Pauline se redressa en sueur : ce n’était pas un rêve, le résultat était tombé la veille sans possibilité de lutter. Pauline avait la gorge nouée et se souvint qu’elle était dans son lit d’hôpital.
La veille, elle avait intégré le service du 6 AB de l’hôpital de Long, ville d’un département d’Ile de France, elle ne le connaissait que trop bien.
A 34 ans, Pauline était en lutte avec son propre corps. Des cellules cancéreuses avaient choisi de migrer dans son cerveau. Mais comment en était –elle arrivée là ? Depuis quand se battait-elle contre cette foutue maladie ? Elle se força à se souvenir.
Une lumière l’aveugla et le bruit d’un chariot la fit sursauter : c’était Marie, la jeune infirmière du service qui venait prendre ses constantes.
Elle en avait vu des infirmières depuis qu’elle avait déclaré son cancer quatre ans auparavant. Il y avait Nadège, l’infirmière d’annonce qui lui avait expliquée comment allaient se dérouler ses traitements. Une petite quarantaine douce et sereine, elle avait tout de suite plu à Pauline. Il y avait eu le défilé des infirmières stagiaires qui se confondaient en excuses à chaque fois qu’elles piquaient à côté de son PAC.
Pauline gardait en mémoire chacune de celle à qui elle avait eu à faire ; dans ce service le turn over était important mais Pauline le comprenait, qui pouvait côtoyer sur une longue période la maladie et la souffrance.
Pauline leva son bras droit et se prêta à l’exercice comme elle en avait l’habitude. Marie parut inquiète mais tenta de le cacher à Pauline avec une caresse réconfortante sur son visage. Elle quitta sa chambre en trainant son chariot. Pauline se retrouva seule, elle prit son verre d’eau et calma les tiraillements de sa gorge déshydratée.
Pauline savait, elle avait compris la veille que ses chances de quitter ce lit d’hôpital seraient minimes mais elle s’y était préparée. Depuis quatre ans, elle avait connu le chaos de l’annonce d’un cancer du sein à trente ans, l’espoir d’une guérison après douze cures de chimiothérapie et une chirurgie la laissant blessée dans sa féminité. Il y a deux ans, elle s’était sentie perdue quand son cancérologue lui avait annoncé sa rechute un an après la fin de ses traitements. La vie d’une personne atteinte d’un cancer était ponctuée d’espérance, d’attente et de souffrance quand la maladie réussit à prendre le dessus malgré tous les efforts que l’on pouvait déployer.
Depuis peu son état de santé s’était dégradé, avec des douleurs de plus en plus intenses et des vertiges de plus en plus fréquents. Elle savait que bientôt elle ne serait plus capable de s’alimenter et de lutter.
Mais avant, elle avait décidé de profiter de ses moments qui rendent la vie magique malgré la maladie.
Elle avait su profiter de son mari Jérémy et son fils Mathias. Elle avait savouré chaque instant de sa vie de maman en préparant de bons petits plats comme les galettes de blé noir de sa grand-mère et son fameux gâteau à l’ananas. Elle avait appris à Mathias à lire et à écrire juste au cas où elle ne serait plus là pour voir son grand garçon rentrer au CP. Elle était sereine maintenant, comme d’habitude, elle avait écrit tous ses petits conseils dans un petit carnet pour que Jérémy sache gérer le quotidien sans elle. Quant elle y pensait, Pauline avait toujours les larmes aux yeux mais elle savait au fond d’elle-même qu’elle ne sera plus présente assez longtemps pour savourer tous ces petits moments.
Perdue dans ces pensées, elle n’avait pas vraiment pris conscience que les infirmières du service étaient en grève : elles étaient si dévouées et malgré leur volonté de revendiquer, elles étaient toujours présentes à ses côtés pour l’aider à combattre ses douleurs ou faire en sorte qu’elle se sente bien quand Jérémy et Mathias venaient la voir. Elle savait que le service risquait de fermer mais cette rumeur ne l’inquiétait pas. Cette rumeur ne l’inquiétait plus... Le Docteur Fys, son cancérologue lui avait donné moins de trois mois à vivre jugeant son état suffisamment désespéré pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Elle avait apprécié la franchise de ce cancérologue qui la suivait depuis le début.
