Arpentant cette grande avenue, ou les manifestants viennent admirer l’Arc de Triomphe pour que leurs idées en fassent, dans le but de retrouver ma voiture stationnée, je ne sais plus ou dans une rue adjacente, tout loisir m’est autorisé à faire du lèche vitrine, en tournant en rond.
Les beaux quartiers c’est toujours ambiance de luxe et de fêtes. Des articles qui te séduisent mais des étiquettes qui te font douter de la véracité des prix proposés, si tu les rapproches du montant d’un salaire moyen.
« Tiens ! », une devanture folklorique « tout l’ouest des USA comme au temps des garçons vachers de l’époque » mais en américain dans l’intention. Et le message.
J’admire comme le fils du « voleur de bicyclette » film italien, l’étalage de pâtisseries. En salivant …
Je « badaude » ébahi d’envies. Je joue à « quoi je choisirais si … » comme un gamin devant un catalogue de prestige ou pour les plus anciens, au pied d’un mât de cocagne copieusement garni bien qu’ incapable de me hisser tout en haut pour le jambon cru entier, à décrocher. De même pour des confitures sur l’étagère la plus élevée du placard familial.
Cela m’était déjà difficile. Pas prédisposé à la « folie des hauteurs ». Entre deux articles proposés à la tentation, une superbe photo de 3 chefs indiens parés de leurs longues coiffes de cérémonie, sac à pipe perlé en main, un calumet qui se transmet, autour d’un feu, au centre d’un tipi. Grandiose.
Sauf que j’en installe régulièrement en vitrines des dizaines, les mêmes, suspendues dans des magasins, ou en décorations attractives en des lieux de promotion commerciale. Les autres (les miens) avec une marque et un slogan non (soigneusement) amputées comme ici.
J’entre. J’identifie la patronne. « Bonjour, madame, c’est quoi cette magnifique photo de chefs peaux rouges dans votre vitrine ? ».D’un culot assuré, assumé aussi, elle m’affirme fièrement : « c’est mon mari qui l’a ramenée des Etats Unis ». Pinocchio aurait transpercé de son appendice nasal la totalité des clients et de la porte d’entrée comme un lancier du Bengale en pleine charge. Même l’avenue, je pense.
Le magasin du « Bon Marché » en accord avec le département culturel de l’ambassade américaine avait conclu une semaine « Amérindienne » à tous ses étages. Et dans ses immenses vitrines d’époque « étalagées » sur le thème de cette épopée.
J’avais conclu un accord pour décorer l’une d’elles et venir animer un jeudi, jour des enfants, des jeux autour de mon thème promotionnel, avec des figurants. Déguisés ?. Non pas du tout « costumés ». Avec le plus grand soin. Maquillés de même. L’acheteur me propose de reporter ma promotion pour ne pas ridiculiser « ma » troupe. Que nenni ! je maintiens et même je m’en enorgueillis. Renseignements pris, nous attendons à l’aéroport du Bourget, l’avion de la délégation des USA.
« Nous », en costumes d’époque, certains récupérés lors de la visite du « Wild West Show » de Buffalo Bill à Paris. Des pièces de collection, de musée, de l’histoire même. Les membres de la représentation, passagers, des différentes tribus conviés à ce voyage sont habillés en « civils » pour le trajet. Avertis de notre présence ils réclament leurs valises, leurs effets, pour descendre avec leurs plus beaux atours. Reconstitutions récentes approximatives, critiquables quant à la véracité de leurs copies, de leur origine territoriale.
Exemple : A une époque chaque tribu qui peignait leurs tentes, qui tissait, coloraient leur laine issue de différents animaux avec les ingrédients naturels de leur environnement. Leurs signes tribaux. La tradition. Les acheteurs blancs constatant de meilleurs ventes des tapis les plus chatoyants, des critères furent imposés de force. Conclusion perte des symboles propres, tribaux, claniques, et même régionaux. Standardisation des couleurs criantes aidée par les teintures chimiques importées.
Puis, avec le temps, copies « made in japan ». « In china » aujourd’hui. Un ami « indianiste » avait des correspondants, gardiens, soigneurs, dans les zoos européens, au niveau des volières. Chaque fois qu’un aigle royal perdait une plume, il l’achetait. Après des années de collectes il possédait une coiffe superbe confectionnée par ses soins, une médaille remise en gage de paix d’un président américain et une veste parée de milliers de perles en bandeaux qu’il avait cousu « à l’ancienne » pendant une année entière sur un métier à tisser traditionnel. Un puriste. Son épouse portait un berceau Cheyenne dans le dos, que bien des musées auraient voulu acquérir.
Pour vous imager la comparaison. Et vous faire travailler l’ imagination, une question : « Savez vous comment reconnaître une bande perlée sur des mocassins, des « mitas » (jambières) ou tuniques ?. Authentiques reliques ou simples copies ? » … Non ?.... Enfiler des perles sur un fil nylon ou autre lien moderne, maintient le dessin impeccable, les peaux rouges utilisaient de fins boyaux. Avec le temps, ils se dessèchent avec un tension différentes et les dessins bougent deviennent un peu décalés … Voilà un secret dévoilé !
Le reste faisait parti de la collection, parfois (souvent) de la confection d’un passionné du Vésinet (78). Une robe de fille de chef fin 18ème, avec plus de cent milles perles était le « clou » de notre panoplie. Notre « Joconde » à nous.
Je me la suis faite volée dans mon estafette Renault, une nuit. Oui, avec la camionnette en plus, retrouvée à Morangis. Pillée. Cabossée. Découpée cette précieuse parure historique a certainement fait office de « peau de chamois » pour carrosserie. Plus qu’une rosserie un drame pour moi et pour le prêteur, inconsolable. Des explications difficiles avec notre assurance.
Pour notre support « Old west et ses cow – boys » nous recrutions une partie des participants passionnés d’un parc d’attractions ou ils « officiaient » régulièrement. Même le sachet de tabac dans la poche de chemise était authentique. Des policiers riaient de la ressemblance des copies de revolvers sans savoir qu’ils étaient d’authentiques « Colt frontier » en état de trouer ou tout du moins de faire du bruit. Musiciens, ils enregistrent de nombreux 33 tours qui me font encore imaginer « Booth hill ou O.K. Corral », le galop des bisons, ceux des mustangs et l’envie d’un verre de Bourbon dans un saloon au piano désaccordé en compagnie de Wyatt Earp ou de Billy the Kid.
Au cours de la préparation d’un « show », l’un d’eux, myope, habillé en capitaine de l’armée nordiste croit voir en lisière de forêt de Compiègne, ses « collègues » jouant la troupe ennemie. Dans son brouillard visuel, lunettes en sécurité. Il hurle, sabre au clair, « chargez ! », au grand galop, faisant des moulinets de sa lame étincelante.
Les paisibles cavaliers du club hippique local, en randonnée de débutants, effrayés, en cauchemardent encore.
Depuis, il conservait toute coquetterie ravalée, ses lunettes sur le nez, renforcées par des élastiques derrière la tête, dissimulés par son Stetson. Chevaucher, cela secoue.
Notre « sponsoring » prend racine dans un mini parc d’attraction créée en banlieue proche de Paris.
Tipis, tambour, feu de camp, peaux séchées tendues sur des cadres de branches, travois (perches pour transporter les effets, tirées par les chevaux) et un superbe bâtiment faisant office de musée. Des vitrines, des photos encadrées, des cartes, des collections de calumets, de tomawaks.
Des poteries vierges achetées dans le vingtième arrondissement de Paris sont décorées dans la tradition, par les squaws. « Vieillies » ensuite au cirage blanc pour la patine. Les céramiques pas les figurantes.
Un chanteur de rock ‘n’ Roll célèbre sera un moment le symbole et le showman de l’endroit. Y’a t’il mis le feu ? Un incendie de foin nous a mis en émois et s’est rapidement éteint vu le nombre de pompiers volontaires qui voulaient protéger notre bien et les moyens de sécurité mis en place.
Jeune marié, travaillant « normalement » en semaine, j’étais volontaire pour jouer le gérant, le gestionnaire, le guide - animateur pendant le week end. Pour concilier vie professionnelle et vie privée, mon épouse devint la plus belle jeune femme sioux du campement.
Le dimanche soir, tout fermé, figurants payés nous descendions une rue du Far West reconstitué, à cinquante mètres de notre bivouac pour dépenser sa rémunération dans un restaurant typique avant de regagner notre « sweet home ».Le lundi elle redevenait secrétaire de banque et moi même promoteur des ventes. La passion ne nous a jamais quittés depuis.
Savez-vous que la viande de bison, séchée, mélangée à sa graisse, conservée dans des boyaux, ressemble en plus « parfumée sauvage » à des rillettes ? A chacun ses valeurs … et ses souvenirs. J’ai des photos.
LEGER Michel (Breuillet)
LEGER Michel (Breuillet)
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