Toc ! Toc ! Toc ! Patrick
se réveilla en sursaut. Avait-il rêvé ? Il leva la tête de son oreiller à
l’affût du moindre bruit. Les coups reprirent, plus insistants. Quelqu’un
frappait à sa porte. Il regarda l’heure : midi. Il se leva à contrecœur,
enfila un peignoir par-dessus son pyjama et se positionna face à la porte
d’entrée. Il regarda par le judas. Personne. Pourtant, les coups résonnaient
encore. Il poussa un long soupir et ouvrit. Il se retrouva face à un jeune garçon
d’environ douze ans, qui lui arrivait tout juste à la poitrine, brun aux yeux
marron, avec un air malicieux. Dans un sourire, l’enfant lui dit :
« Bonjour Monsieur Magnard.
- Bonjour petit. Qui es-tu et que
fais-tu ici ?
- Vous ne me reconnaissez pas ?
- Non… Je suis supposé te
connaître ?
- Oui, répondit tristement l’enfant.
Vous m’avez perdu il y a bien longtemps maintenant. Je pensais qu’il était
temps pour vous de me retrouver, mais je me suis trompé apparemment.
- Qu’est-ce que tu racontes ?
questionna Patrick, interdit.
- Je suis votre rire, Patrick Magnard. »
Pour toute réponse, Patrick garda le
silence, abasourdi. Il reprit ses esprits et gronda :
« Petit garnement ! Tu viens
te moquer de moi, c’est ça ! Ouste ! Va-t-en ! Je ne veux pas de
pitre chez moi.
-
Je vous dis la vérité. Interrogez votre cœur. Vous verrez qu’au fond de vous,
vous savez que vous m’avez perdu. Il y a deux ans maintenant, jour pour jour.
Vous m’avez perdu à la mort de votre femme. »
Le cœur de Patrick fut réduit en
miettes. Bien sûr qu’il avait perdu son rire à la mort de son épouse. Elle
avait emporté son cœur avec elle. Une spirale infernale avait suivi, au cours
de laquelle il avait perdu son travail puis ses amis. Il n’avait plus goût à
rien, ne voulait plus rien faire. Il attendait la mort. Et c’est le rire qui
venait frapper à sa porte ! Car ce garçon était bel et bien son rire.
Comment aurait-il su pour sa femme, sinon. Patrick l’interrogea :
« Qu’est-ce que tu me veux ?
- Je veux que tu me retrouves.
- Tu es là, devant moi. Je t’ai donc
retrouvé.
-
Ce n’est pas si simple, affirma mystérieusement l’enfant. »
Le
garçon prit soudainement ses jambes à son cou et partit en courant. Patrick le
suivit aussitôt, en lui hurlant de l’attendre. Il avait tant de questions à lui
poser. Il en oublia de s’habiller et de verrouiller sa porte. Vêtu de son
peignoir et chaussé de pantoufles, il poursuivit son rire sous le regard
incrédule de ses voisins. L’enfant courait vite, avec l’énergie de la jeunesse.
Patrick, qui ne faisait plus aucun exercice depuis la mort de son épouse,
peinait à maintenir le rythme. Il vit son rire disparaître à l’entrée d’une
fête foraine. Il jura intérieurement mais entra dans le royaume de l’amusement
et des sensations qui ne l’attiraient plus depuis deux ans. Le garçon était en
train de lui échapper. Il le voyait furtivement passer d’une allée à une autre.
Il crut le voir remonter une file d’attente pour une attraction. Il bouscula
tout le monde pour parvenir à sa hauteur. Arrivé au niveau des sièges du manège,
l’enfant avait disparu et une foule en colère s’agitait derrière lui.
Brusquement, il fut poussé dans le
manège et atterrit lourdement sur le siège. Il vit alors son rire s’assoir à
côté de lui et verrouiller leur harnais de sécurité respectif. Une sonnerie
indiqua le départ de l’attraction. Patrick, inquiet, regarda autour de lui pour
savoir dans quelle galère il se trouvait. Un grand huit ! Paniqué, il
cria :
« Mais tu es fou ! Pourquoi
m’as-tu fait monter là-dedans ?
-
Tu vas voir ! »
Le
wagon partit à toute allure, sous les hurlements de Patrick, terrifié. Il avait
banni les émotions de sa vie depuis si longtemps que cette peur soudaine
constituait un véritable choc. Il criait de terreur, encore plus fort que la
petite fille qui se tenait derrière lui. Ses membres tremblaient d’émotions. Une
fois remis de ce premier sentiment, il commença à apprécier la sensation de
vitesse. Les loopings l’emballèrent, les virages brusques lui donnèrent des
frissons de plaisir et les montées d’adrénaline devinrent euphorisantes. Ses
cris de frayeur se transformèrent en exclamations de joie. Il avait oublié à
quel point les émotions étaient grisantes. Il avait été aseptisé si longtemps…
Le train s’arrêta. Le tour était
terminé. Il aurait voulu rester, mais d’autres gens attendaient. Il libéra la
place de mauvaise grâce. Son rire l’attendait à la sortie de l’attraction, un
air satisfait s’imprimant sur son visage. Ce dernier le taquina :
« Alors ?
- C’était une bonne idée, admit Patrick.
Ça m’a fait du bien de retrouver la valeur des émotions, de me sentir vivant.
-
Et ce n’était que la première étape, décréta l’enfant. »
Il
repartit en courant, Patrick suivant ses pas plus facilement que tout à
l’heure, animé par le plaisir que lui avait procuré le manège. Où son rire
allait-il l’emmener cette fois ?
Ils
retournèrent tout d’abord chez Patrick pour que ce dernier enfile une tenue
plus respectable. Puis ils reprirent leur course et arrivèrent à l’entrée d’un
petit théâtre où se massaient des dizaines d’enfants. Patrick râla intérieurement.
Voir une pièce avec une foule d’enfants bruyants était désagréable. Ils
gigotaient, ils se battaient, ils parlaient à voix haute. Ça allait être
l’enfer. Que recherchait son rire ?
Le
garçon le fit se placer en plein milieu des autres enfants et s’installa à côté
de lui. Un énorme brouhaha s’élevait dans le théâtre, insupportable. Enfin, les
trois coups annonçant le début du spectacle retentirent. Surpris, Patrick
constata que les enfants se turent, attentifs à ce qu’ils allaient voir. Il
ignorait d’ailleurs le sujet de la pièce. Il s’agissait d’un célèbre dessin
animé, adapté pour le théâtre. Un personnage comique apparaissait régulièrement
pour lancer des blagues ou se retrouver dans des positions cocasses. Au début,
Patrick eut du mal à se prendre au jeu. C’était d’un puéril. Mais les enfants
autour de lui réagissaient joyeusement aux blagues du personnage.
Doucement,
Patrick fut porté par le rire des enfants. Voir cette innocence s’esclaffer
ainsi lui rappela que les choses les plus simples étaient les meilleures.
Inutile d’élaborer des stratagèmes compliqués pour amuser. Une remarque bien
placée suffisait souvent à susciter le rire du public. À la fin du spectacle,
Patrick était aussi euphorique que les enfants autour de lui à chaque apparition
du comédien blagueur. Ses zygomatiques devinrent douloureux, des larmes de joie
apparurent au coin de ses yeux. Son souffle était court. En cet instant, il
était heureux.
La pièce prit fin, et le rêve aussi.
Patrick se tourna vers son rire, et le remercia :
« Merci, mon rire. Je crois que
cette fois, je t’ai retrouvé.
-
Pas encore, Patrick. Réapprendre à rire était la deuxième étape. Il y en a une
troisième. »
Patrick
partit en courant en même temps que l’enfant cette fois. La curiosité
s’emparait de lui à présent. Cette journée avait été riche en surprises. Il
redécouvrait la vie, en retrouvait toutes ses saveurs, grâce à cette émotion
perdue qui avait frappé à sa porte pour le ranimer. Que pouvait-il y avoir de
plus ?
Le
soleil disparaissait lentement à l’horizon. Rouge et brûlant, il colorait le
ciel et les bâtiments de la ville. Patrick courait après son rire, à la
recherche de son avenir. Cette fois, l’enfant entra dans un bar à salsa.
L’endroit était animé : des gens mangeaient des plats brésiliens épicés,
buvaient des cocktails irisés et dansaient frénétiquement au rythme des
musiques latines qui sortaient des enceintes disposées aux quatre coins du bar,
afin que tous les clients puissent profiter de l’ambiance chaude et festive qui
y régnait.
Le
rire s’installa à une table cachée sous des plantes exotiques et Patrick prit
place face à lui. Ils commandèrent des plats que Patrick n’avait jamais goûtés.
Peut-être que la troisième étape consistait à s’ouvrir aux merveilles que ce
monde avait à offrir. Et cela commençait par les variétés culinaires. Une fois
servi, Patrick s’attaqua avec plaisir aux délicieux mets qui remplissaient son
assiette. Chaque bouchée était une explosion de saveurs et le mojito qu’il sirotait
l’emplissait du courage nécessaire pour se rendre sur la piste de danse. Encore
une ou deux gorgées et il partirait à la recherche d’une partenaire pour se
dandiner sur cette musique d’outre-mer qu’il n’avait jamais su apprécier
auparavant.
Une voix s’éleva alors par-dessus les
sons latins qui sortaient des enceintes :
« Patrick ? Patrick, c’est
bien vous ? »
L’interpelé se retourna et vit une femme
à la peau brune, aux lèvres pulpeuses peintes de rouge et à la chevelure noire
cascadant sur ses épaules. Elle était ravissante et il eut du mal à la
reconnaître sans son uniforme d’infirmière. Hésitant, il acquiesça :
« Oui, c’est bien moi. Yamina,
n’est-ce pas ?
- Oui. Vous m’avez reconnue.
-
J’ai eu du mal à vous remettre, j’avoue. Lorsque vous travaillez, vous êtes un
peu plus… Disons… Moins attirante… Plus professionnelle… Enfin, je veux dire…
Vous êtes vraiment charmante, à votre travail comme ici… »
Il s’embrouillait de plus en plus et
finit par conclure :
« Bon sang, je perds tous mes
moyens. Je n’ai plus l’habitude d’être en compagnie d’une jolie femme. Veuillez
m’excuser. J’en profite d’ailleurs pour vous remercier de toute la gentillesse
et la douceur dont vous avez fait preuve quand ma femme était à l’hôpital. Je
n’ai jamais pris le temps de le faire, mais je tenais à vous dire que vous avez
été d’un grand soutien pour mon épouse. Votre complicité et votre amitié lui
ont permis de tenir le coup plus longtemps. Ça lui faisait du bien de parler à
une personne qui n’était pas anéantie par son sort. Je n’ai pas su faire face
comme il faut, même si je l’ai accompagnée jusqu’au bout. Mais vous, vous lui
avez fait oublier sa maladie, pendant quelques instants, chaque jour, alors que
la douleur sur mon visage lui rappelait sans cesse qu’elle allait mourir. Alors
merci. Du fond du cœur, merci. Vous lui avez rappelé qu’elle était en vie et
qu’elle devait en profiter jusqu’à la fin. Et c’est ce qu’elle a fait, grâce à
vous.
- Et grâce à vous également, Patrick.
Vous étiez toute sa vie. Et elle était toute votre vie. Mais je constate
aujourd’hui que vous avez l’air d’aller mieux.
-
En effet. Mais croyez-moi, c’est tout récent. En fait, c’est grâce à ce jeune
garçon qui m’accompagne ce soir. Enfin, c’est plutôt moi qui l’accompagne.
Yamina, je vous présente mon rire. »
Un silence perplexe suivit cette déclaration.
Yamina interrogea :
« Ce garçon s’appelle-t-il Monrire
ou venez-vous d’affirmer qu’il est votre rire ?
-
Il est mon rire, vous avez bien entendu, déclara Patrick, gêné. Je sais que ça
paraît invraisemblable mais cet enfant est venu frapper à ma porte ce midi et
m’a annoncé qu’il était mon rire, et qu’il souhaitait que je le retrouve. Il
s’y est employé à merveille. »
Il lui fit alors le récit de ses
aventures depuis son réveil jusqu’à son arrivée dans ce bar à salsa. Du bonheur
pétillait dans les yeux sombres de Yamina. Elle annonça :
« Ne
vous arrêtez pas en si bon chemin, alors. Venez danser avec moi. Et toi aussi,
le rire. Venez voir comme la danse est amusante ! Et on va faire un
concours de grimaces aussi ! Celui qui réussit à faire la grimace la plus
affreuse tout en dansant aura gagné. »
Elle
tendit la main à Patrick. Il s’en empara et fit de même avec son rire. Tous
trois entamèrent une danse endiablée, tout en grimaçant, cherchant à faire rire
les deux autres le plus possible. Le rire fut le vainqueur. Ils se lancèrent
ensuite dans un concours de blagues, mimant leurs histoires hilarantes sur la
piste de danse. Les éclats de rires fusaient. Patrick enchaînait les cocktails
qui le délivraient progressivement de sa gêne et de sa timidité, l’incitant à
repousser toujours plus loin ses tentatives pour faire rire son auditoire. Il redécouvrait
qu’il était un homme plein d’humour. Ce fut ainsi qu’il accomplit la troisième
étape.
Alors qu’ils finissaient de se tordre de
rire, il consulta l’heure et constata qu’il commençait à se faire tard. Il
décida de prendre un dernier mojito et proposa à Yamina de se revoir, car il
appréciait beaucoup sa compagnie. L’infirmière accepta et lui demanda un papier
et un crayon pour lui donner son numéro de téléphone. Patrick chercha dans ses
poches et en sortit une vieille carte de visite qui avait survécu jusque-là. Il
la lui tendit et elle y nota son numéro avec un stylo qu’un serveur lui avait
prêté. Puis elle porta le papier cartonné à sa bouche et l’embrassa. Elle
montra avec amusement la trace de rouge qu’avaient laissé ses lèvres. Patrick
rangea cette précieuse marque d’affection dans la poche de son pantalon. Yamina
exigea :
« Avant de partir, vous me devez
une dernière danse, Patrick.
- On pourrait peut-être se tutoyer,
proposa-t-il.
-
Avec plaisir. Tu n’as pas le droit de partir sans une dernière danse !
Allez, en piste ! »
Ils
s’attrapèrent d’une main et saisirent celles du rire de l’autre. Ils firent une
ronde et tournoyèrent de plus en plus vite, jusqu’à en avoir le vertige. Alors
qu’ils partageaient un dernier moment de bonheur au cours de cette journée
haute en couleur, ils furent saisis par l’euphorie. Le rire s’élevait,
incontrôlable… Jusqu’à s’en faire mal à la mâchoire. Jusqu’à en pleurer.
Patrick
se réveilla soudain, des larmes perlant au coin de ses yeux. Les propres échos
de son rire l’avaient tiré de son sommeil. Que s’était-il passé ? Il y a
encore quelques secondes, il était avec Yamina et son rire personnifié, dansant
et s’amusant. Avait-il rêvé ? Il réfléchit. Avant de rencontrer son rire,
il s’était couché un lundi soir. Donc le rire avait dû frapper à sa porte le
mardi midi. Par conséquent, si cette journée avait bien existée, on devait être
mercredi. Il courut à sa boîte aux lettres en caleçon pour récupérer le
journal, sous les yeux scandalisés des promeneurs. Fébrile, il déplia le
journal pour lire la date à la première page. Mercredi ! Il n’avait donc
pas rêvé. À moins que… Il avait énormément bu lundi soir. Serait-il possible
qu’il ait dormi une journée et demie, que la journée du mardi n’ait pas existé
le temps qu’il cuve tout l’alcool ingurgité ? Avait-il donc rêvé cette
rencontre avec son rire ?
Il
se souvint alors de la carte de visite dans son pantalon. Il retourna
précipitamment dans sa chambre et s’empara du vêtement qui était roulé en boule
au pied de son lit. Il fouilla dans la poche droite. Rien. Dans la gauche, il
sentit le bout de papier cartonné. Il le saisit et le sortit lentement. Il
était du côté où étaient inscrites ses propres coordonnées. Il avait peur de le
retourner. Qu’y avait-il de l’autre côté ? Un blanc désespérément vide ou
des traces de lèvres rouges et des chiffres noirs et brillants ? Il prit
alors une décision : quoiqu’il y ait au dos de cette carte de visite, la journée
du mardi lui avait fait comprendre l’importance de la vie. Qu’il ait rêvé ou
non cette journée, il allait se reprendre en main et tout faire pour être
heureux. Il avait arrêté de vivre pendant deux ans. Il avait suffisamment fui.
Il allait faire face et affronter de nouveau la vie, avec ses joies et ses
peines, ses moments de bonheur et ses obstacles à surmonter. Il devait
continuer. C’est ce que sa femme aurait voulu, et elle en aurait été heureuse.
Il prit une longue inspiration, pour se donner du courage, et retourna la carte
de visite. Alors il sut.
Le
soir venu, il se rendit tranquillement au bar à salsa. Son cœur était apaisé.
Il connaissait le chemin qu’il devait suivre à présent. Il se rendit au
comptoir du bar et paya un mojito. Puis il attendit patiemment. Enfin, elle
entra, accompagnée de son fils. Yamina et Younes. Le petit garçon l’avait bien
berné hier. Il ne l’avait pas reconnu, car il ne l’avait vu qu’une seule fois
auparavant, alors qu’il était au chevet de sa femme, abattu. Yamina avait
emmené son fils avec elle ce jour-là, il ne savait plus pourquoi, et le lui
avait laissé quelques minutes, le temps de récupérer des affaires ou autre
chose. Il se souvenait maintenant que Younes avait consacré ces minutes à faire
rire sa femme. Il avait été formidable ce jour-là. Tout comme hier. Il repensa
à la journée de la veille et songea qu’il avait tellement bu qu’il ne se
rappelait pas de la façon dont il était rentré chez lui. Il devait se calmer
sur la boisson.
Les yeux de Yamina se posèrent sur lui
et elle se figea. Elle était démasquée. Patrick s’était rendu compte de la
supercherie. Mais il lui adressa un sourire chaleureux et s’avança vers elle.
Arrivé à son niveau, il se tourna vers le garçon et plia les genoux pour
arriver à sa hauteur :
« Younes. Je t’ai reconnu
maintenant. Merci de m’avoir ramené à la vie. »
Il lui ébouriffa affectueusement les
cheveux. Puis il se redressa et fit face à Yamina. Il contempla son beau visage
aux traits latins avant d’ajouter :
« Yamina, je ne comprends pas pourquoi
tu as fait tout ça pour moi.
- Parce que je t’aime, Patrick. Depuis
le premier jour où je t’ai vu, depuis l’instant où j’ai lu dans ton regard
toute la douceur et la joie de vivre cachée sous la peine. À partir du moment
où je t’ai vu, j’ai voulu connaître cette autre partie-là de toi, car j’ai su
que je l’aimerais et la chérirais toute ma vie. Tout comme j’aime ton côté
sombre et douloureux que j’ai rencontré la première fois, car il reflétait
toute la force de l’amour que tu es capable d’offrir. J’ai été attentive à tous
les gestes tendres et passionnés que tu avais envers ta femme. Et j’ai su que
si un jour je parvenais à te faire surmonter ta douleur, et si tu tombais
amoureux de moi, je serai heureuse jusqu’à la fin des temps. Tu es l’homme que
j’ai toujours recherché. J’ai gardé un œil sur toi après le décès de ta femme.
J’ai essayé de te croiser plusieurs fois mais tu restais hermétique. Je ne sais
même pas si tu avais conscience que je te parlais les jours où je parvenais à
attirer légèrement ton attention. Tu ne réussissais pas à faire ton deuil. Pardonne-moi
pour cette supercherie, mais je n’ai trouvé que ça pour… »
Patrick lui posa un doigt sur les
lèvres. Puis, sans plus de cérémonie, il l’embrassa tendrement. Il murmura
ensuite, les lèvres collées contre les siennes :
« Je
t’aime. »
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