La première fois qu’elle l’avait rencontré c’était peu après le deuxième anniversaire de son fils au mois d’octobre 2010, il lui avait annoncé tout de go les résultats de la ponction réalisée une semaine auparavant : cancer du sein de classe III très agressif. Il lui avait expliquée le protocole de chimiothérapie qu’il avait envisagé avec ses confrères lors du comité. Après neuf mois de traitement, une mastectomie et cinquante séances de radiothérapie, il lui avait proposé un traitement expérimental pour éviter la récidive. Elle avait tout accepté, elle était devenue une patiente modèle, acceptant tous les traitements et leurs conséquences. Elle était également devenue une experte dans la prise de rendez-vous médicaux : scanner, IRM, Pet Scan et autres échographies n’avaient plus de secret pour elle.
Comme tous les résultats étaient bons, au mois de Mars 2012, Pauline avait repris son métier d’enseignante qu’elle affectionnait et une vie presque normale avec Jérémy son mari et Mathias son fils de 3 ans. Elle était revenue dans le service pour dire bonjour aux infirmières et aux patientes qu’elle avait côtoyées et avait déjà entendu des rumeurs concernant la fermeture du service d’oncologie. Elle avait même signée une pétition contre la fermeture. A l’époque, elle avait été en colère d’apprendre que les malades devraient faire 40 km pour aller en chimiothérapie. Cette rumeur l’a mettait hors d’elle. Comment pouvait-on infliger une telle épreuve à des personnes qui se battaient déjà pour survivre ?
Pauline savait que le bonheur pouvait être éphémère et avait donc choisi de visiter l’Irlande avec sa famille pour profiter de ce doux mois d’Avril.
L’année scolaire se terminant, elle avait un peu plus de temps pour planifier ses rendez-vous de contrôle. Bien que sur la voie d’une probable rémission, elle n’oubliait pas que le combat était loin d’être gagné : en effet la récidive était possible à tout moment, les cinq ans suivant le traitement initial étaient critiques.
Pauline revit son cancérologue au mois de Septembre. Elle fut surprise de voir les banderoles devant l’hôpital : les infirmières étaient toujours en grève et demandaient plus de moyens au Ministère de la Santé pour conserver le pôle d’oncologie. Elle reconnu Rachelle et Pascale, infirmières du 6 AB, qui demandaient aux passants de signer la pétition. Pauline alla les saluer.
Les résultats de santé de Pauline étaient corrects donc elle repartit en prenant note d’une manifestation de soutien le dimanche suivant.
Ce deuxième dimanche de septembre, elle avait participé à la manifestation de soutien avec son mari et Mathias qui tenait une banderole indiquant « NON A LA FERMETURE OUI AU BIEN ETRE DES PATIENTS » Pauline était fière que les deux hommes de sa vie fussent présents pour soutenir le mouvement. Elle avait toujours pu compter sur le soutien de son mari. Ils s’étaient rencontrés à 20 ans. Jérémy avait tout quitté pour la suivre à Paris, loin de sa famille, loin de la Bretagne. Ils s’étaient aimés dès qu’ils s’étaient vus à cette fête entre amis, un coup de foudre comme un vieux cliché. Ils s’étaient plu tout de suite et surtout avaient la même attente de la vie.
Voyant la trentaine arrivée, ils avaient décidé de construire leur petite famille. Mathias, un bébé de 3 kg 200 et 50 cm, était arrivé au mois d’octobre 2008. Malgré la santé un peu fragile de ce petit garçon, il avait rempli la vie de Pauline et Jérémy qui découvrait avec ce petit homme, les joies de la parentalité. Pauline et Jérémy avaient toujours désiré deux enfants car Jérémy étant enfant unique ; il avait toujours voulu que Mathias ne soit pas seul à porter leurs attentes.
Malheureusement la vie en avait décidé autrement, Mathias allait aussi être fils unique : à cause des traitements, Pauline avait connu une ménopause précoce.
