— J’ai une bonne nouvelle ! m’a
glissé Françoise tandis que j’attendais Léon sur le parvis de l’église.
Elle m’a fait signe avec sa main
d’éloigner les enfants alors je les ai envoyé jouer un peu plus loin, en bas
des marches. Ensuite, elle a feint de lisser sa jupe longue tout en se
rapprochant discrètement de moi, comme si elle était préoccupée par les plis de
son tissu et n’avait rien de spécial à me dire. Elle a relevé la tête, a salué
très poliment un groupe de petites vieilles s’apprêtant à fleurir les tombes de
leurs maris, puis m’a souri largement.
— Tout est prêt, plus que quelques
détails et tu pourras commencer une nouvelle vie.
J’ai ouvert la bouche pour lui répondre
mais du coin de l’œil nous avons vu Léon qui sortait enfin et s’approchait de
nous.
— Oui, tout à fait, un temps à pique-nique !
s’est alors exclamée Françoise. Mais il faut que je vous laisse, madame Clerc,
j’ai beaucoup à faire aujourd’hui. Au revoir, bon dimanche !
Et de la manière la plus naturelle qui
soit, a fait un petit signe de la tête à Léon, a rajusté son chapeau et a
quitté le parvis. Je l’ai suivi des yeux, le cœur battant à tout rompre tandis
que Léon me prenait le bras pour m’aider à descendre les escaliers.
C’était il y a trois semaines.
Aujourd’hui, le temps est maussade, les Saint de Glaces nous ont amenés la
neige et le vent fait plier la cime des arbres. Je m’assois quelques secondes
et regarde autour de moi. Les portes des placards en formica sont nettoyées. Le
buffet est rangé, le sol récuré et le plan de travail débarrassé. La vaisselle
s’égoutte lentement à côté de l’évier.
Ça me fait drôle de
me dire que je ne reviendrai plus ici, je n’arrive pas à m’y faire. Cette
cuisine, ça a été ma vie pendant neuf ans et bientôt, pourtant, ce sera
terminé. Je suis à la fois soulagée et terrifiée. Françoise m’a dit que c’était
normal, qu’un grand bouleversement chamboulait aussi l’esprit, que c’est une
sorte de rupture entre mon corps et ma pensée. Elle parle bien, Françoise. Elle
sait toujours trouver les mots que j’ai dans le cœur mais que je n’arrive pas à
exprimer. Sans elle, je ne sais pas ce que je serais devenue. Si j’arrive à
tenir comme ça depuis des mois, c’est grâce à elle, parce qu’elle m’a redonné
espoir. Bien plus que ça en fait, avant tout, elle m’a donné son amitié et
c’est ce dont j’avais le plus besoin.
On n’y pense
jamais assez, à l’amitié. Quand on est gamin, on joue à chat, à la marelle et
aux billes, c’est facile, on n’est jamais seule. Après on grandit, on doit
travailler, faire ses tâches mais ça continue d’aller de soi qu’on peut passer
du bon temps avec ses amies. Puis un jour on se marie et ça s’arrête. Enfin,
peut-être pas pour tout le monde, mais pour moi c’est comme ça que ça s’est
passé.
Je me lève et vais
me servir une tasse de café malgré mes mains qui tremblent déjà. Je me repasse
les consignes de Françoise dans ma tête, dans l’ordre, c’est quelque chose sur
lequel elle a bien insisté.
— Tout se passera
bien si tu respectes l’ordre, m’a-t-elle dit mardi dernier chez le boucher.
C’est vraiment important. Si on veut que ça fonctionne, il faut être très
consciencieux. Chaque chose doit être faite au bon moment.
