samedi 3 mai 2014

Le Roi manchot

Cette rumeur ne l’inquiétait pas, étant décidé à aller jusqu’au bout. Même si la reine des rhinocéros noirs, était une démone, il était persuadé qu’elle ne pouvait pas faire face à la puissance de ses traits. La route vers Cardioza restait sa plus grande préoccupation, s’attendant dors et déjà à lutter contre toute l’armée de ces rebelles armés de lances et de poignards.Il lui était difficile de trouver le sommeil. D’un bond, il se leva de son lit, sortit de sa chambre et vint se laisser choir sur le gazon de la cour du palais, mouillé par la rosée. Le regard perdu dans la voûte céleste, il se laissait au dépourvu des milles et une pensées qui tourmentaient son esprit. Plus que quelques heures pour partir à la plus grande aventure de sa vie. Oui ! Partir guerrier et revenir roi, cela lui semblait raisonnable. Les voix des servantes lui parvinrent, dans le silence de la nuit étoilée.Le roi venait encore de faire un malaise. Tout le palais fut aussitôt sur pied. Il reconnu, qu’il n’avait plus beaucoup de temps, devant lui. Offrir à sa majesté la tête de la reine des rhinocéros noirs, c’était le prix à payer pour monter sur le trône. Rien ne pouvait résister à cette dernière volonté du souverain. Ces dernières années, il les consacra à une lutte acharnée contre cette faction des maudits des dieux et abattre leur chef serait le symbole du triomphe. Les insurrections du royaume contre les rhinocéros noirs a commencé sept ans auparavant mais ces deux dernières années, la lutte fragilisa la couronne et divisa l’opinion publique. Une guerre sans fondement dans laquelle la monarchie s’était rangée, décimant, sa propre population. Autour du roi, cette guerre faisait l’unanimité et même ceux qui en réalité comprenaient la magouille, n’avaient d’autres choix que d’être des pantins et d’être à sa solde. Toutes les tentatives menées par la nouvelle autorité des rhinocéros noirs, pour un dialogue, se soldèrent par des échecs cuisants. Personne n’avait dans cette affaire songé au peuple. Oui ! A ce noble peuple d’Aded-Nou. Perdu dans l’immensité de la grande forêt équatoriale dite des abîmes, le royaume était peuplé en majorité par d’habiles chasseurs appelés les Adélans. Tous les jours de leurs vies, se passaient sur ces terres où prospéraient une faune et une flore riche en espèces. La tribu des Assafo intendante au trône régnait sans partage sur le royaume. Quand naquit sous le règne du roi Dagot, le prince Kiko, celui-ci offrit en sacrifice au dieu protecteur du royaume, un lion qu’avaient combattu dans les arènes de la mort, sept chasseurs mutilés condamnés à la peine capitale pour avoir abattu accidentellement, un sanglier, animal sacré. Cette offrande écœura plus d’un mais la position du monarque coupa le souffle à toute contestation.Le temps passant, le prince grandissait et la royauté se dessinait dans les traits de son visage. A 12  ans, il partit seul de nuit, à sa première chasse dans la grande forêt à l’insu de ses parents. Il reviendra au bout de trois jours. Allongés, dans l’herbe humide auprès du feu de bois, sa majesté lui conta les récits les plus invraisemblables sur les grands Assafo, fondateurs du royaume Personnages puissants, qui ne reculaient devant rien et qui possédaient l’intelligence et la ruse qu’incarne le sanglier. Le prince dégageait à présent, l’aura d’un guerrier.