Une larme brilla sur le visage de Pauline. Jérémy se demanda pourquoi les yeux de sa femme luisaient tant, par pudeur il ne lui posa pas la question.
A la fin de la manifestation, Pauline promit aux infirmières du service de revenir prendre des nouvelles.
Pauline oublia l’hôpital pendant trois mois. Elle resta vigilante concernant son état de santé et fit régulièrement des examens sanguins. La vie reprenait. L’hôpital, lui, connaissait des mouvements de grève ponctuels. Elle suivait les avancées dans le journal local.
Le mois de Décembre arriva avec son lot de routes salées et de bonhommes de neige construits par des enfants emmitouflés sous d’épais manteaux. C’était également le temps pour Pauline de réaliser de nouveaux ses examens. Au programme, Pauline avait rendez-vous pour une tomodensitométrie osseuse afin de vérifier que les traitements ne réduisaient pas trop sa masse osseuse. Elle devait également refaire un scanner. Cet examen la terrorisait car il permettait de vérifier l’absence de nouvelles cellules cancéreuses.
Elle s’y rendit le 23 Décembre, pendant les vacances scolaires. A cette pensée Pauline sourit, elle avait vu un reportage sur les fonctionnaires deux jours auparavant qui mettaient en évidence des privilèges. Comme d’habitude, le reportage s’en prenait aux professeurs. Pauline était en désaccord avec cette enquête car la majorité des enseignants faisaient leur travail par passion et se refusaient de pénaliser leurs élèves par leur absence.
La mère de Jérémy était venue de Bretagne pour garder le petit Mathias. Pauline tentait de limiter la présence de son fils lors de ses rendez-vous médicaux car elle savait que, du haut de ses 4 ans, il se posait des questions et pouvait s’angoisser facilement lorsque Pauline se rendait à l’hôpital.
Elle se gara dès qu’elle trouva une place disponible assez proche de l’hôpital car bien qu’elle ne fût plus en traitement, elle avait commencé à souffrir de migraines quelques semaines auparavant.
Elle se rendit à l’accueil de l’hôpital pour récupérer la fiche de circulation obligatoire lorsqu’elle venait faire des examens ou aller en consultation. A la caisse, un monde fou s’amoncelait. Des dizaines de patients en attente du précieux sésame. Pauline resta debout car le nombre de chaises à l’accueil était limité. Au bout de 30 minutes, elle réussît à obtenir le document et se rendît en premier à l’examen de tomodensitométrie.
Elle se présenta à l’accueil de la radiologie et réalisa l’examen rapidement à son grand étonnement. Elle s’était préparée à attendre de précieuses heures mais en cette quasi veille de Noël, les patients devenaient plus rares en radiologie. Elle fut rapidement appelée afin de réaliser le scanner.
Un manipulateur lui demanda de mettre une blouse et d’enlever ses vêtements. Elle s’exécuta en silence étant quelque peu paralysée par la peur des résultats. Pauline se mit à réfléchir sur la possibilité que ces migraines soient plus sérieuses. Elle effaça cette idée de sa tête et patienta dans l’antichambre de la salle d’examen. Elle regarda ses vêtements et plus particulièrement cette prothèse qu’elle mettait dans son soutien gorge pour faire comme si elle ressemblait à une femme « normale ». Elle s’était inquiétée au lendemain de la mastectomie : quelle serait la réaction de Jérémy ?
Pauline savait qu’elle n’avait pas le choix, elle l’acceptait comme un passage obligatoire pour vaincre ce cancer. Jérémy, lui, la verrait-il encore comme une femme sensuelle et désirable…Son mari l’avait tout de suite rassurée et lui avait expliqué qu’elle resterait malgré ses transformations physiques, la femme qu’il aimait.
Après l’injection du produit de contraste qui la faisait toujours souffrir un peu, Pauline resta dans ce grand tube une bonne trentaine de minutes. Le temps sembla interminable et à la fin de l’examen Pauline sentit un malaise au sein de l’équipe médicale.
