissant seule, au milieu d’inconnus. Il y avait quatre personnes dans cette pièce, mais Emma m’avait dit qu’ils étaient 8 comédiens en tout et que les autres devaient être en "soirée", au milieu de l’après-midi.J’observai un à un ces employés. Il y avait, en train de danser sur de la musique reggae, un homme d’une trentaine d’années. Il avait des dreadlocks, un jogging beaucoup trop grand pour lui, un tee-shirt aux couleurs de la Jamaïque et un début de barbe, il ne manquait plus qu’une guitare et on aurait dit Bob Marley … Je me dirigeai vers lui, pour lui serrer la main qu’il saisit fermement en se présentant : « J’m’appelle Burton, mais vous pouvez m’appeler Burt. J’sais pas quoi vous dire d’autre à part que ça fait 2 ans que je travaille ici, et c’est le seul boulot où t’as le droit de boire pendant tes heures de travail. Au fait, j’aime bien vos baskets. ». Je me présentai à mon tour, puis je laissai Burton sur son Reggae et me dirigeai vers une jeune fille qui buvait du café tranquillement installée sur le canapé.Elle avait des yeux d’un bleu profond, des cheveux roux tout emmêlés et du bout de ses doigts, elle tapotait son verre avec rapidité. Elle portait un débardeur gris sur un jean d’un bleu passé. La jeune femme me vit se diriger vers elle, alors, toute contente, elle se présenta : « Salut, bon voilà, j’m’appelle Ambre. J’ai 28 ans et ça doit faire 3ans que je travaille ici. On gagne bien, mais faut avoir un bon moral, pour entendre à longueur de journée des idioties pas possible et faire semblant que c’est la meilleure vanne du siècle, je vous assure ! Mais, vous me direz, j’ai été préparée avec mon père et ses blagues … Par exemple, la dernière fois que j’suis allé lui rendre visite, il m’a sortie une de ces vannes,  franchement nulle ! Attend, j’sais plus ce que c’était … c’était euh  … » Elle n’eut pas le temps de continuer à chercher, car elle fut coupée par une femme brune, d’une quarantaine d’année : « Vous savez, parfois, faut lui dire stop parce qu’elle est gentille mais elle pourrait vousraconter sa vie pendant des heures … Au fait, Sabine, enchantée ! ».Je fus soulagée qu'elle intervienne car un début de mal de tête commençait à pointer le bout de son nez ... Il ne me restait plus qu'une personne à qui me présenter. C'était un homme d'une trentaine d'années, blond, à la carrure athlétique. Ambre souffla : « Il est beau, pas vrai ... » Je lui répondis d'un oui rapide et me dirigeai vers lui, mais à peine voulus-je lui serrer la main que le téléphone sonna. Burton, tout en dansant, se déplaça jusqu'au combiné. Il décrocha, prit un crayon et un post-it, et commença à écrire. Une fois la discussion terminée, Ambre demanda toute excitée : « Alors, tu penches pour qui ?». Burton étala le cas : « Alors, c'est un gars d'une vingtaine d'année qui reçoit ses beaux parents, sa femme n'est pas au courant donc faudra être discret, c'est tout je crois ...ah non, c'est à 19 heures ! Je pense que ce serait mieux un homme pour se faire passer pour l'un de ses copains, ça vous va ? Et vu que Joachim n'est pas libre ce soir, je me propose ! ». Le Joachim,  qui se trouvait être le blond, réagit au quart de tour : «Burt, je t'ai jamais dit que je n’étais pas libre ce soir, alors on va tirer à la courte paille !». Ce fut Joachim qui, finalement, tira la plus petite paille. Burton, lui, se réconforta en s'enfermant dans sa bulle dereggae.
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C’était incroyable comme tout était prévu, Joachim avait sa soirée à 19h et déjà, à 17h30 il se préparait. Il était en train de demander l’avis de tout le monde pour savoir quelle chemise lui irait le mieux ; Burton lui répondait qu’elles étaient toutes les deux aussi classiques et qu’il aurait mieux fallu opter pour un tee-shirt décontracté ; Ambre quant à elle lui répondait qu’il était magnifique dans les deux et Sabine, elle, s’en moquait éperdument. J’étais toujours dans le salon des comédiens, un café entre les mains, et j’espérais secrètement qu’il me demande de l’accompagner pour voir ce qu’était une soirée … Mais cela n’arriva pas. Il partit vers 18h30, le rendez-vous étant à 30 min de là. Heureusement pour moi le téléphone sonna ; Burton décrocha une nouvelle fois le combiné, nota des informations sur son calepin puis expliqua : « Cette fois c’est une soirée barbecue entre voisins, sauf qu'il y a trois voisins qui se sont invités et qui sont pas super ! Mais la fille qui a appelé veut se faire bien voir des autres voisins donc on va être là pour juste ces trois gars ! Voilà ! Vu que j'suis pas mal crevé, que Sabine doit aller coucher sa fille, tu y vas Ambre ? Au fait y a pas d'heure, ce sera le plus tôt possible !». « OK, cool, merci ! répondisrapidement Ambre avant de se tourner vers moi et d'ajouter : vous voulez venir pour voir ce que c'est ?». J'acceptai avec un grand sourire, et, cinq minutes plus tard, nous étions dans sa voiture.
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Le trajet ne fut pas long, à peine dix minutes. Nous étions arrivées, donc, dans le quartier de la cliente du B.I.R. Nous marchions côte à côte, Ambre m’expliquant comment allait se dérouler la soirée : « Bon, selon les infos qu’on a, pour l’instant, on va devoir rester avec trois gars assez lourds. Nous on va se faire passer pour des amies de la fille qui organise le barbecue, OK ? » À peine lui-je répondis d’un bref oui que nous étions devant la maison de la cliente. C’était une belle maison en vieille pierre, et du jardin, on pouvait entendre les discussions. On sonna, une femme de vingt-cinq ans nous ouvrit.C’était notre cliente ; elle nous le fit savoir en nous demandant si nous étions bien du B.I.R. Elle nous débarrassa et nous présenta à ses trois voisins qui s’étaient incrustés. Ils avaient tous le même regard qui voulaient dire « Oui, on est venu alors qu’on ne connaît personne. Oui, on est venu ici juste pour profiter du barbecue mais ça ne nous dérange pas le moins du monde ! ». En plus de l’assumer parfaitement, ils ne se privaient pas de le crier sur les toits. Je me demandais ce qu’on faisait ici parce que c’était plus du ressort du baby-sitting que du ressort du B.I.R. quand tout à coup, un des trois hommes leva son verre et cria : « Santé » et les deux autres enchainèrent : « mais pas des pieds » avant de s’esclaffer. Ambre émit un petit rire clair qui sonnait vrai. Toute étonnée, je la regardai d’un air surpris quand tout à coup je me rappelais que rire était son métier. Je reconnus alors qu’elle savait exercer son métier à merveille. Durant la soirée, plus d’une fois elle me laissa sans voix, tellement elle était brillante, tellement son rire faisait réel … J’aurais pu m’ennuyer mais j’étais tellement émerveillée qu’il n’y avait plus de place pour l’ennui. Les trois hommes ne se lassaient pas du rire clair et vif d’Ambre et enchainaient mauvaises blagues sur mauvaises blagues. La soirée passa très vite ; vers 1h du matin, on repartit, Ambre fatiguée, moi ravie.
La visite du B.I.R. était finie. J’y avais appris beaucoup mais j’avais décidé de ne pas publier l’article.
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Si je vous en parle aujourd’hui, c’est que suis devenue lourde à ma façon. Je ne l’ai pas remarqué toute seule. En plus d’être lourde, je suis incapable de voir les choses telles qu’elles sont, seule ;  j’ai besoin qu’on m’aide … Je m’en suis rendue compte avant-hier. Une de mes collègues qui travaille dans le même journal que moi m’avait invitée chez elle. Chez elle, il y avait son frère, enfin c’est ce qu’elle m’avait dit … Il me rappelait quelqu’un, mais je n’arrivais pas à savoir qui. Il était tellement gentil, je le faisais rire, enfin c’est ce qu’il me laissait croire … Au dessert, ça m’est revenu. Ses cheveux n’étaientplus des dreadlocks. Il avait rasé son début de barbe. Il ne portait plus de jogging ni de tee-shirt trop large. Ses cheveux étaient désormais coupés à ras. Il était désormais parfaitement bien rasé. Il portait désormais un jean cigarette et une chemise bleue claire. Il était devenu un peu plus mature. Mais ce qui était certain, c’est qu’il s’appelait toujours Burton et qu’il travaillait toujours au B.I.R.

