« Souriez… ! ».
J’entends
encore le son de sa voix nasillarde. A tenter de me consoler.
Quel
idiot ce type ! Je déteste les sourires forcés. Et le sien est un peu trop
entreprenant. Je n’aurais jamais dû croiser son chemin. J’aurais préféré me
casser une jambe et pourtant, je suis ici. Pas le choix. Et aujourd’hui je suis
dans un sacré pétrin !
Sa
tête ne me revient pas. Cette odeur est malsaine. Il ne m’inspire pas confiance
dans sa tenue bizarre et son sourire
narquois. Ses politesses sont étranges et son parfum horrible !
Qu’est-ce
qui m’a pris d’aller me jeter dans la gueule du loup ? Pourquoi suis-je
tomber dans ce piège ? C’est certain, il manigance un coup tordu. Il ment comme
un arracheur de dent !
Pourquoi
me fixe-t-il de la sorte ? Il me fait assoir, incline mon siège épais et
sourit.
Qu’est-ce
que ça peut me faire, à moi, qu’il ait une résidence secondaire dans le
Vercors ? Je m’appelle Éric, je suis maçon-paysagiste. Et pendant que je
l’écoute à moitié, mon chantier prend du retard. Dès le départ c’est devenu
compliqué…
Puis
l’accident est survenu ce matin. La poisse ! Ils vont bien sûr enquêter.
Une poutre mal calée a percuté ma tête. Comme d’habitude je ne portais pas mon
casque. Moi aussi côté bêtise, j’ai du potentiel en magasin ! Je dois être
probablement le pire des idiots ! Il revient à la charge. Ai-je une tête à
vouloir sourire ? Il parle :
-
Souriez, cela aurait pu être plus grave… !
Il
n’est pas bien dans sa tête ce type-là ! Je n’ai pas l’intention de
confesser ma douleur. Attention, il veut lier amitié ; il me colle d’un
peu trop de près. Avec ses airs méticuleux et de copains exagérés. J’ai mal au
cœur. J’ai la tête qui tourne. Serais-je en chemin pour le paradis ? Je me
sens vaciller.
-
Détendez-vous, je ne vais pas vous manger… !
Il
y a intérêt René ! Quelle ironie du sort ! Cela n’arrive qu’à moi. Moi
qui ne me suis jamais blessé ! Ni mis en arrêt de travail de toute ma
vie ! Pour couronner le tout il a mauvaise haleine. Il a compris. J’ai
grimacé : il va enfiler un masque comme pour se cacher. Il me tourne le
dos et fouille dans un tiroir. J’ai envie de m’enfuir. Mais qu’est-ce qu’il
fait ? Ne serait-il pas en train de
se moquer de moi ?
Aïe… !
Je souffre. Vilaine poutre !
Il
me déroute encore avec son air de chien battu. Il me redemande de sourire. Je
vous jure que c’est vrai ! Qui est-il vraiment ? Oh puis je m’en
moque…
En
tout cas, il est vraiment bizarre ce dentiste…
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