Le médecin responsable de l’examen arriva dans la salle. Il expliqua à Pauline qu’il avait besoin d’un complément d’examen. Il l’invita à le suivre dans la salle d’IRM. Elle le suivit angoissée. Elle savait que les compléments d’examens étaient demandés seulement lorsqu’un doute survenait sur l’interprétation d’un résultat d’imagerie.
Elle reconnut aussitôt l’infirmier qui vint lui administrer le produit de contraste pour l’IRM. Il était à ses côtés lors de la manifestation contre la fermeture du service d’oncologie. Pauline se souvint de lui, il se prénommait Fatim. Elle lui demanda des nouvelles du mouvement.
Fatim était très engagé dans cette lutte car sa femme Raphaëlle était une des infirmières du service d’oncologie. Il lui indiqua que les pourparlers avec la direction étaient en cours. Même si à cet instant précis, le devenir du service était secondaire ; il lui donnait encore l’impression d’une vie normale.
Une heure plus tard, la vie de Pauline bascula de nouveau.
Le radiologue lui confia que ses examens n’étaient pas satisfaisants et qu’il lui avait pris rendez-vous avec le docteur Fys, son cancérologue dès le lendemain matin. Le monde de Pauline s’écroula, elle réussît à garder son sang-froid en sortant de l’hôpital mais fondît en larme lorsqu’elle entra dans sa voiture.
Voilà, un an après son combat, le cancer avait refait son apparition.
Elle rentra chez elle et dès qu’elle franchît la porte, sa belle-maman avait compris que tout recommençait. Elle sourît à son fils et alla dans sa chambre pour téléphoner à son mari. Après cet appel, elle s’étendît dans son lit et se jura de se battre une nouvelle fois. NON cette maladie ne l’aura pas !
Le Dr Fys confirma à Pauline sa récidive dès le lendemain : une des cellules cancéreuses avait résisté au traitement et avait migré dans son cerveau. La situation était catastrophique mais pas désespérée. Il présenta à Pauline le nouveau protocole de chimiothérapie et les possibilités de traitement des tumeurs par les rayons Gamma Knife.
Elle commença sa nouvelle chimiothérapie qui consistait en une combinaison de deux éléments ; un anti HER2 pour lutter contre les tumeurs agressives et une chimiothérapie injectée via une perfusion dans son port-à-cath. Celui-ci était situé sur le côté gauche juste au dessus de son sein. Il permettait de diffuser la chimiothérapie directement vers le cœur pour que celui-ci le propulse vers tous les organes de son corps. C’était une révolution pour les malades du cancer car ce PAC comme elle l’appelait, lui évitait d’être piquée à chaque chimiothérapie dans une veine du bras. Elle devait revenir toutes les semaines pour son injection.
Sa première cure se déroula à la mi-janvier. Elle se remémora les effets foudroyants de celle-ci : la sensation de malaise juste après, l’envie de vomir et les étourdissements sans compter la fatigue qui la submergea dès son retour à la maison. Elle devait faire 12 cures toutes les semaines mais elle comprit bien vite que son corps ne tiendrait pas jusqu’au bout. Ce corps qui avait supporté tous les traitements lors de son premier cancer commençait à ne plus accepter ses séances de torture.
Les effets secondaires étaient beaucoup plus présents qu’avant et la fatigue de la maladie couplée à celle de la chimiothérapie transformait Pauline en un zombie. Elle luttait malgré tout pour donner la chance à son fils d’avoir une maman presque comme les autres. Elle savait que malgré toute la volonté qu’elle avait à se battre (et Pauline en avait !), son corps l’entrainait inexorablement vers une issue qu’elle ne pouvait se résoudre à accepter.
Fin janvier, après seulement 3 cures, Pauline se sentit particulièrement faible à la fin de la séance. C’était un jeudi, Jérémy l’avait accompagné, comme s’il pressentait déjà un problème. Il avait vu sa femme affaiblie après sa première cure. Au bout de 12 jours, elle avait encore une fois perdu les cheveux qu’elle avait mis tant de temps à faire repousser. Dans la voiture sur le chemin du retour, il regarda sa femme s’enfoncer dans le fauteuil de la voiture : elle souffrait mais se taisait. Après 10 minutes, il l’a vit se tordre de douleurs et suffoquer. Il comprit que quelque chose n’allait pas. Il se gara sur le bas côté et appela le SAMU.