Nouvelle Junior : L'Affaire Saindicass

Chapitre 1 : Le début

Bonjour ! Je m’appelle  Valentin Returna et la semaine dernière je suis sorti de l’école Raymond Landais avec mon diplôme de détective ! Autant vous dire que je suis super excité ! J’aimerais devenir une légende parmi les grands détectives comme mon idole : Ernest Letrois, un homme mystérieux qui ne coinçait sur aucune affaire, je dis mystérieux car il ne se montrait jamais en public même son assistant ne l’a jamais vu ! La seule affaire qu’il n’ait pas résolue est celle où il a perdu la vie. Il est parti sur le terrain pour enquêter et n’est pas revenu, on a donc conclu à sa mort. Mais moi je crois qu’il est encore vivant, quelque part et qu’il reviendra un jour.
Mais bon, bref ! Passons ! Aujourd’hui est un autre jour, le jour où j’ai reçu ma première lettre ! C’est une grande entreprise qui m’a convoqué.  Je vous lis ma lettre :
« Monsieur Returna,
Je dirige une entreprise de démolition et nous allons prochainement détruire le lycée Saindicass et par conséquent j’aimerais que vous enquêtiez sur ce bâtiment avant la démolition.Rassurez-vous cette mission ne comporte absolument aucun danger.
Je vous demande ce service car il y a un mois, six de nos ouvriers sont allés dans ce bâtiment pour effectuer des mesures et ils ne sont pas ressortis.
J’espère avoir une réponse positive de votre part,
Cordialement,
M. Pomerson  »
Je reste perplexe devant cette drôle de lettre. Mais je ne peux pas ignorer cette affaire, elle a l’air d’une histoire de Sherlock Holmes. Je pars donc de pied ferme dans ce lycée « maudit ».

Chapitre 2 : Ma 1e enquête

Il est 20h30 et j’arrive au village de Masevaux (j’y suis allé en taxi). Je suis déjà venu dans ce petit village pour aller voir une tante éloignée (elle est morte l’année dernière) mais j’en garde juste un vague souvenir. Avant de se rendre sur les lieux il faut se renseigner, j’interroge les gens du village qui passent dans la rue mais je n’ai pas de véritables indices, que des histoires imaginaires, des légendes et des superstitions inventées par les habitants. Certains parlent d’une malédiction, d’autres d’un monstre…Mais cette rumeur ne m’inquiète pas ;
Je me renseigne sur la façon de me rendre au lycée Saindicass mais personne n’accepte de m’emmener, ça me fait une belle jambe ! Je reste planté au milieu de la rue sans aucun moyen de me rendre à ce lycée quand un taxi noir débarque dans la rue,  je l’appelle et rentre dedans.
-Au lycée Saindicass s’il vous plait !
-Quoi ???!!! C’est hors de question !!! me dit le chauffeur.
Je réplique :
-Je paierai le double de ce qui est affiché si vous m’y emmenez !
Le chauffeur réfléchit un court instant, puis cède.
-Si monsieur insiste….

Chapitre 3 : Le lycée Saindicass

Je suis dans un taxi, en route vers le lycée Saindicass. La nuit est tombée depuis belle lurette mais je m’en fiche un peu, je suis trop occupé à réfléchir sur quel mystère je vais tomber. Une vingtaine de minutes plus tard, je sors du taxi (avec une facture de 130€) qui repart aussitôt et je me trouve donc devant le fameux lycée « hanté ». Je dois admettre quand même que j’ai les pétoches car ce bâtiment a vraiment l’air hanté.
Je marche dans l’allée principale et j’arrive devant les portes du lycée sur lesquelles est accroché un panneau : Allez-vous en !!! Quel accueil charmant… Je m’approche et vois que les portes sont cadenassées ! Impossible de passer par l’entrée normale, je fais le tour pour trouver une autre entrée. Je suis surpris en voyant la hauteur des murs, qu’est-ce qu’il peut bien y avoir derrière ces énormes murs ? Finalement, 50 mètres plus loin je trouve un gros trou dans le mur, je me faufile et rentre.
Durant ses belles années, ce lycée devait être magnifique car malgré l’usure des chemins et des décorations par le temps car j’arrive à distinguer une magnifique fontaine recouverte de lierre, une allée de pavés symétriques et quelques statues.  Au bout de l’allée je peux voir l’entrée du bâtiment principal et là, on peut en parler de cette entrée, non, mieux parlons en car elle est vraiment magnifique cette entrée avec ses colonnes de marbre, ses deux portes dorées et son allure imposante.

Chapitre 4 : les doutes

Mais je ne m’attarde pas trop sur ces belles choses et je continue mon chemin. J’ouvre les deux portes et rentre dans le hall, difficile de croire que ce bâtiment est à l’abandon depuis des années, tout est bien rangé… Je monte à l’étage et quelle surprise ! J’ai l’impression d’avoir changé d’endroit, tout est en désordre et sur le mur, qu’est-ce que je vois ? Des traces de griffes de 50 centimètres de long en 10 de profondeur !!! Je ne crois pas avoir déjà vu un animal avec de telles griffes !
Je me calme et j’essaie d’entendre quelque chose, je tends l’oreille et j’entends des bruits ! Des bruits à chemin entre des gémissements et des soufflements. Je me rapproche en me fiant à mes oreilles, j’arrive devant un grand couloir et au bout il y a une pièce, et, à en entendre les longs soufflements rauques, la chose que je cherche est ici, dans cette pièce à une cinquantaine de mètres de moi. Je commence à avoir des doutes sur le fait que cette affaire soit sans danger...

Chapitre 5 : la chose

Je respire un grand coup puis j’avance discrètement jusqu’au bout du couloir… J’arrive devant la porte et j’essaie d’identifier la chose qui doit sans doute être la clé du mystère. Soudain, plus de bruit. J’approche ma main de la poignée mais à cet instant la porte s’ouvre brusque ment et une grande masse noire sort de la pièce et détale à toute vitesse !!! C’était une sorte de chien, mais un chien de 3 mètres, et qui avait l’air de peser 250 kilos….
Je rentre dans sa « tanière » et je trébuche sur quelque chose, mais où est la lumière ? Quelques secondes plus tard mes yeux sont habitués à la lumière et je repère l’interrupteur à 5 mètres de moi. Je marche et je retrébuche sur quelque chose ! Je me jette sur l’interrupteur et allume la lumière, le courant met un peu de temps à arriver mais quand je vois sur quoi j’avais trébuché, je suis pris de nausée par ce que je vois : des cadavres !!!!!
Les choses sur lesquelles j’avais trébuché n’étaient autres que des corps, étendus de tout leur long sur le sol ! Qu’est-ce que ces corps faisaient là ??!!! Mais tout à coup, tout me revient : « il y a un mois, six de nos ouvriers sont allés dans ce bâtiment pour effectuer des mesures et ils ne sont pas ressortis… »
Alors ces six cadavres sur le sol seraient les ouvriers de l’entreprise qui m’a mis sur cette affaire ?? Soudain, des bruits se font entendre : des longs hurlements ! Je suis sûr que cette  chose sait que je suis là et elle va revenir et je vais avoir le même sort que ces ouvriers !! Vite ! Si je veux sortir d’ici vivant, une seule solution : s’enfuir…

Chapitre 6 : La fuite

Je traverse le couloir à une vitesse hallucinante, descends les marches de l’escalier quatre par quatre et j’arrive à bout de souffle au rez de chaussée dans le hall d’entrée mais je ne suis pas allé assez vite ! Car la chose est là devant la porte, devant moi et elle grogne… Je rebrousse chemin et vois une porte qui n’est pas cadenassée et tout en courant, je donne un énorme coup de pied dans la porte qui s’ouvre violemment ! J’arrive dans l’allée principale avec ses belles sculptures mais là, je n’avais pas vraiment le temps de les admirer… Je continue à courir sur la pelouse, je vois à peine à 5 mètres devant moi car la nuit est sans lune et il fait tout noir…
Je n’ose pas me retourner car j’entends toujours les pas de la bête derrière moi, elle me court toujours après ! Je n’en peux plus… Je n’ai plus de souffle… Il faut absolument que je m’arrête ! Finalement, je choisi l’option la plus simple : Je m’arrête, regarde la mort en face, et laisse la bête me choper la gorge.


Chapitre 7 : Le miracle

Je ne crois pas aux miracles, tout simplement parce ce que sont des choses impossibles et quand on demande un miracle, quel hasard ! Il ne se réalise pas… Mais alors là, ce dont je viens d’être victime est en droit de porter le nom de miracle. Car quand la bête a serré ma gorge très fort, j’étais sûr que j’allais mourir, mais au dernier moment, avant de me couper la tête en deux, la bête a levé sa sorte de truffe, a humé l’air et m’a reposé sur le sol puis elle est repartie dans son domaine, le lycée…
Là, maintenant, je suis dans une maison abandonnée au fond du village de Masevaux mais je ne sais pas comment je suis arrivé là. Mais je suis en vie c’est le plus important. Je ne sais vraiment pas, comment suis-je arrivé ici ? Un autre inconscient a osé s’aventurer dans ce lycée et  m’a ramené ici ? Je ne sais pas et je crois que je ne le saurai jamais.
Je regarde par la fenêtre et je vois une grosse Porsche noire garée devant la maison et aussitôt on frappe à la porte. Deux hommes habillés en noir de haut en bas débarquent et me montrent leur carte de police nationale  puis, sans dire un mot, me jettent sur la banquette arrière de la voiture. Je ne proteste pas car je suis épuisé, je n’ai même pas la force de parler ; Il faut dire que j’ai un énorme bandage autour du cou et ce qui me fait mal est sûrement une énorme entaille car cette énorme chose m’a bien amoché…

Chapitre 8 : La « résolution » de l’affaire

La grosse Porsche me dépose à l’hôpital de Bligny et je passe une semaine en soins intensifs. Je crois que la police a décidé d’étouffer cette affaire car aujourd’hui une infirmière m’a dit avec un sourire :
-Alors monsieur Returna ? Ce n’est pas bien de rouler ivre sur l’autoroute en pleine nuit…
Et là, je commence à m’interroger. Depuis quand j’ai eu un accident de voiture ? J’ai loupé un épisode ? Non, je crois plutôt que la police ne veut pas que cette affaire explose au grand jour… Mais pourquoi ??
Deux jours plus tard…
Je sors de l’hôpital en pleine forme puis je réfléchis, qu’est-ce que je dois faire ? Aller raconter cette histoire à la police ? Non, ils me prendraient pour un taré… je préfère rentrer chez moi, fermer mon cabinet de détective et oublier cette histoire… J’arrive chez moi, m’installe dans mon canapé et reste allongé en repensant à tout cela. Mais soudain un goût désagréable arrive dans ma bouche, je me rends dans la salle de bain, crache dans le lavabo et un crachat rouge sort de ma bouche ! Puis je sens que je vais vomir mais je vomis du sang ! Je tombe dans les pommes…
Je me réveille (de nouveau) à l’hôpital de Bligny ça fait une semaine que j’ai vomis du sang mais je ne sens pas d’améliorations, au fond de moi on dirait que tout mon sang peut sortir à tout instant…
Je suis tranquille dans mon lit d’hôpital et en « bonne santé » selon les médecins. Mais tout à coup, je sens que quelque chose remonte dans ma bouche ! Du sang !! Encore ??!! Du sang sort de ma bouche ! Et ça continue de couler !!Qu’est ce qui m’arrive ?? Je tombe par terre et vois une dernière fois le sol recouvert de sang…

Chapitre 9 : un nouveau départ

Bonjour ! Je m’appelle Arnaud Varnis et la semaine dernière je suis sorti de l’école Raymond Landais avec mon diplôme de détective ! Autant vous dire que je suis super excité ! J’aimeraisdevenir un grand détective comme Erneste Letrois, un homme mystérieux qui ne coinçait sur aucune affaire, je dis mystérieux car il ne se montrait jamais en public même son assistant ne l’a jamais vu ! La seule affaire qu’il n’ait pas résolue est celle où il a perdu la vie. Il est parti sur le terrain pour enquêter est n’est pas revenu, on a donc conclu à sa mort. Mais moi je crois qu’il est encore vivant, quelque part et qu’il reviendra un jour.
Il y a deux semaines, je suis allé aux funérailles d’un de mes camarades de classe à l’école Raymond Landais. Il était à l’hôpital en bonne santé mais son état s’est aggravé. Les médecins disent qu’en 30 ans de métier ils n’avaient jamais vu ça, il faut dire que quand un patient se vide de tout son sang on peut penser à une maladie inconnue… Son enterrement s’est passé de façon très banale, à peine 20 personnes étaient présentes. Il y avait sa famille, son médecin et quelques amis.
Mais passons, si je vous parle maintenant c’est pour vous dire que j’ai reçu ma première lettre. C’est une grande entreprise qui m’a convoqué.  Je vous lis ma lettre :
« Monsieur Varnis,
Je dirige une entreprise de démolition et nous allons prochainement détruire le lycée Saindicass et par conséquent j’aimerais que vous enquêtiez sur ce bâtiment avant la démolition. Rassurez-vous, cette mission ne comporte absolument aucun danger.
Je vous demande ce service car il y a un mois, six de nos ouvriers sont allés dans ce bâtiment pour effectuer des mesures et ils ne sont pas ressortis.
J’espère avoir une réponse positive de votre part,
Cordialement,
M. Pomerson »
Je reste perplexe devant cette drôle de lettre. Mais je ne peux pas ignorer cette affaire, elle a l’air d’une histoire de Sherlock Holmes. Je pars donc de pied ferme dans ce lycée « maudit ».
Quelles aventures va me réserver cette mystérieuse affaire ?

(Note de l’auteur : moi je sais… J ) (Et je pense que vous savez aussi)