Un soir que le jeune prince âgé de seize ans à cette époque-là, sortit seul au coucher du soleil, il arriva, au bord d’un grand fleuve appelé Tog-ganou dans les contrées nordiques. Une jeune fille de son âge poussait une pirogue sur l’eau, aidée de deux jeunes gens. Un homme y était assis, un filet dans la main gauche, son bras droit étant amputé. Kiko s’approcha de l’adolescente qui avançait dans l’eau.Lorsque la jeune fille lui tendit la main et le tira dans la pirogue, elle était loin d’imaginer que c’était le prince. La pêche était plus drôle et moins dangereuse que la chasse pensait Kiko, lorsqu’ils revinrent de la tournée sur le fleuve. La nuit était déjà avancée et son absence avait été remarquée au palais. Quand Fiona avertit par son père, reconnu le jeune homme, une soudaine inquiétude s’empara d’elle. Mais rien ne pouvait persuader ce dernier à quitter la présence de la charmante fille. Il resta là deux jours et ses nuits à la belle étoile, à bavarder avec sa nouvelle amie. Désormais, ses jours se passaient sur le grand fleuve, pêchant des truites avec Fiona. Ce qu’il ignorait est que tous les mutilés qui formaient le village de pêcheur de Kardanoma étaient des victimes de son père, qui s’amusait à amputer la main droite à tous ceux qui murmuraient dans son dos, hauts dignitaires, bourgeois... Il les avait nommés, les maudits des dieux car Aded-Nou étant une contrée d’archers, un mutilé perdait toute la valeur de son existence. Il lui était impossible de tirer à nouveau à l’arc. Vomis par la société à cause de leur handicap, ces hommes se reconvertirent dans la pêche. Dès que certains apprirent que Kiko, venait souvent à Kardanoma, ils projetèrent de le faire mourir et de porter un coup fatal à la couronne. Mais l’intervention de Harno, père de Fiona et des anciens calma les ardeurs. Bientôt, le prince perdait le goût de la chasse et s’attachait à la pêche aux truites et aux silures. Cette situation dura deux années et les liens se resserrèrent entre le prince et sa belle Fiona avant que la nouvelle ne fut portée à la connaissance du roi au prix de la vie du messager. La colère de celui-ci s’enflamma et il cria au complot contre la vie de son enfant. Il envoya ce dernier en forêt en compagnie d’une dizaine de chasseurs de renoms pour deux mois. Pendant ce temps, il mit à sac le village des pêcheurs et mis à mort tous ceux qui tombaient sous la main de ses soldats. Les survivants, franchirent le fleuve et allèrent se réfugier en forêt et fondèrent Cardioza. C’était la goutte qui fit déborder le vase. Des soulèvements eurent lieux à Oclor, à Nadasor, à Helepsor-Noma et dans une dizaine de bourgs qui se rallièrent à la cause des manchots. Les fils et filles des mutilés reçurent le soutient de plusieurs partisans et formèrent le clan des rhinocéros noirs, en opposition au sanglier sacré. A son retour, Kiko fut mis au courant des événements. Le village de pêcheurs devenu une ruine emporta avec lui tous les meilleurs souvenirs de la belle vallée. Fiona était aussi portée disparue. Deux années s’étaient écoulées avant que le jeune homme ne porta un dernier coup à la rancœur qu’il avait nourrit à l’endroit de son père. Finalement par la médiation des anciens, tout revint en ordre et le vieux singe plaça son fils à la tête de la grande armée des Adélans. Le prince devint la marionnette du souverain et remportera une victoire écrasante sur une dizaine de bastions rebelles se faisant ainsi un nom, le redoutable guerrier de la vallée de Tardasso. Au cours de leur dernière bataille, le souverain, venu faire revue des troupes fut victime d’un mauvais sort venant de la jeune reine des rhinocéros noirs. Il en résulta une maladie mystérieuse que nul dans le royaume ne put guérir. C’était la fin des guérillas sauvages. Aujourd’hui, une seule chose comptait pour sa majesté au bord de la tombe, la tête de celle qui l’a plongé dans ces années de douleurs. Le coup de grâce devrait être porté par le futur roi. Il voulait être sûr que son fils exterminerait cette menace à tout jamais. Le jour se leva plein de surprises et d’aventures. Les deux compagnons de mission du prince vinrent au palais recevoir en personne du souverain, les consignes. Le prince était encore dans le sanctuaire du dieu Adélanou, le protecteur des chasseurs consultant les morts auprès de la prophétesse Adasossivi.
-Tu ne seras plus le même lui avait répété incessamment la prêtresse. Certes tu deviendras roi mais ce que tu auras à payer en retour comme tribut est trop lourd pour toi.
-Aucun sacrifice n’est trop grand lorsqu’il s’agit de monter sur le trône des Adélans, s’empressa de répondre Kiko.
La nuit tombée, les trois chasseurs prirent la direction de Cardioza, située au nord de la forêt. C’est là que les troupes des rhinocéros noirs s’étaient retranchées après leur dernière escapade suite à la défaite de Tardasso. Le carquois au dos, la gibecière en bandoulière, l’arc à la main, la dague dans son fourreau ceint aux reins, les trois hommes s’avançaient vers le but. A Aded-Assafo, capitale du royaume, le peuple se préparait au retour de son futur roi. Marchant dans les bois ténébreux, aux aguets, Kiko, perçut au loin un bruit étouffé de pas. Il s’immobilisa et ses amis à leur tour. Le silence qui s’installa, fut pesant. Il n’eut plus aucun signe. Environ trois minutes s’écoulèrent avant que la marche ne reprit. Une heure plus tard, la compagnie arriva au premier point de ralliement où ils décidèrent de camper pour la nuit. Impossible de trouver le sommeil, tant le désir de devenir les héros du royaume, bouillonnait dans leurs veines. Camar contemplait le pendentif que sa douce fille Eméfa lui avait confectionné pour son départ. Agadh quand à lui, dessinait des figures sur le sable éclairé par le feu de bois. Brusquement des craquements sourds se firent entendre. Quelque chose se rapprochait d’eux à une allure vertigineuse. Les arcs armés de flèches, ils attendaient patiemment. A la lueur des flammes, ils discernèrent trois rhinocéros montés de guerriers brandissant des lances épaisses. C’était les rhinocéros noirs. Une lance frôla la tempe du prince. L’instant était fatal et il fallait se disperser. Les trois mammifères s’acharnèrent sur le feu de bois et l’éteignirent. Embusqué, Camar lâcha sa première flèche qui transperça le cou de l’assaillant qui tomba au sol. L’animal devint comme fou et se rua sur le chasseur dont le second tir vint lui loger entre les deux yeux. Dans sa course folle, il vint heurter l’ébénier qui se trouvait sur son passage et mourut. Avant que Camar ne se retournât, la lance du deuxième guerrier transperça sa jambe droite.Il s’écroula, agonisant, incapable de se relever. Prit pour cible par son bourreau qui se dirigeait droit sur lui, il tentait de reprendre sa lance et la flèche dont il l’avait armé. Aussitôt que le gros mammifère arrivât à sa hauteur, il poussa un cri de douleur. Les flèches tirées par Kiko, avaient transpercé le cœur du guerrier et briser les deux pattes. Agath blessé légèrement au cou, était prit dans une course folle à travers les bois où à plusieurs reprises, il avait esquivé de justesse la lance de son assaillant. Kiko ajusta son  tir et atteignit l’homme au bras droit. Avant que son deuxième coup ne parti, il s’échappa avec sa monture à travers les bois. Le silence domina la forêt en un instant. Les trois compagnons, se groupèrent mais il n’était plus question de rallumer le feu. Ce serait s’exposer à nouveau.A l’aube, ils levèrent le camp après avoir inhumé leurs victimes et soigné l’animal blessé. Plus que deux jours de marche à travers l’immensité de la forêt pour arriver à Cardioza. Camar marchait avec grande peine. Le garrot qu’Agadh lui avait placé pour stopper l’hémorragie avait été remplacé par un pansement fait à base d’écorces de plantes. Au couché du soleil, ils arrivèrent sur le rive de la Loza, une rivière affluent, du fleuve des abîmes. L’endroit était favorable pour attirer leurs ennemis dans un piège. Au milieu de la nuit des craquements sinistres se mêlèrent à celui des bois qui se consumait dans le grand feu allumé sur la berge. Les visiteurs attendus étaient là. Le feu de bois attira à nouveau les gros mammifères montés d’hommes armés de lances.Au signal convenu par les trois chasseurs, les rafales de traits, s’abattirent sur les inconnus. Le prince avait décrété de ne plus faire mourir les montures mais de les neutraliser par des tirs ciblés aux pattes afin de les soigner après. En plus de quoi, la vie des assaillants devraient être le plus possible épargnés. En réalité, il voulait par là éviter que la reine ne soit tuée par un autre. Il se réservait le droit d’en finir avec elle. Après quelques minutes tapis dans l’ombre, ils sortirent des bois et vinrent constater les dégâts. Avant qu’ils n’aient le temps de placer quelque mot, des dizaines de flèches, fondirent sur eux. Sur ce, Camar s’écroula au sol. Touché par deux tirs à l’abdomen et au cou, amoché et baignant dans son propre sang, il était resté cloué à terre. Réfugiés en toute vitesse derrière deux arbres, ils comprirent que d’autres guerriers en appuis aux précédents avaient suivit la scène de leur attaque cachés dans la pénombre. Un silence de cimetière plana après l’assaut. Kiko se rendit compte que leurs assaillants étaient en mouvement pour tenter de les cerner. Alors la fine oreille du jeune prince se mit en branle et le moindre faux pas, le moindre bruit étouffé de pas suffisait pour transpercer la victime d’un tir adroit. Le redoutable guerrier de la vallée de Tardasso vint seul au bout de la dizaine d’hommes. Lorsque le calme revint, il fut déjà tard pour sauver le brave chasseur qui s’était vidé de son sang. Ses deux amis le pleurèrent et l’inhumèrent. Kiko s’éveilla de son cauchemar habituel tout transpirant. Agath dormait profondément. Perdu dans ses pensées, il perçu un bruit dans les buissons. Il tira son poignard et se leva. Une jeune fille voilée sortit de l’obscurité et s’avança.