Les secours arrivèrent très rapidement et Pauline fut prise en charge et transportée à l’hôpital qu’elle avait quitté vingt minutes plus tôt.
Il suivit l’ambulance et rejoignit le service où Pauline avait été transférée. Elle avait fait une grave réaction allergique aux anti-néoplasiques et était dans un état grave.
Assis dans le couloir, Jérémy repensa au combat de sa femme, aux instants volés par la maladie et lui qui n’avait jamais pleuré, fondit en larme. Pourquoi eux ? sa femme avait-elle fait quelque chose d’horrible dans une vie antérieure ? Il le savait : se poser ces questions ne servait à rien. La maladie frappait tout le monde et en accompagnant sa femme dans le service d’oncologie, il s’en était rendu compte : des femmes, des hommes ; jeunes et moins jeunes et le pire : les enfants qui étaient soignés au 7ième étage de l’hôpital.
Dans un regain de force, il appela sa mère qui gardait Mathias. Il lui expliqua la situation et lui demanda de tenter de garder les apparences pour son fils. Elle ne s’écroula pas et il savait qu’elle avait assez de force pour tenir.
Pendant près de trois heures, il attendît des nouvelles. Il savait que l’équipe faisait de son mieux et qu’il pouvait avoir confiance mais il ne supportait plus cette attente dans le couloir. Il faisait les cent pas en s’arrêtant de temps en temps pour lire les affiches des syndicats appelant à la reconduction de la grève du personnel après l’échec des négociations avec la direction de l’hôpital.
Il était 22 h 30 quand Raphaëlle, l’infirmière du service d’oncologie, vint lui donner des nouvelles. Elle s’était prise d’affection pour Pauline. Elles avaient toutes les deux le même âge et elle aussi avait un fils de cinq ans prénommé Baptiste. Elle lui indiqua que sa femme était dans le service de réanimation et que son état était jugé préoccupant. Pauline devait rester en soins intensifs pendant au moins 48 heures afin de vérifier l’état de son cerveau.
De ces deux jours, Pauline n’en garda aucun souvenir : elle se rappela seulement qu’elle s’était réveillée dans le service de réanimation qu’elle ne connaissait pas. Le docteur Fys vint la voir pour lui apprendre que son état de santé était alarmant : la chimiothérapie ne fonctionnait pas ; les métastases avaient touché en peu de temps, de nombreux organes vitaux. Comme à son habitude, le docteur Fys fût franc et direct : elle devait envisager le pire et devait préparer sa fin de vie.
Pauline pleura comme elle n’avait jamais pleuré. Ce cancer allait gagner la partie malgré sa volonté d’être la plus forte. Passés la colère et le déni, elle accepta.
Elle se retrouva transférée au service d’oncologie mais cette fois de l’autre côté du couloir : ce n’était plus l’hôpital de jour qu’elle connaissait mais le service de soins palliatifs.
Elle venait de faire la connaissance de Marie, jeune infirmière. C’était son premier poste.
Une semaine après son hospitalisation, Pauline décida en accord avec son mari qu’elle ne voulait pas rester dans le service de soins palliatifs. Pauline souhaitait profiter des derniers moments avec son homme et son fils à son domicile. Marie fût missionnée pour venir lui administrer les médicaments : la morphine soulageait ses douleurs qui la transformaient parfois en une bête apeurée et gémissante. Lors de ses venues, Marie la tînt également informée de l’évolution du combat des soignants pour conserver le 6 AB.
Le 3 Avril, Marie vint chez Pauline. Elle trouva porte close. Elle prit sa garde à l’hôpital et apprît que Pauline était décédée dans la nuit. Elle entendît également une rumeur se propager dans le couloir : LE 6 AB avait gagné. Le service d’oncologie de l’hôpital était sauvé même si les soignants avaient dû faire des concessions salariales. Mais cette rumeur ne l’inquiétait pas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire