« Mon pote, t’es dans la
merde. Kettie a répandu la rumeur partout au bahut que t’es gay ! Non pas
que ce soit faux, mais toi-même tu sais que cela ne doit pas se savoir, dans le
contexte actuel où l’on vit. Et dire qu’elle a fait cela par stupide vengeance,
comme tu l’as jeté après que tu l’as surprise dans les toilettes avec le
capitaine de l’équipe de foot, Morgan... Que comptes-tu faire ? Faudrait
pas que cette meuf détruise ta réputation, mec ! »
Brandon se passa la main dans ses
longs cheveux bruns bouclés. Ce qu’il allait faire ? Mais rien du tout.
Cette rumeur ne l’inquiétait pas. Il jeta un coup d’œil à son ami Pat, puis
redirigea son regard vers la fenêtre, sur les toits des maisons environnantes.
Et ses yeux se perdirent dans le vague…
D’aussi loin qu’il s’en souvienne,
il n’avait jamais vraiment été attiré par les filles. Quand il a eu douze ans,
un pote plus âgé l’a emmené au Quartier des Belles. C’est un quartier au centre
ville où on trouvait des filles, des femmes, de tous les âges, de tout poids,
de tout goût, à tous les prix, selon la bourse de chacun. C’est là qu’il avait
eu droit à sa première fellation. Pas terrible, mais il avait peu bandé et
n’avait même pas joui. Trois gonzesses s’étaient succédé sur son pénis cette
nuit là sans plus de succès que la première. Pendant ce temps, Adolpho s’en
donnait à cœur joie avec une femme entre deux âges. Puis ils étaient rentrés. Arrivé
chez lui, il avait repensé à sa petite aventure en se demandant pourquoi il
n’avait pas réagi comme tout homme bien portant devrait quand une femme lui
offrait le délicieux fourreau de sa bouche. Il avait fini par reléguer cette
nuit là quelque part au fond de sa mémoire.
Six années avaient passés. A présent,
il faisait la classe de Terminale et avait dix-huit ans. Il se savait très
beau, avec son teint café au lait hérité de sa mère Blanche et de son père
Noir. Ce dernier était un homme assez influent du pays, en plus d’être un homme
d’affaire extrêmement fortuné. C’est dire, que Brandon n’avait jamais manqué de
rien. Mais son père, M. Lucas, ayant acquis sa fortune à la sueur de son front,
avait veillé à ce qu’il ne soit pas un enfant gâté, cela avait plutôt bien
réussi. Brandon n’était pas snob du tout, et était très intelligent. Bref, il
était le fils idéal.
Agé d’un demi siècle, Lucas était
un homme assez ouvert d’esprit, un intellectuel, et il avait beaucoup vécu en
France. Mais dans un pays d’Afrique Noire, comme celui dans lequel ils
vivaient, les mœurs étaient très différentes de ceux des Blancs. Aussi ouvert
d’esprit qu’il soit, Brandon doutait que si cette rumeur arrivait à ses
oreilles, il prenne bien la chose. Non pas parce que Lucas ne tolérât pas les
homosexuels, mais il était fils unique, et en tant que tel, il avait le devoir
de fonder une famille et de suivre certaines traditions.
Oui, c’est vrai que la femme ne
l’excitait pas autant qu’un homme pouvait le faire, mais il ne se considérait
pas gay exclusivement, dans l’optique où il pouvait aisément embrasser une
fille sans ressentir des nausées, par exemple. Il se souvenait de cette fille
en quatrième, celle avec des gros nichons. Comment s’appelait-elle déjà ? Il
ne s’en souvenait plus, mais tout le monde l’avait surnommé Pamela Anderson pour
des raisons évidentes. Cette fille l’avait quasiment violé, un jour qu’il était
resté tard au collège, pour finir un devoir. Malgré qu’elle se soit mise en
tenue d’Eve après lui avoir fait un petit striptease, il avait eu beaucoup de
mal à se mettre au ‘’garde à vous ‘’. Mais grâce à elle, il avait connu sa
première et jusque là, seule expérience sexuelle avec une femme. Depuis lors,
pour les apparences, il se pavanait avec quelques copines mais ça n’allait
jamais loin, raison pour laquelle, au bout d’un moment, elles finissaient par
le banquer. Lui, s’en foutait : dès qu’une partait, il y’en avait
immédiatement cinq autres qui se crêpaient le chignon pour qu’il accepte de
sortir avec elles. Très grand, costaud, beau, mignon, sourire enjôleur, il
était tout le temps entouré de femmes qui voulaient se le faire, même jusqu’à
Madame Josette, la mère de son ex, et de Mlle Sigfried la jeune stagiaire de
maths de l’année dernière.
Le hic, c’est que les meufs ne
l’attiraient absolument pas. Cela s’était confirmé quelques semaines après son
aventure avec Pamela. Lui et quelques potes avaient organisé une ‘’piscine
party’’. Lorsque Brandon avait vu Ralph, le maître nageur de l’époque, sa
bouche était devenue toute sèche et sa respiration s’était soudain accélérée. Ralph,
était dénudé mis à part, le caleçon super moulant qu’il portait, et qui
suggérait plus qu’il ne cachait, ses parties intimes. Des poils noirs,
ombraient toute sa poitrine et descendaient en un mince sillon vers son
bas-ventre pour disparaître dans son sous-vêtement. Tout son corps était
musclé, et les plaquettes de chocolat dénotaient d’un exercice physique
quotidien. Sans s’en rendre compte, il s’était mis à bander. Heureusement à ce
moment là, il était assis sur une des chaises longues, et une épaisse serviette
cachait son membre. Il était jeune alors, et bien qu’intelligent, il savait que
c’était mal d’éprouver ce genre d’émotions pour quelqu’un du même sexe que lui.
Avec toutes les meufs qui gravitaient en permanence autour de lui, il n’avait
jamais eu ce genre d’érections. Il résolut de n’en parler à personne, mais Pat
avec l’intention de le tirer vers la piscine, lui arracha la serviette, et
découvrit le spectacle. Et quand il suivit le regard de Brandon, il comprit
qu’il y avait là, un problème urgent à résoudre.
« Mec, t’es pas sérieux là,
tu bandes pour un mec ? lui demanda-t-il après avoir remis la serviette à
sa place. Mais je croyais que t’avais pris ton pied avec Pam, il y a quelques
temps ! Peux-tu m’expliquer ce qu’il t’arrive B?
-
Oh, stp pas de vagues ! Je ne sais
quoi te répondre mec, je suis aussi ébahi que toi. Je t’ai raconté comment cela
s’était passé avec Pam, non ? J’ai eu du mal alors que cette meuf est
canon, toi-même tu sais. Mais, un seul regard sur ce mec, a suffit pour me mettre
dans cet état.
-
Mec, c’est mal, ça, tu le sais. Si
quelqu’un l’apprenait ! Si ton paternel l’apprenait, tu serais bon pour
être eunuque ! Je propose que tu oublies ce qu’il vient de se passer.
Regarde, il y a plein de beautés autour de toi. La Miss Jeune 2013 est là, et
depuis elle n’arrête pas de te dévorer des yeux. Tu as de la chance d’avoir ce
physique que tu as B, alors ne gâche pas tout ça pour un homme. T’as juste à
faire un choix parmi ces madones, et crois-moi elles accourront comme un chien
devant son maître. B, je te le dis, oublis ce Ralph, et amuses-toi. »
Brandon avait été bouleversé après
ce jour. Et sans en arriver au dégoût, le peu d’attirance qu’il éprouvait
encore pour la gente féminine avait totalement disparu. Il regardait maintenant
les hommes d’un œil nouveau, ses camarades de l’équipe de foot, de tennis ou de
volley, aux vestiaires, lui faisaient un effet indescriptible, honteux mais
délicieusement agréable. Il avait tout de même appris à vivre avec cela, et
même à accepter qu’il aimait plus les hommes qu’il n’aimerait un jour les
femmes – malgré la cour assidue dont il faisait l’objet chaque jour. Bien sûr
cela n’avait pas été facile au début mais, quand on vit dans un pays où
l’homosexualité était interdit par la loi, où les gens sont encrés dans leur
idée de la famille composée du père, de la mère et des enfants, et quand on a
un paternel aussi strict et réputé que M. Lucas, on apprenait très vite à
cacher ces pulsions pas très naturels, il le reconnaissait.
Kettie était sa dernière ex-copine
en date avec qui il venait de rompre, et pour cause, il l’avait surprise dans
les toilettes, à genoux devant Morgan, ses mains fines aux longs ongles vernis
posés sur les fesses nues du footballeur, entrain de lui... Bref. Il avait
saisi la scène en deux, trois secondes. Il avait attendu à l’extérieur qu’ils
finissent, les écouteurs de son ipod à fond, pour ne pas suivre les gémissements
écœurants qu’ils émettaient. Lorsqu’ils étaient sortis, le premier moment de
surprise passé, elle avait voulu argumenter pendant que Morgan s’éloignait
aussi vite qu’il le pouvait. Brandon, lui avait rudement coupé la parole. Il
n’était même pas jaloux ! Juste choqué.