Une rumeur de rumeur

Rufus Meurisse agita son badge tricolore devant la guérite aveugle. L’ouverture immédiate de la porte sécuriséesignala la présence du garde à l’intérieur. Il n’aurait pas à attendre 10 minutes comme la semaine dernière.Rufus entra et se dirigea vers le bureau qu’il occupait  depuis bientôt 35 ans et dont le mobilier n’avait pas été changé depuis 1980.
Comme chaque jour, il se livra à cette routine rassurante de célibataire éternel. Accrocher son pardessus au porte-manteau en métal qui était maintenant vintage. Allumer son ordinateur dont on avait changé l’unité centrale à 8 reprises. Entrouvrir la porte pour saluer sobrement sa secrétairequi le servait avec dévouement depuis 20 ans. Lui demander un café allongé sans sucre. Ce matin-là, elle l’accueillit avec un sourire crispé.
— Vous êtes au courant pour Babette n’est-ce pas ?
— Qu’est-ce qu’il y a avec Babette ?
— Eh bien, elle divorce.
— Ah ma pauvre Martine ! Laissez donc Babette tranquille. Encore une rumeur ! Et je suis bien placé pour vous dire que c’en est une.
— Mais pas du tout. C’est sa sœur qui me l’a dit. On fréquente le même club de tricot.
Rufus Meurisse se tut. Il n’allait pas prêter l’oreille à des bruits de club de tricot. La sœur de Babette faisait de l’intox. Si Babette divorçait, elle le lui dirait à lui en premier. Bien évidemment.
Il ferma la porte, s’installa devant l’écran qui déploya sur fond noir le logo bleu blanc rouge de la République.
L’application informatique s’ouvrit en un double-clic et il commença le relevé minutieux des informations. Depuis quelques mois, un logiciel très intelligent faisait le tri des rumeurs selon leurs caractéristiques. Il n’en restait pas moins qu’il devait parfois en déplacer certaines dans les dossiers plus appropriés. Comme quoi, l’informatique sans l’homme ne servait à rien. Et heureusement. C’était déjà un comble qu’il n’ait plus ces assistants qui autrefois relisaient, triaient, classaient, indexaient, faisaient les fiches qu’il avait précieusement conservées dans un meuble à 70 tiroirs sous la fenêtre donnant sur la rue des Saussaies.
Tous les matins, Rufus consultait les urgentes, les plus dangereuses, celles qui pouvaient porter atteinte à la sûreté de l’Etat. Les rumeurs-primeurs. Il devait aussitôt alerter les cabinets et l’Etat-Major qui le plus souvent étaient déjà au courant. Ce qui ne manquait pas de lui piquer les narines.
Il lisait tout. Et conservait en bandeau sur l’écran du PC la rumeur du jour. La rumeur-humeur. Celle qui donnait la température. Qu’il fallait suivre à la trace, qu’on écoutait, palpait, auscultait. Celle-là pouvait dégénérer. Ce 3 septembre, la rumeur publique disait que les chiffres de la pollution avaient été trafiqués pour que tout occupée à râler sur la circulation alternée, l’opinion publique détourne son attention de la publication au journal officiel d’une nouvelle taxe dite de la majorité. Tout jeune qui atteignait 18 ans devait valider son numéro INSEE  contre le paiement en ligne d’une taxe de 150 €.Une manne fiscale. Affaire à suivre.
Rufus cliqua ensuite sur le dossier « rumeur-mœurs ». Il aimait bien les histoires coquines. A la une, un débordement de haut fonctionnaire qui avait mal fonctionné en confondant call-girl et collaboratrice. Il serait très facile de prouver que la demoiselle, charmante et bien faite au demeurant, était rétribuée pour ses compétences professionnelles en faveur des grands corps de l’Etat et non pour un quelconque service de bouche. Cette rumeur ne l’inquiétait pas. Les « rumeurs-mœurs » d’ailleurs l’inquiétaient rarement. Toutes ces coucheries étaient communes à tous les régimes passés, présents et à venir.Sans elles, la vie aurait manqué de piment.

Sa secrétaire entra avec le café qui répandit dans la pièce un violent parfum de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Corsé, acidulé et puissant comme un anthropophage de cette île lointaine.
— Vous savez, Monsieur, je connais sa sœur depuis 20 ans. Ce n’est pas quelqu’un qui irait raconter des histoires. Elle sait bien où je travaille et pour qui.
— Vous n’allez pas recommencer avec Babette enfin. Vous savez qu’elle et moi continuons à travailler ensemble et que confident et ami, je sais tout de sa vie privée en plus.
— La preuve que non.
— Ecoutez, j’ai plus alarmant comme rumeur que celle d’un pseudo-divorce auquel je ne crois pas du tout.
Lesrumeurs-malheurs autour de la disparition de deux autocars de luxe sur la route de la Soie étaient rangées dans un dossier spécial « Rumeur-Malaise ». Aujourd’hui, il allait tout ratisser. Absolument tout. Pour séparer l’inconcevable du plausible. Dans le sous-dossier « Farfelues », on trouvait pêle-mêle, le triangle des Bermudes appliqués auxHimalayas, des extra-terrestres kidnappeurs, le complot mondial de déstabilisation de l’occident par l’orient, l’essaim de mouches tueuses« autocarophages », des serpents siffleurs dans les moteurs et une action du contre-espionnage américain.
Depuis 5 jours, la presse mettait en boucle ce qu’elle appelait « l’affaire de la Fondation Internationale Marco Polo ». Deux véhicules équipés de couchettes et transportant des sénateurs,membres du groupe d’amitiés parlementaires planétaires, avaient quitté Bichkek, capitale du Kirghizstan, ancienne république soviétique. Et n’avaient jamais atteint Kashgar dans la province autonome chinoise du Xinjiang, le Turkestan oriental.
Ils auraient été vus parmi les nomades à Son Kul, un lac à 3000 mètres d’altitude mais les sources n’étaient pas fiables. On parlait surtoutd’accident mortel sur cette route des hauteurs très dangereuse. Où il n’était pas rare qu’un véhicule disparaisse dans les profondeurs.Les recherches étaientimpossibles.
Rufus Meurisse avait sa petite idée depuis qu’il avait eu accès à certains documents dont entre autres, la liste des voyageurs. Quand on est chef du bureau des Rumeurs au Ministère de l’Intérieur,les documents classifiés s’installent naturellement sur votre bureau. Il avait très vite reconstitué le scénario. Aussi simple que « ni hao »,bonjour en chinois. Les 2 parlementaires français, leurs 2 collègues italiens, l’espagnol, le britannique et l’américain avaient fait quelques détours politiques et s’étaient attardés pour admirer longuement les couleurs locales.La fondation italo-chinoise Marco Polo qui avait tout organisé saurait se montrer accomodante.Inutile d’en faire une affaire d’Etat.
Il reprit ses sauvegardes sous Rumory, cette application développée par la N.S.A, cette agence nationale de sécurité américaine qui s’apprêtait à mettre toute la planète sur écoute.
Une sonnerie l’avertit qu’une rumeur importante venait d’arriver.
Impossible d’ouvrir la pièce jointe.
Il n’avait que les mots-clés : remaniement – ministre - président
Ça sentait la « Rhumeur ». R-H-U-M-E-U-R. Celle qui faisait éternuer toute la classe politique. Les remaniements ministériels, les coups bas entre ministres, leurs dérapages ou leurs lapsus… Ces « rhumeurs » étaient parfois le fruit du hasard, l’œuvre de journalistes partisans, de plaisantins ou simplement des intéressés eux-mêmes qui avaient envie de se mettre en avant, à tout prix.
Il allait en parler à Babette. Elle en saurait sans doute plus. Ses nouvelles responsabilités au Cabinet du Ministre ne l’empêchaient pas de rester sa collaboratrice privilégiée. Et une informatrice de premier choix. Il la sonderait sur son divorce.Il était vexé. Il n’aimait pas ne pas savoir. Il devait tout savoir. Tout. Absolument tout. Le vrai, le faux, le vrai-faux et le faux-vrai, ces deux derniers étant l’essence intrinsèque de la rumeur. C’était pour ça qu’on le payait. Et puis la sœur pouvait ne pas avoir compris. Babette ne ferait jamais une chose pareille sans lui en parler. Cette histoire ne l’inquiétait pas.

Babette était absente. La secrétaire l’informa qu’elle accompagnait unemission de bons officesen Europe centrale à cause des parlementaires qui batifolaient au Turkestan.
Il était furieux et satisfait à la fois. Furieux parce que Babette ne l’avait pas prévenu. Satisfait parce qu’il avait la preuve qu’il n’y avait effectivement pas lieu de s’inquiéter du sort des bus Marco Polo. Les dignitaires chinois, plus nombreux avaient dû, eux, moyennement apprécier les digressions géographiques et l’escale prolongée sous les yourtes. A tous les coups, Babette était partie pour ramener tout le monde à la raison et à la maison.

A midi trente, sa secrétaire qui se laissait boudiner par une robe adolescente à grosses fleurs alors qu’elle frisait une quarantaine pleine d’embonpoint, vint lui demander rituellement s’il allait au self ou s’il fallait qu’elle lui apporte son repas au bureau. Il en profita pour la questionner.
— Vous saviez que Babette était partie pour l’histoire des autobus ?
— Oui, sa sœur me l’a dit. Enfin elle m’a juste dit qu’elle était en déplacement. Je ne savais pas que c’était pour les bus. Tiens, c’est bizarre d’ailleurs.
— Oui, je me suis aussi fait la réflexion. En quoi ses fonctions au cabinet justifient ce déplacement ?  Mais vous savez comment ça se passe ici. Le royaume du mystère.
— Sa sœur m’a laissé entendre qu’en fait, elle était partie en mission avec son amant. Et que c’est pour cet homme d’ailleurs qu’elle quittait son mari.
Rufus accusa le coup. Puis la colère le prit d’assaut. Se maîtriser. A tout prix. Sa secrétaire ne devait voir qu’un patron d’humeur égale. Ni triste, ni joyeux. Indifférent à tout ce qui l’entourait. Le parfait chef du Bureau des Rumeurs.Impassible. Rester impassible. Cette rumeur parce que c’en était une, ne devait pas l’inquiéter.
— Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire d’amant ?
— Monsieur, je suis désolée de vous apprendre des choses que vous ignorezmais tout le monde sait que Babette a un amant. Et ça remonte même au temps où elle était votre première collaboratrice. Vous ne pouvez pas ne pas être au courant.
— J’ai toujours cru que c’était juste une rumeur et ça ne m’a jamais inquiété. Je n’en ai jamais parlé à Babette non plus. Inutile. Une rumeur. Pour le repas, je mange à l’extérieur.
Il se leva, prit son manteau, oublia son chapeau. Pas grave. Dehors le soleil brillait en mode économie d’énergie.
A la brasserie du Départ, c’est devant une choucroute conceptualisée à Strasbourg, élaborée en Espagne et réchauffée à Paris, qu’il eut cette idée de rumeur fulgurante qui allait bouleverser la face du monde et faire revenir Babette en moins de 24 heures.
Il avala d’un trait le verre de bière chinoise commandée pour faire un clin d’oeil à la mondialisation gastronomique. Cette Tsing-Tsao était unesource véritable d’inspiration. Revenu à son bureau, il passa les coups de téléphone appropriés pour faire gonfler le soufflé Marco Polo. Il rédigea une note très circonstanciée sur la rumeur qu’il ciselait de tels détails qu’elle serait prise véritablement au sérieux. Il citait des sources comme la CIA et le MI6 britannique et très vaguement le renseignement français. Il appela quelques journalistes en vue et, au motif de leur soutirer des infos, les imbiba d’intox.
Dans les minutes qui suivirent, les fibres optiques s’emballèrent.
Les grands Etats étaient dans tous leurs états.
Dès le lendemain,les autorités suspendaient les recherches dans les ravins de la Soie et Babette rentrait. Le ballet des diplomates partait en tournée mondiale. Les danseurs de l’impossible. Aller-retour en Chine. Négociations avec le monde arabe. Pourparlers avec la Russie.
Car, disaient les médias, les voyageurs disparusétaient les otages de séparatistes du Xinjiang, leTurkestan oriental. Les négociations avec le pouvoir central à Pékin étaient secrètes car il y allait de la vie des dignitaires chinois. La thèse de l’accident, fausse bien sûr,avait arrangé tout le monde en détournant l’attention. Le Turkestan voulait se libérer de la tutelle des mandarins sans passer sous celle des russes ou d’Al Qaida. D’où la discrétion du mouvement qui n’avait rien revendiqué officiellement. Il n’était pas question pour Pékin de lâcher cette province autonome aux confins de la Chine. Il fallait discuter et trouver une issue honorable pour tous. A huis clos.
Rufus appela Babette sans tarder. Ils se donnèrent rendez-vous chez lui, dans 140 m2 propres et bien rangés.Rufusétait véritablement en colère.
— Qu’est-ce qui t’arrive ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu vas tout me dire.
Babette, très jolie quadragénaire aux yeux verts, le regarda droit dans les yeux.
— On arrête.
— Quoi, on arrête ? On arrête quoi ?
— Cette liaison clandestine qui n’a que trop duré.
— Pas question !
— Si on arrête. C’est ce que tu m’as promis, il y a 10 ans. Le jour où l’un de nous ne veut plus, on arrête.
— Je ne comprends pas pourquoi tu ne veux plus.
— Je ne veux plus c’est tout.
— Il s’appelle comment ?
— Qui ?
— Ton autre amant.
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
— Et ta sœur ?
— Quoi ma sœur ?
Il allait le lui dire quand il se ravisa.
— Je te rappelle que j’ai tout fait pour que tu sois promue et c’est comme ça que tu me remercie ? J’aurai pu briser ton mariage.
— Tu y aurais gagné quoi ? On n’aurait jamais vécu ensemble de toute façon. Tu as toujours voulu vivre seul, à ton rythme et je devais m’adapter. Je ne veux plus m’adapter. Tu vivrais avec moi maintenant si je divorçais ?
— Ne dis pas de bêtises, tu sais bien que nous ne sommes pas compatibles au quotidien. Mais si tu me quittes, je te fais muter à Marseille pourtraquer les mafieux. Tu auras des chances de te faire descendre.
— Tant mieux, je ne te verrai plus. Au fait,je ne divorce pas. J’ai juste fait courir le bruit pour voir comment tu réagirais et je ne suis pas déçue. J’en profite pour te dire queje suis au courant pour ta fausse rumeur chinoise. C’est moi qui vais t’éclabousser. L’arroseur arrosé.
La porte de l’appartement de la Rue de la Pompe claqua.
Le lendemain Rufusne se présenta pas au Ministère. Quelques jours plus tard, sa secrétaire reçut une lettre de démission dans laquelle il disait quitter la France pour faire le tour du monde.
Deuxmois plus tard, le Turkestan proclamait son indépendance. Pékin présentait ce geste comme une ouverture libérale. La communauté internationale se répandait en louanges.
Les parlementaires avaient été libérés mais entre le mal de l’altitude, le choc de l’enlèvement et le traumatisme de leurlongue captivité, ils étaient dans un établissement spécialisé chinois et ne pouvaient recevoir aucune visite.
C’est en tout cas, ce que disait la rumeur qui parvenue jusqu’au bureau des Rumeurs était restée devant la porte. Personne pour la classer dans un dossier « Mauvaise rumeur ».
Babette avait mis du temps à démontrerles agissements de son amant envolé.Personne ne la croyait. Il était trop tard. Les séparatistes avaient utilisé la rumeur Rufus Meurisse pour servir leur politique.
Un an plus tard, lors d’un survol de repérage pour le tournage d’un film-catastrophe, un hélicoptère identifiait dans un ravin les carcasses de deux bus de luxe partiellement calcinés. Rufus Meurisse qui désormais s’appelait Hu FuMei Yi Xe,avait été accueilli en libérateur au Xinjiang quand le chef du mouvement avait appris son rôle de « rumoriste ». Il l’avait intronisé conseiller occulte du chef du gouvernement turkestani.

Aucune inquiétude pour cette découverte. L’ancien fonctionnaire savait, lui, comment procéder pour étouffer la vérité et continuer de nourrir la rumeur selon laquelle les 7 parlementaires, fascinés par les Himalayas, avaient coupé les ponts avec leur famille pour goûter le bonheur de vivre au sommet.
Hu Fu Mei Yi Xe en dialecte voulait dire : Qui sème le bruit récolte les honneurs.