Souriez ! Je crois que
je suis suivi, il y a trop de gens bizarres dans cette rue. Les « blade
runner » sont à ma recherche, c’est certain ! Je ne veux pas finir
enterré au fond d’un jardin anglais. J’en ai des sueurs froides ! Pourtant,
j’ai bien respecté la Loi du Silence même si je sais que je suis l’homme qui en
sait trop.
Un vieux biplan est en train de survoler la
ville et nous envoie une bonne quantité de poudre jaune. Je n’arrête pas de
tousser. Quand je me relève, je constate qu’un curé en robe noire déguisé en
Don Camillo me regarde, il s’approche de moi et me dit « Monsieur, vous
avez vu cet avion qui sulfate alors qu’il n’y a rien à sulfater. Bizarre,
bizarre !
-Vous parlez de
l’avion ?
-Quel avion ?
-L’avion, le biplan !
-Comment ?
-Oui, vous regardez l’avion
et vous dites bizarre, bizarre.
-Moi, j’ai dit bizarre,
bizarre comme c’est étrange. Pourquoi aurai-je dit bizarre ?
-Je vous assure, Monsieur
le curé, vous avez dit bizarre.
-J’ai dit bizarre comme
c’est bizarre »
L’avion a disparu et le curé aussi. Un clodo à moitié aveugle, assis par
terre, me tend la main et me dit « Nous avons gagné ce soir ». Je me
débine vite fait, moi, je n’ai rien gagné et lui a tout perdu Une brune fait
les cents pas, elle a une sale gueule d’atmosphère. J’ai l’impression que plus
j’avance et plus il y a de monde derrière moi. Un mec en costard blanc à la
tête de tueur, accompagné d’un petit brun muni d’une batte de base-ball me
suivent de vraiment près. Je me retourne vite fait et leur demande « Au
fait, vous soutenez quelle équipe ? » Le petit me répond avec un fort
accent italien : « Les Incorruptibles de Chicago ».
Il faut que je garde en
mémoire, à tout prix, le message qui sauvera la vie des défenseurs de Fort
Alamo. L’armée des douze singes aidé des compagnons de la marguerite et des
sept samouraï ne pourra plus lutter longtemps contre l’Intendant Sansho et ses
chevaliers teutoniques. J’ai rendez-vous au cinéma avec une fille, une certaine
« Casque d’or ».
J’entre dans un cinéma
qui annonce sa dernière séance. Le film « Les raisins de la colère »
a commencé mais la grande dépression n’a pas fini de tourner en boucle. Je ne
suis pas là pour la famille Joad et pourtant, c’est mon film préféré. Il faut à
tout prix empêcher le complot des 39 marches. Je m’assois vite fait dans le
cinéma, il n’y a pas grand monde mais j’ai l’impression qu’on me guette. Il y a
un sosie de Charlot et la doublure de Tarzan mais c’est une blonde que
j’attends. Une grande rousse en robe longue et gants noirs s’assoit à coté de
moi et dit « Poupoudidou » C’est presque le code, mais, je sens le
piège. « Mais, vous deviez être blonde !
- Oui, je
sais mais on ne lui fait pas trop confiance, elle est
toujours en retard. » Effectivement, une belle blonde qui roule des
hanches, des yeux et de tout ce que possède une femme arrive vers nous, elle me
susurre à l’oreille « poupoupidou » . Maintenant, je m’en
souviens, c’est le vrai code. Ni une, ni deux, dans le doute, je flingue les
deux. La grande rousse lève la tête et dans un dernier soupir, murmure «Give my love to the
sunrise !»
De toute
façon, le vrai rendez-vous est au Cotton Club, je dois donner le Youkounkoun à
la panthère rose contre le secret de la
bombe atomique. C’est la seule solution pour sauver le fort Alamo.
Il y a une sacrée ambiance
au Cotton club, c’est la fin de la prohibition, ça s’arrose. Du champagne
jaillit de partout. Une grande black avec une jupe en bananes, porte un grand
magnum de « Veuve-clicquot » à ses lèvres. Les Marx Brothers tâtent
les seins des danseuses pour voir si c’est du lard ou du cochon. Mais, je ne
vois pas de panthère rose, il y a juste une panthère verte. D’ailleurs, elle
vient à ma rencontre et me demande si je l’ai. Je lui demande si on peut trouver un coin plus
tranquille. Nous allons à la piscine, il y a plein de billets qui flottent
dedans et un indien très hindou qui nettoie un éléphant.
Je
demande à la panthère pourquoi elle est en vert ? « C’est pour mieux
passer inaperçu » me répond-elle.
Je
lui donne le Youkounkoun, elle me donne la formule de la bombe A.
C’est
le moment de rejoindre Fort Alamo.
Tout
d’un coup, un grand bruit, : une vingtaine de flics débarquent, les
flingues bien visibles et les menottes aussi.
Un
grand type qui se prend pour Clint Eastwood hurle « Ici, l’inspecteur
Callahan, le premier qui bouge, je le cloue par terre avec mon Magnum. »
Je
me déguiserais bien en homme invisible mais je ne trouve plus le costume.
Tout
un tas d’olibrius en uniforme nous embarquent dans un grand fourgon.
A
l’arrivée, nous sommes jetés dans une prison qui devait être utilisé au bagne
de Cayenne. Je suis très fatigué, je partirais bien dans un grand sommeil mais
le grand type facho est de retour. IL me saisit par le colback et me tire
jusqu’à un grand hangar genre « réservoir dogs ». Il y a plein de
vietnamiens assis par terre qui jouent avec de l’argent.
Le
grand échalas m’attache à un siège, les menottes toujours dans le dos. En face
de moi, un mec à l’allure de catcheur italien fait les cents pas. Il se rue
vers moi en hurlant :
« Martinaud,
Maître Martinaud, qu’est ce que vous faisiez à côté du phare à trois heures du
matin ?
-Mon
nom est bond, James Bond.
-Martinaud,
qu’est ce que vous faisiez à côté du phare à trois heures du matin ?
-Des
fois, on m’appelle aussi François
Pignon. Mais, Martinaud, non jamais.
-Qu’est
ce tu faisais à côté du phare à trois heures du matin ?
- J’étais sur une péripatéticienne,
excusez-moi mais je ne connais pas de synonyme.
-Ecoute, mon petit gars, ou tu réponds sérieusement à ma
question ou je t’envoie jouer à la roulette russe avec les
« viets » ? Remarque, si tu veux, tu peux aussi jouer à la
roulette de dentiste avec le docteur Von Sydow ?
-Je préfère le jeu de l’oie.
-Quasimodo, Quasimodo, amène-toi, allez, tu
l’embarques, direction le palais de justice ! »
Quasimodo a une bosse mais, ça ne l’ empêche pas de me porter
sur son dos jusqu’au palais de justice.
Je suis à peine installé dans le box des accusés que la Cour
fait son entrée, en tout cas, c’est ce qu’ annonce un grand type tout costumé.
Le président de la Cour, enfin, je suppose que c’est lui, est
le sosie ou la doublure ou le clone de Charles Laughton, j’ai l’impression que
c’est lui.
En tout cas, il
annonce « La séance est ouverte, nous sommes tous ici réunis pour
condamner François Pignon, la parole est à l’avocat »
Un mec immense portant un casque noir, se dresse. Quand
il commence à parler, je sais pourquoi
on l’a choisi : on ne comprend rien à ce qu’il disait, on doit l’avoir
opéré de la gorge et il parle au moyen d’un vibraphone.
A la fin de sa plaidoirie, il vient vers moi, pose sa main
sur mon épaule, ne dit rien mais même à travers son casque, je sens qu’il a la
larme à l’œil.
Je ne sais plus trop mon texte mais je sens que c’est le
moment, je crie « Je suis innocent ! »
La copie de Charles Laughton demande au président du jury de
se lever.
Un mec avec une casquette des années 30 vêtu d’une salopette
se met debout et dit « Les douze
jurés sont d’accord, l accusé est coupable »
Le président annonce « En conséquence, le
condamné aura la tête tranchéeeeeeee comme dirait Fernandel »
Je hurle « Non, tout mais pas ça ! »
Laughton me regarde droit dans les yeux et déclare « Je
suis un juge clément et tiens compte de votre requête, vous serez
simplement…crucifié ! »
Un cow-boy ressemblant à un lieutenant de cavalerie arrive,
il est un mélange de Robin des Bois et du Capitaine Blood. Il me pousse dehors
et m’ aide à monter sur son cheval. Il met son cheval au galop comme si on a
les Sioux aux fesses. Puis, il donne un grand coup de frein , m’ aide à
descendre et me dit « Petit, courage, c’est le général Custer qui te le
dit, c’est la dernière scène, donne tout ce que tu as, n’oublie pas ton
texte ».
A peine sur mes deux pieds,
un légionnaire romain me balance dans les bras, une croix de trois mètres de
haut en chêne massif. Les accessoiristes n’ont pas lésiné sur le
matériel !
Le soleil est écrasant, on
se croit dans « Lawrence d’Arabie ». Mais, c’est plutôt « Les
dix commandements », un autre légionnaire romain me fouette en
gueulant « Avance, chien ».
Je ne suis pas le seul à
porter ma croix, disons que chacun porte la sienne. En face de nous, une
colline. D’après mes connaissances bibliques, ça doit être le Mont Golgotha mais
je trouve que ça ressemble plutôt au Mont-Blanc.
La
foule nous attend impatiemment sur le célèbre chemin de croix. Une petite fille
au visage vert et aux yeux blancs me crache une purée verte en pleine poire. Je
me sens vraiment mal ! Je m’accroche à un landau pour ne pas tomber mais
du landau sort un bébé aux « yeux de feu » qui me griffe avec ses
pattes velues. J’ai l’impression que même le Diable est venu assister à ma
mort.
Les
romains ne mettent pas de temps à me hisser sur la croix. Je cherche désespérément,
s’il n’y a pas un Monty python dans le coin. Non, personne ne sifflote. A part
Barabbas, je ne connais personne.
Je crois que je vais bientôt mourir et ne
pas ressusciter : je ne suis pas Jésus. En face de moi, le mot FIN
apparaît au dessus du soleil couchant. J’espère que tout ça n’est que du
cinéma. J’aperçois tout au fond de l’écran, un cow-boy monté sur un cheval
blanc qui chante :
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