« Depuis une heure, je te
cherche pour te raccompagner, et toi, tu fais me fais cocu avec ce type à deux
balles, qui dès demain va aller se vanter auprès de tout le monde qu’il t’a eu
comme une débutante, et ce, même pas dans un lit confortable, mais dans les
toilettes du lycée ! Tu sais combien, je suis harcelée au quotidien par
les femmes, et malgré cela, je te suis toujours restée fidèle, je ne t’ai jamais
trompé, ce que je ne peux en dire autant de toi. Je crois que c’est mieux que
chacun de nous reprenne le cours de sa vie, là où il l’a laissé avant qu’on ne
se mette ensemble. Adieu, Kettie. »
Sitôt dit, il lui avait tourné le
dos et était parti, pendant qu’elle essayait de le retenir par la manche en le
suppliant de lui pardonner et toutes ces bêtises là. Et comme c’est une
mauvaise joueuse, elle a répandu partout la rumeur qu’il était gay, juste pour
se venger. C’est vrai qu’ils n’avaient jamais couché ensemble – bien qu’il
faisait l’effort de l’embrasser de temps à autre quand même - mais on ne se
base pas sur ça pour déclarer quelqu’un gay ! Depuis trois jours, il était
à la maison à cause d’un début de palu. Maintenant ça allait, et c’est Pat en
lui apportant les devoirs, qui lui avait appris la nouvelle. Il reporta son
regard sur Pat qui était entrain de chater avec une japonaise sur Facebook.
« Je ne suis pas gay, du
moins pas vraiment. Donc, cette fausse rumeur qu’elle répand par vengeance
puérile, ne m’inquiète pas le moins du monde. Même si cela arrivait aux
oreilles de l’Administration, elle n’a aucune preuve. Tu vois le nombre de
femmes qui m’assaillent chaque jour ? Cela m’aurait peut être compromis si
je restais seul dans mon coin, si je me fringuais comme une fille, et si
j’avais des manières d’efféminé. Ce qui n’est pas le cas. Je suis canon,
intelligent, studieux, j’ai un look d’enfer, toujours entourée du beau sexe, et
n’importe laquelle d’entre elles, se ferait une joie de témoigner juste pour
mes beaux yeux, que je suis un amant torride au lit. Je ne crains rien d’elle, sans
preuve, je peux dormir sur mes deux oreilles, tu vois.
-
Ouais, t’as raison mec. Elle aussi, elle
ne réfléchit pas, elle ne voit pas qu’elle se ridiculise en répandant cette
rumeur. Elle montre ainsi à tout le monde qu’elle n’a pas pu t’avoir dans son
lit, quand on sait qu’elle se tape tout ce qui a une queue.
-
Je suis serein du côté du bahut, mais je
ne voudrais en aucun cas, que cela arrive aux oreilles de mon père. Cela fait
des mois que je le bassine pour qu’il me refourgue son ancienne voiture,
maintenant qu’il en a une toute nouvelle. Et il est capable de me la refuser
juste pour me punir de ces rumeurs.
-
Mon pote, je n’aimerai pas être à ta
place… Au fait, n’oublie pas que l’on doit accompagner La Boulotte chez sa
tante tout à l’heure ! »
‘’La Boulotte’’ c’était l’une de
leurs deux meilleures amies, Céline, une très jolie fille, malheureusement
presque obèse. Nouvelle dans la ville, elle s’était inscrite dans leur
établissement deux ans auparavant, et comme la quasi totalité des meufs du
bahut, elle avait flashé sur lui. Avec son poids, elle ne passait pas
inaperçue, et on avait beau être au 21e siècle, cela n’empêchait pas
certaines mauvaises filles dont Pam, de se moquer d’elle, d’où ce surnom pas
sympathique. Elle était toujours dans son coin, et un jour à la St valentin,
elle lui avait offert une très jolie carte et une magnifique boule à neige les
représentant elle et lui.
« Salut Brandon… euh,
excuses-moi si je te dérange mais je voulais te donner ça… (Elle lui tendit un
petit paquet) S’il te plaît ne l’ouvres pas maintenant, mais plutôt quand tu
seras arrivé chez toi. »
Et elle s’en était allée en
courant. Lui, était tellement surpris qu’il avait murmuré un merci trop tard,
elle n’était déjà plus là. Il n’avait pas attendu d’être rentré pour voir ce
que contenait le paquet : une carte personnalisée sur laquelle elle lui
faisait une déclaration d’amour, et cette boule à neige. Pas de chocolats. Cela
l’avait tellement touché - considérant également tout le courage qu’il lui
avait fallu pour venir l’aborder - qu’il s’était senti en devoir d’être honnête
avec elle. Alors qu’il la connaissait très peu, Céline avait été la première
fille pour qui il avait pris le risque d’avouer être attiré par les hommes.
« Cé, vraiment ton cadeau m’a
touché. Tu es la seule qui ne m’a pas offert de chocolat (là, elle avait souri)
et je trouve cela rafraîchissant, comme si tu avais su que j’en croulais
littéralement sous le poids (rires). C’est pour cela que je veux être sincère avec
toi. Nonobstant ton poids, tu le sais que tu es très belle, seulement, je ne pourrai
jamais t’offrir plus que de l’amitié car je ne suis pas tout à fait celui que
les apparences laissent croire. Je suis gay. Si j’avais été quelqu’un d’autre,
peut être que toi et moi, on aurait pu… Bref,
tu es la seule fille au courant de qui je suis réellement. Je te fais
instinctivement confiance, et je sais que tu ne me décevras pas. »
Elle avait accusé le choc, mais
après ça, ils étaient devenus inséparables. Les sentiments de la jeune fille
s’étaient mués en profonde estime et elle avait gardé le secret de son ami, car
elle le comprenait. Pat regrettait qu’elle soit si grasse car elle était très
belle. Et tous les deux l’aimaient comme une sœur. Ils devaient l’accompagner
chez la sœur de sa mère pour une commission.
Quant à Magdalena, elle était leur
première meilleure amie. Elle avait commencé le collège avec eux puis sa grande
cousine, qui l’élevait, avait rencontré un allemand, ils s’étaient mariés et
depuis ils avaient déménagé pour Berlin. Mais, tous les trois avaient gardé le
contact, et se faisaient signe presque tous les jours via les réseaux sociaux.
Magda venait aussi pour les grandes vacances, et c’est comme cela qu’elle avait
connu Céline, avec qui elle avait tout de suite accrochée. Pourtant, à elle, il
ne lui avait rien dit quant à son homosexualité. Peut-être pour ne pas détruire
cette belle image qu’elle gardait de lui, depuis la maternelle ? Toujours
est-il que Brandon ne voyait pas l’intérêt de la mettre au courant, du moins
pour l’instant.
Quelques jours
plus tard…
« Assieds-toi, fils.
J’aimerais te parler. »
Ce ton sérieux des mauvais jours
qu’employait Lucas, ne lui disait rien qui vaille. Il l’avait appelé quelques
instants plus tôt de le rejoindre dans son bureau, à l’arrière de la villa.
Brandon se doutait un peu du sujet qu’il voulait aborder.
« Le vice principal qui est
un ami, tu le sais, m’a passé un coup de fil, pour me faire part d’une rumeur
selon laquelle tu serais gay. Est-ce que c’est vrai ? Sois honnête.
-
Pas tout à fait papa… Comment
dire ? Je suis bisexuel, mais avec une nette préférence pour le sexe
masculin. Je n’ai couché avec une fille qu’il y a très longtemps. L’expérience
ne m’a pas du tout emballé.
-
Fils, je suis chrétien et je t’ai élevé
dans la chrétienneté, ainsi que dans le respect de nos traditions. Comment peux
tu ne serait-ce qu’envisager éprouver de l’attrait sexuel pour quelqu’un du
même sexe que toi ? J’ai du mal à comprendre et pourtant Dieu m’est témoin,
j’essaie.
-
Papa, je ne saurai quoi te répondre. Je
l’ai su comme ça, il y a quelques années. Au début, j’ai été effrayé, choqué
par moi-même, je me suis dit le temps aidant, cette lubie passerait. Mais non.
L’attirance pour les mecs est allée grandissante et j’ai appris à l’accepter.
-
Excuses-moi de te demander cela, mais
as-tu déjà… euh… avec un homme ?
-
Non papa, répondit Brandon après un
petit rire pas bien accueilli. Pas encore du moins. Oh que la loi ne te trompe
pas, il y a bien des coins ici où on peut faire des rencontres. Mais ce n’est
au vu et au su que d’un petit nombre. Les homosexuels ne s’affichent pas.
-
Mon fils, j’essaie de comprendre mais je
ne peux m’empêcher de voir cela comme de la déviance sexuelle. As-tu seulement
pensé à ta réputation si cette rumeur était prouvée ? Tu serais fichu. Il
y a beaucoup d’homophobes en Afrique, tu sais. Tu pourrais être la victime d’un
lynchage ! Et tout l’argent que j’ai, ne réussirait pas à les faire
changer d’avis.
-
Je sais papa. Néanmoins, j’aurai mon
baccalauréat cette année, je pourrais aller vivre en France avec maman,
non ?
-
Non Brandon et tu connais mon avis sur
le sujet. Si tu arrives à décrocher une bourse, très bien, tu pourras t’envoler
dans le pays de ton choix. Sinon, il y a de bonnes universités ici. C’est pour
cela que je te dis de faire très attention Brandon, attention à ne pas gâcher
ton avenir, avec ce penchant contre-nature. Je suis un vieil homme certes, mais
je ne tiens pas à mourir avec une réputation entachée à cause de toi. Est-ce
que tu m’as compris ?
-
Oui papa.
-
Tu te dis bisexuel, pour moi cela ne
change rien, puisque les hommes t’attirent. Tu es mon fils unique, et tu sais
tous les espoirs que je place en toi. J’ai besoin de descendants.
Débrouille-toi comme tu veux mais quand le moment sera venu, il faudra que tu
deviennes papa à ton tour et que tu me rendes grand-père… Au moins, tu t’en
sors côté scolaire, et tu as des copines de façade qui traînent toujours
derrière toi. Sers-t-en pour tasser ces rumeurs. Pas si fausses, après tout. Ok ?
-
Oui papa.
-
Je suppose que tu sais qui en est à
l’origine ?
-
Oui, il s’agit d’une ex qui m’a trompé.
-
Arranges-toi pour la voir et lui dire de
cesser d’alimenter ces rumeurs. Sinon, je toucherai deux mots au vice
principal, pour qu’elle soit punie. Et ce serait vraiment dommage d’entacher
son dossier scolaire… Maintenant, tu peux disposer et réfléchis bien à ce que
je t’ai dit. Bonne nuit.
-
Bonne nuit p’pa. »
Brandon se leva et retourna dans sa
chambre. Là, il se mit en pyjama après s’être brossé les dents et se coucha.
Les paroles de son père résonnaient encore dans sa tête. Brandon savait qu’il
avait raison. Il vivait dans un monde où c’était pratiquement tolérance zéro
pour les gays. Si les pays Blancs reconnaissaient déjà l’homosexualité, il
faudrait encore des années avant que les pays africains suivent le pas. Ici les
traditions - plus que la religion - sont encore plus tenaces qu’un singe sur
une branche. Il savait, lui, qu’il ne pouvait pas changer ce qu’il était. Tout
au plus, il pouvait masquer, comme il le faisait en s’affichant avec des
filles, toutes aussi belles les unes que les autres. Il se sentait seul des
fois. Oh, il avait beaucoup d’amis, dont Pat, Céline et Magda. Mais ces
derniers ne pouvaient pas réellement comprendre ce qu’il ressentait au fond de
son cœur. Raison pour laquelle, il s’était inscrit dans un site de rencontre qui
avait aussi un espace forum. Là également, il s’était fait beaucoup d’amis, il
avait même quelques dragueurs. Et il avait découvert sur ce site, qu’ils
étaient nombreux comme lui dans son pays. Il y en avait un, Sergeo, avec qui il
s’entendait particulièrement bien. Il était un peu plus âgé et était mécano. Comme
il l’avait dit à son père, il n’avait jusque là encore jamais ‘’franchi le
pas’’ avec un homme, non pas qu’il n’en ait pas eu l’envie ou l’occasion. Loin
de là. Seulement, il ne se sentait pas encore prêt. Mais lorsque ça sera le
cas, il pourra demander une rencontre... Cette pensée réconfortante le ragaillardit
et lui remonta un peu le moral.
Ce n’est pas tout, mais demain il
avait une longue journée. Il faudra qu’il cause sérieusement avec Kettie pour
qu’elle arrête de le saboter, sinon, il la menacerait de mettre sur internet
des photos d’elle et de Morgan entrain de forniquer dans les toilettes. Elle
devra y réfléchir à deux fois avant de continuer à le salir. Bien sûr, il
n’avait pas de photos, mais ça, elle l’ignorait. Un sourire se dessina sur ses
lèvres tandis qu’il glissait peu à peu dans les bras de Morphée…
FIN
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