-Qui es-tu demanda Kiko d’une voix teintée d’inquiétudes. La réponse ne tarda pas. La jeune fille se contenta de soulever son voile de son cou et de laisser apparaître la marque du rhinocéros noir. Les mains du prince se fortifièrent. La reine tant cherché était là devant lui.
-Qu’as-tu fait jeune fille pour que les dieux te livrent à ma merci ? Il eut droit au silence en guise de réponse. Elle vint se prosterner au pied de l’homme.
-Gloire au prince et futur roi des Adélans, fit elle avant d’ajouter je viens m’offrir à toi en guise de sacrifice suite aux rumeurs qui me sont parvenues.
-Et que disaient ces rumeurs demanda le chasseur qui recula de trois pas par prudence
-Le trône des Assafo à besoin de répandre à terre mon sang et de fouler au pied ma tête pour que le futur roi puisse entrer en possession de la couronne. Mais j’ai un seul souhait.
-Quoi donc ?
-Que vivent en paix sous ton règne, ce peuple que ton père avait pris plaisir à mutilé et que tu as de toute ardeur combattue. Ces hommes que tes amis et toi avez tués hier et aujourd’hui, ont laissé derrière eux des orphelins que demain tu écraseras à leur tour. Mon souhait est que cette guerre cesse avec son cercle d’effusion de sang. Mon noble et sage prince c’est là mon vœu.
-Ce n’est pas à toi de décider que cette guerre finisse ou non. Je te laisse partir en paix pour cette fois. Mais demain à la tombée de la nuit je trancherai ta tête de mes mains, je l’ai juré.
-Pourras-tu me regarder dans les yeux et trancher ma tête prince Kiko ? Non je ne le crois pas. A moins que tu ais effacé de les souvenirs de ces terres de prodiges où tu passais tes journées à patauger dans l’eau du fleuve en pêchant des truites ? Dans cette vallée personne ne t’avait méprisé pourtant ton père nous a rendu le mal pour le bien et toi avec. As-tu déjà oublié que les hommes de cette contrée t’avaient donné leur fille ? Celle qui t’as aimé et qu’en retour, tu as abandonnée ?
-Qui es-tu pour parler ainsi s’emporta le prince en brandissant son poignard.
-Celle, que tu as abandonnée après lui avoir promis une place à tes côtés dans le palais des Adélans. Fiona, conclut-elle en ôtant son voile. L’effet porta. Kiko n’en revenait pas à ses yeux.
-J’ai cru que tu étais morte répondit-il froidement.
Agath qui s’était éveillé suivait la scène. Doucement il arma son arc d’une flèche tirée de son carquois. Il avait reçu du roi, qui connaissait bien l’identité de la reine des rhinocéros noirs, l’ordre d’abattre celle-ci, si le prince ne se montra pas à la hauteur.
-Prince Kiko, il était déjà tard pour retourner en arrière. J’ai décidé de sacrifier ma vie pour la liberté de mes frères de circonstances alors tues moi.
Le jeune homme n’en revenait pas il s’avança pour la prendre dans ses bras quand une flèche atterrit dans les bras de celle-ci. L’homme se retourna et échappa de justesse au deuxième tir qui se planta dans l’omoplate de la reine.
-Arrêtes, ordonna Kiko en menaçant son compagnon de son poignard. Il ne prenait point garde à lui et prenait à nouveau pour cible celle-ci qui de son mieux tentait de se frayer un chemin à travers les bois. Une lutte se déclara entre les deux frères d’armes à la faveur du redoutable guerrier de la vallée de Tardossa qui blessa Agath à l’abdomen.
-Achèves moi prince Kiko ou tu le regretteras avait-il lancé au prince qui s’en allait. Il n’avait pas de temps à perdre. Il devrait à tout prit rattraper Fiona et la soigner. La jeune fille tomba à nouveau sous un tir qui lui transperça la jambe droite. Elle se releva et se remit en route, titubant. Le chasseur était décidé à en finir. Le fils du roi, accourut et l’assomma et revint sur ses pas. Il rattrapa Fiona au guet Nansoupa situé en amont de la rivière Loza. Il l’embrassa et la prit dans ses bras. Ils pleurèrent l’un sur l’autre.
-Tu saignes mon prince remarqua t’elle suffocante.
-C’est sans importance maintenant. On va te soigner répondit-il en levant la tête vers les guerriers de la reine qui arrivaient par le guet.
-Promet moi de protéger ce peuple fit elle à l’endroit de son bien aimé.
-Je te promets, on le protégera ensemble.
Elle tira le poignard de Kiko de son fourreau, poussa se dernier de côté et transperça le cou d’Agath de la lame. La reine des rhinocéros noirs avait sauvé le prince au prix de sa vie. Elle reçut dans sa poitrine la flèche que le chasseur avait destinée au prince.
-Que le prince vive et préserve mon peuple murmura-t-elle.
Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille mourante. Un dernier baisé, un baisé d’adieu ensanglanté. Malgré ses appels incessants et les soins de ses compatriotes, elle soupira. Une soudaine inquiétude fit frémir, son être tout entier. Il posa le corps à terre. Tous les guerriers vinrent pleurer leur reine. Une chose était certaine, il venait de perdre définitivement la jeune fille de Kardanoma. Il sortit son poignard et le posa sur le cou de celle-ci. Tous fermèrent leurs yeux remplis de larmes. C’était leur fin.
            La sentinelle postée sur la tour de guet alertèrent les gardes qui ouvrir la porte. Le futur roi venait de faire son entrée sur un rhinocéros noir. La trompette retentit et en une fraction de seconde, le palais fut submergé. Le roi sur son trône, était entouré du conseil des anciens. Le jeune prince s’agenouilla devant son père et lui baisa les pieds et y déposa un linge. S’étant retiré de deux pas il s’adressa au souverain en ces termes :
-Trouve ici grand roi Dagot, ta consolation et puisses tu t’en aller en paix auprès de tes pères.
Le roi donna l’ordre qu’on dénoua le linge. Une main d’homme, ensanglantée s’y trouvait.
-A qui appartient cette main prince Kiko demanda au bord de l’explosion son altesse.
-C’est la mienne ! Pardonnes moi père de n’avoir pas pu me montrer à la hauteur de tes attentes.
-Tes compagnons ont-ils osé te porter la main dessus ? Dit le moi afin que leur descendance soit anéantie.
-Personne mon roi ne pourrait dans tout ce royaume faire du mal au futur roi que je suis. Même pas les nobles hommes de Kardanoma qui ont péri par tes mains. Cette main incapable de couper la tête à leur reinen’avait donc d’autre sort que d’être mutilée.
-Comment as-tu pu te permettre de te mutiler, toi le seul héritier du trône des Adélans ?
-Puisse le roi être apaisé dans sa colère. Et se tournant vers le peuple rassemblé dans le palais, il leva son avant-bras droit mutilé et dit : ‘‘ Peuple d’Aded-Nou, n’est ce pas nos braves aïeuls qui ont bâtit ce royaume et dompté les fauves qui s’y trouvaient ? Etaient-ils divisés ? Non ! Sinon leurs œuvres n’auraient point abouties. Avaient-ils parmi leurs frères, des esclaves, des maudits ? Non ! Puisque la devise des chasseurs qu’ils étaient, est solidarité.Au commencement il y avait, un peuple et une seule terre. Alors j’ai ôté ma main droite de mon corps pour qu’à chaque fois que vous voyez votre roi, que vous tolérez votre frère qui comme lui est manchot. Je déclare absurde cette guerre contre les maudits des dieux. Unité c’est désormais le mot d’ordre. Dagot laissa tomber la main inerte de son fils. Une hystérie le frappa.Il mourut à l’aube et son fils monta sur le trône. Tout le peuple vénérait la sagesse du nouveau roi.

La dépouille de Fiona, reine des rhinocéros noirs, fut ramenée de Cardioza et inhumée dans le mausolée royal. Elle devint l’emblème de la lutte pour la liberté des Adélans, jusqu’à ce jour.

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