Pour l’instant, tout a marché parfaitement,
me dis-je presque étonnée en attrapant le journal afin d’occuper mes mains. J’apprends
que Jean Dubuffet est mort et j’essaie de me concentrer sur l’article mais je
n’y arrive pas, mes yeux font les fous. Ils finissent par se poser sur le
montant de la porte. A l’intérieur, juste à côté du papier peint à fleur,
s’échelonnent des petites lignes gravées dans le bois, à environ un mètre du
sol. Je devrais sourire en les voyant, parce que ce sont les tailles de
Juliette et Gaspard qui y sont inscrites mais ce souvenir est bien amer. Sur la
plus haute marque, il manque les trois dernières lettres du prénom de ma fille.
J’étais en train de les graver, il y a trois ans, quand Léon avait surgi du
salon et m’avait giflé si violemment que je m’étais tapée la tête contre le
coin de la table plus loin.
—
Je me casse tout le jour à l’usine pour vous fournir du manger et des vêtements
et c’est ça que tu fais de tes journées ? Tu gribouilles sur les
murs ?! m’avait-il hurlé.
J’étais restée
interdite quelques secondes, me tenant la tête, avant d’essayer de protester mais
il s’était énervé davantage et avait menacé d’en mettre une aussi à la petite
si je ne la faisais pas taire. Juliette s’était réfugiée dans mes bras, des
sanglots plein le corps tandis que Gaspard regardait la scène, médusé, accroché
aux barreaux de son parc. J’avais consolé tout le monde et essayé tant bien que
mal de panser ma plaie qui saignait abondamment à l’arrière de mon crâne.
J’aurais bien été trouver une voisine ou une amie pour lui demander s’il
fallait des points de suture, mais déjà à ce moment-là, je n’avais plus
personne à qui parler. Léon était parvenu à faire le vide autour de moi. Alors
j’avais juste désinfecté à l’alcool, me mordant les lèvres pour ne pas hurler
sous la brûlure du liquide, et le temps avait fait le reste.
L’antique
horloge sonne quinze heures. Je me précipite à la fenêtre et j’aperçois Françoise
qui avance dans la rue au loin, comme prévu. C’est le premier signal que
j’aurais jusqu’à ce soir ; tout est bien, tout continue. Je me rassois et
essuie la sueur qui perle à mon front. Un instant, je me dis que je n’y
arriverai pas, c’est trop pour moi. J’inspire et j’expire lentement et je
retrouve un semblant de calme. Je ne dois pas flancher maintenant, si près du
but, ce serait idiot. Et je ne veux pas décevoir Françoise non plus. Non pas
que je le fasse pour elle, bien sûr que non, mais elle s’est tellement engagée.
Depuis le jour où nous sommes devenues amies, elle ne m’a pas lâchée. Elle
aurait pu, elle n’a rien à gagner dans cette histoire. A noël, je lui ai d’ailleurs
demandé pourquoi elle faisait tout ça pour moi. Elle a alors haussé les épaules
avec son petit sourire énigmatique avant de répondre :
—
Il faut bien des gens qui aident les autres, non ?
— Je ne sais pas.
C’est tellement dangereux, ai-je murmuré en sentant les larmes venir.
— Parce que de rester ici, pour toi, ça
ne l’est pas ? Ecoute, je t’ai promis de t’aider et je le ferai, alors ne
te pose pas trop de questions, d’accord ? Contente-toi de me faire
confiance. Le reste, je m’en occupe.
J’appris quelques semaines plus tard, au
détour de ragots, que son père avait aidé des gens pendant la guerre. Trente
ans plus tôt, il avait fait sortir du pays des familles entières par le biais
des chemins de fer, il était cheminot. Ça m’avait redonné du courage, un
courage que je n’aurais pas eu à leur place mais que j’estimais à sa juste
valeur.
Je me lève et fait
le tour du petit appartement que j’habite depuis mon mariage. Tout est
parfaitement rangé, je me suis mis un point d’ordre à le quitter ainsi. Je
passe dans la chambre des enfants, redresse la poupée sur le lit de Juliette et
tire un peu les rideaux. Ça va être dur pour eux de laisser leurs jouets,
d’autant que je ne sais pas si je pourrais leur en racheter bientôt. J’ai mis
de côté quelques peluches et poupées, mais nous devons voyager léger, je ne peux
pas tout prendre. Je ressors et passe à côté de notre chambre à coucher, sans y
entrer. Au début de notre mariage, c’était la chambre à Mémé, la mère de Léon.
Elle est morte quelques semaines après, d’un cancer. Je l’ai à peine connue et
je me demande quelle vie elle a eu ici avant moi. Certainement la même que la
mienne. Léon n’arrête pas de dire que du temps de son père, c’était autre chose
l’éducation des petits et qu’il les tenait tous avec la ceinture, qu’ils ne
rigolaient pas souvent lui et ses frères. Il en parle en plaisantant, comme si
il était nostalgique. Si mon père avait su ça, il ne m’aurait pas laissé l’épouser.
Mais personne ne sait jamais comment la vie va. On croit qu’on fait les bons
choix, et puis voilà. C’est comme la chanson de Dalida que maman écoutait à la
radio : on rêve du grand amour, de quelqu’un qui nous dit qu’il nous aime
pour toujours… et puis un matin on se retrouve avec des bleus plein les cuisses
et on se rend compte qu’on s’est trompé. Et il n’y a plus grand-chose à faire.
Je me souviens, du
bout des lèvres, j’en ai parlé à ma mère qui était venu pour la Saint-Jean, il
y a deux ans. Assise à cette même table, elle a continué à peler les pommes de
terre, puis au bout d’un long silence, m’a dit que dans la foi, on trouvait
souvent bien du réconfort. J’avais alors songé à notre curé auprès duquel je ne
manquais jamais de me confesser et qui lui, ne manquait pas de me sermonner sur
l’obéissance que je devais à mon mari. Je n’étais donc pas revenu sur le sujet.
Par contre, Françoise l’avait fait, c’est d’ailleurs ainsi que nous nous étions
connues.
La plupart des femmes du village et moins
étions à la salle des fêtes, pour préparer les bouquets de fleurs en vue de la
Toussaint, le lendemain. A la campagne, il y a peu de moments distrayants, à
part les fêtes religieuses, et Léon ne m’avait pas encore interdit d’y aller à
l’époque. Les discussions allaient fort, bien que chuchotées. Ça parlait naissances
et mariages dans la commune.
— Trois de
prévu pour l’année prochaine, avait commenté une dame à ma gauche, le curé va
avoir du travail !
— Oh pas tant
que ça ! avait rétorqué Françoise. Généralement, il ressort le même
discours à toutes, non ? Femmes, avait-elle alors cité en prenant un air
solennel, soyez soumises à vos maris, afin que, si quelques-uns n’obéissent
point à la parole, ils soient gagnés sans parole par la conduite de leurs
femmes !
Quelques rires
avaient fusé dans le groupe, vite tus par les œillades assassinent des petites
vieilles plus loin. Françoise m’avait alors fait un clin d’œil, reprenant comme
de rien son ouvrage. Plus tard, elle m’avait accompagné un bout sur le chemin
et m’avait demandé si elle m’avait froissé par sa réplique car elle m’avait
trouvé bien silencieuse.
— Oh non !
avais-je dit en rougissant. C’est juste que je n’ai pas grand-chose à raconter.
Mais vous m’avez fait rire, je vous assure.
—
Il sermonne continuellement toutes les femmes de cette manière, vous savez.
— Vous aussi ? avais-je osé demander en jetant un œil à son alliance.
—
Il aimerait bien ! Mais malheureusement pour lui, je suis veuve !
— Toutes mes condoléances, je suis navrée.
— Ne le soyez pas, j’ai de la chance au contraire. Ce qui n’a pas l’air
d’être votre cas, avait-elle dit sans détours en observant ma pommette qui
virait enfin au jaune et m’avait empêché de sortir pendant une semaine.
Mortifiée,
j’avais bredouillé des prétextes de porte et d’escaliers, ramenant
maladroitement une mèche de cheveux contre ma joue. Elle avait alors incliné la
tête sur le côté, et m’avait souri, indulgente, me montrant clairement qu’elle
n’avalait pas mes couleuvres. Elle avait ensuite dégagé la mèche avec laquelle
j’essayais de cacher l’hématome et l’avait replacée derrière mon oreille, dans
un geste très tendre, un geste qu’une mère aurait pu faire. Ça m’avait donné
envie de fondre en larmes, là, tout de suite devant elle. A compter de ce jour,
nous étions devenues amies, malgré Léon, malgré ma vie, de la manière la plus
simple qui soit, mais surtout secrète. Je n’avais pas eu besoin de lui expliquer
que si mon mari était au courant, il m’interdirait de la voir. Françoise avait
compris toute seule, Françoise comprenait tout.
Trois coups
discrets à ma porte me font sursauter. Je m’immobilise, le cœur prêt à sortir
de ma poitrine. J’écoute mais rien de plus. C’est le deuxième signal. Dans une
heure, j’irai chercher les enfants à la sortie de l’école. Je passerai par la
grande rue et je devrais voir un foulard rouge, noué aux barreaux du portail de
la mairie. Aux yeux de tous, il aura l’air seulement ramassé et déposé
là ; pour moi, il signifiera que tout continue. Je prendrai les enfants,
chacun par une main et sous prétexte d’aller chercher le lait chez madame
Piguet, nous emprunterons le chemin du bois. Dans mon bidon qui devrait être
vide, j’aurais pris le maximum d’affaires et quelque chose à grignoter.
Ensuite, juste avant la ferme, dans le virage, son cousin nous attendra dans sa
voiture. Françoise sera là, elle me remettra un peu d’argent, une autre valise
et des adresses successives jusqu’à nous rendre à Paris.
— Paris ? Mais c’est si loin !
m’étais-je exclamée quand elle m’avait exposé son plan.
— C’est la seule ville où vous pourrez
être tranquille. Ils ont ouvert un centre, à Clichy, tu y trouveras de l’aide
pour repartir à zéro. Et Paris, ça a l’avantage des grandes villes, on y est
très vite anonymes. Léon ne pensera même pas à t’y chercher.
— Qu’est-ce que je
dirais aux enfants ?
— Le moins
possible… trouve quelque chose, n’importe quoi.
Alors je leur
dirai que leur père est mort, que c’est pour ça que nous quittons notre
village, que nous n’avions plus d’avenir ici. Ils sont petits, Juliette n’a pas
six ans, ils ne poseront pas trop de questions. Certainement on aura peur, mais
je ne peux plus continuer comme ça, à me demander si un jour il ne me tuera
pas, moi ou Gaspard peut-être, qui m’a dit qu’il me défendrait la prochaine
fois.
D’y avoir réfléchi
à nouveau m’a fait du bien, mais il me faut quelque chose de fort. J’avise la
bouteille de whisky rangée au dernier étage du vaisselier. Je me souviens la dernière
fois que j’y ai touché.
Mon cousin était
de passage et s’était arrêté me dire bonjour. J’étais si contente de sa
visite ! A part Françoise, je ne discutais avec personne. Léon m’avait finalement
interdit de participer aux œuvres de l’église. Mais Léon était à Saint-Flour,
j’étais seule avec les deux petits alors je lui avais ouvert grand la porte et
servit un verre tandis qu’il me donnait des nouvelles de ma famille. Sur
l’instant, je n’avais pas vu le mal à lui donner un peu du whisky de Léon, c’était
quand même mon cousin ! Mais quand le soir venu, Léon s’en était rendu compte,
il était devenu fou. Il m’avait hurlé que la bouteille avait vingt ans d’âge et
que ça coûtait si cher que j’allais en pleurer. Les coups s’étaient alors abattus
sur moi. D’abord des gifles, puis des coups de poing et des coups de pieds. Ça m’avait
étonné d’ailleurs, parce qu’il savait que j’étais enceinte pourtant, mais rien
ne l’avait arrêté ce jour-là. Je m’étais réfugiée contre le mur à côté de
l’évier, me protégeant du mieux que je pouvais, mais même une fois à terre, il avait
continué à s’acharner sur moi. Après, bien-sûr, il m’avait dit qu’il
regrettait, qu’il n’aurait pas dû cogner aussi fort. Mais quelle importance, le
petit était passé et je n’avais plus que mes yeux pour pleurer, il avait tenu
parole là-dessus.
Le liquide ambré
me brûle délicieusement la gorge, mais ne m’apaise pas. Je me pose plein de
questions : et si ça ne marche pas, si quelqu'un nous voit partir et
l’avertit ? Et si je n’arrive pas à m’en sortir toute seule après, qu’est-ce
qu’on va devenir moi et les gosses ? Et s’il nous retrouve, qu’est-ce
qu’il me fera ?
— N’y pense pas,
me dis-je à voix haute, ne pense qu’au plan !
L’heure approche
d’aller récupérer les enfants. Je passe mon manteau et mon foulard. Je prends
le bidon, jette un dernier regard à la cuisine et referme doucement la porte
derrière moi. Tous les bruits me semblent amplifiés. Le cliquetis de la
serrure, mes pas dans l’escalier, le timbre de l’horloge… Je salue de la tête
le facteur dans la rue, je regarde droit devant moi, tendue vers mon but, je ne
dois pas en dévier. Le trottoir, les pavés, la mairie, le foulard, l’école. Mes
bras qui se tendent vers mes petits, puis Gaspard à ma gauche et Juliette à ma
droite, comme d’habitude. Le carrefour, toujours tout droit, le chemin, les
arbres, le ciel si bleu soudain et Françoise, adossée à la portière de la
voiture.
— On ne va pas
chercher le lait ? me demande Gaspard, lui qui aime tant aller compter les
vaches.
— Non, finalement
non. On va faire un tour en auto, d’accord ? Je vous expliquerai plus
tard, montez dans la voiture.
Ils sont bien trop
contents pour protester. Moi, tremblante, je pose mon bidon sur le siège
passager.
— On y est, me dit
Françoise avec un sourire, avant de me présenter son cousin. Il est conducteur
de bus, il a l’habitude de rouler longtemps, ne t’inquiète pas. Après, tu
n’auras qu’à suivre les consignes, je t’ai tout noté ici, me dit-elle en me
tendant un petit bout de papier plié en quatre.
J’acquiesce en
silence, je n’arrive pas à parler. Françoise s’approche et me prends dans ses
bras et je ne réalise qu’à cette minute que plus jamais je ne la reverrai.
— Ne m’écris pas,
dit-elle comme si elle lisait dans mes pensées. Envoie-moi juste une carte
postale, sans rien d’autre, et je comprendrais, d’accord ?
A nouveau, je
hoche la tête.
— Tu vas me manquer, parviens-je à dire
dans un sanglot, tandis qu’elle me serre plus fort.
— Ça
va aller, dit-elle en desserrant son étreinte, se tournant immédiatement vers
son cousin pour lui remettre les dernières indications. Faites bonne
route ! nous lance-t-elle tandis que la voiture démarre lentement.
Je me pelotonne
alors contre mes enfants qui collent leurs nez aux vitres et respire leurs
cheveux. Je laisse les larmes couler tandis que nous dépassons le panneau
indiquant le village, à la sortie du pont. Juliette s’extrait de mes bras et me
demande ce qu’il se passe, alors je leur raconte l’histoire que j’ai concocté. Le
cousin de Françoise me lance un regard approbateur dans le rétroviseur. Gaspard
se met à pleurnicher mais s’arrête assez vite. Juliette me dévisage et glisse
son pouce dans sa bouche avant de le retirer brusquement. Léon l’a frappé
tellement de fois pour cet acte qu’il considérait n’être plus de son âge.
Lentement, je lui prends la main et replace son pouce en lui souriant. Pendant
de longues secondes, nous nous observons, puis je vois son sourire inonder son
visage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire