Lara,
emmené par son fils se dirigea vers l'ancien lavoir. Elle se rappelait petite
toute l'agitation que l'on pouvait y entendre. La maison – à l'abandon depuis –
du garde forestier qui jouxtait l'ancien lavoir semblait encore plus déprimée
que d'habitude. Si seulement quelqu'un pouvait la racheter et la retaper. C'est
sûr qu'il y aurait bien des travaux à faire mais l'endroit est si joli avec ces
arbres et cette rivière. Combien de futur amoureux s'étaient retrouvés
ici le soir et avaient échangés leur premier serment ? Que de souvenirs…
- On est
arrivé maman.
Lara
découvrait devant elle, nichée un peu plus profondément dans la forêt, une
somptueuse maison noire et blanche avec piscine. Les matériaux béton, verre et
aluminium donnaient un style très moderne. De grandes baies vitrées rendaient
la demeure imposante. On aurait dit une villa romaine.
- J'ai
besoin de ton avis. Viens, on va entrer.
Lara
avait travaillé dur toute sa vie et jamais elle n'aurait eu les moyens de se
payer une telle baraque. Mais elle ne regrettait rien. Elle et son mari avaient
fait beaucoup de sacrifices et ils avaient été récompensés par l'éclatante
réussite professionnelle de leur fils.
- Ta
femme ne nous rejoint pas ?
- Elle
viendra plus tard. Elle a accompagné Tim et Tara à une fête d'anniversaire.
Lara
aimait beaucoup sa belle-fille qu'elle considérait comme sa fille. Là aussi,
son fils avait beaucoup de chance. Ils entrèrent dans la maison. Après avoir
franchi un couloir qui semblait interminable, ils arrivèrent dans une salle de
séjour. L'ameublement était minimaliste quasi inexistant. Lara scruta la pièce
avec un regard qu'on aurait pu qualifier de laser.
- Mon
chéri, la première impression que j'ai, c'est d'être dans un couloir d'hôpital
tellement ce couloir est long. Et ça m'a
mis mal à l'aise. Ils veulent perdre leurs invités en route ou quoi ?
demanda-t-elle sur un ton mi-figue, mi-raisin. J'avoue que ça m'aurait
peut-être plu parfois de pouvoir le faire.
- Maman
!
- Je
plaisante. Heu, pour la salle à manger-salon, les occupants n'ont pas les
moyens de se payer du papier peint ?
- Les
murs sont de béton brut. C'est très tendance comme concept.
- C'est peut-être la mode mais c'est franchement laid
pour ne pas dire moche. C'est froid limite glacial. Je n'aime pas du tout. On
en revient à l'hôpital. Ici, ça manque de vie ! On dirait une maison témoin.
-
Vraiment ?
- Et là, je suis sévère avec la maison témoin. Il y a au
moins des tableaux au mur, des fleurs, des bibelots...
- La décoration est minimaliste. Et tu gagnes énormément
d'espace. C'est pratique pour passer l'aspirateur car tout est rangé, rien ne
traine.
- C'est le vide absolu, tu veux dire. Sans le canapé et
la table basse, je n'aurais pas pu deviner que c'était la salle à vivre. Et
puis les couleurs sont bien trop sombres. Je trouve que ce brun foncé ne se
marie pas du tout avec les murs en béton. Tu sais combien les couleurs peuvent
jouer une importance dans nos vies. Un peu de Feng-shui couplé à de la
chromothérapie pourraient faire des merveilles ici.
- La télévision ultra plate dernière génération est
incrustée dans le mur derrière ce panneau coulissant.
- Tiens, où se trouve donc le téléphone ? Il est caché
lui aussi ?
- Je n'y avais pas pensé. Allons visiter la cuisine.
- Pas mal le plan de travail en inox. Il n'a pas l'air
très épais.
- Crois-moi, il est résistant ! Comme tu peux le
remarquer tout est caché, on oublie tous les éléments.
- Oui. Mais si mes petits-enfants veulent des frites, ça
va sentir dans la cuisine.
- Non car la hotte se trouve ici.
Ted souleva la hotte qui était intégrée au plan de
travail comme s'il prenait une bouteille de vin dans sa caisse.
- Et
après, tu la fais redescendre. Économie de place, design et praticité.
Ingénieux, n'est-ce pas ?!
- C'est sûr, ça change de la hotte au-dessus du fourneau
!
- Viens,
on va monter à l'étage.
Les escaliers se trouvaient au milieu de la pièce et
étaient en béton avec une chute protégée par une plaque de verre.
- Le
côté transparent, très minéral entre le béton et le verre, c'est pour conserver
toute la lumière.
- C'est
dangereux, tu ne trouves pas. Des enfants pourraient tomber et se blesser. Ça
me rappelle notre voisine qui est tombée et s'est démis l'épaule. Malgré toute
la kinésie, elle n'a jamais vraiment récupéré son bras à cent pour cent.
Ils
arrivèrent à l'étage.
- Je
suis désolée de le dire mais on se croirait dans un bunker. Pas de
revêtement mural, pas de papier peint,
pas de tapisserie. Que du béton brut et du mur coulé. C'est triste. Pour une chambre d'amis, tu repasseras.
- Ici,
c'est la chambre à coucher.
Lara vit
un lit et deux tables de nuit. Et c'est tout !
- Ultra
minimaliste la chambre.
- Et
ici, le dressing.
- Alors
là, bravo ! C'est bien la première chose que je trouve vraiment bien dans cette
maison.
- Au
moins, un truc que tu apprécies
- Tu
m'as demandé mon avis, je te le donne. J'imagine que cette porte donne sur la
salle de bains.
-
Exactement !
- Mais
on pourrait jouer au foot là-dedans tellement c'est grand.
Il y
avait une baignoire à débordement près d'une fenêtre et plus loin, une douche
mais sans cabine.
- Et ce
machin dans le mur, c'est quoi ?
Ted lui
montra l'ingénieux système pour régler l'intensité des jets, la chaleur, la
lumière et la musique.
- Une
douche disco, je n'en avais jamais vu, dit-elle en riant.
- Chéri,
Lara où êtes-vous ?
- On est
en haut mon cœur.
La femme
de Ted monta les escaliers et fit la bise à sa belle-maman.
- Et moi
alors ? J'ai droit à rien, s'offusqua Ted.
Elle
s'empressa de répondre à son attente.
- Vous
avez fait le tour de la maison ? demanda-t-elle. Je la trouve vraiment classe.
Ted et moi avons cherché longtemps quelque chose d'original et de décalé. Et
puis on a eu cette idée. On est trop content.
Elle prit sa belle-maman par le bras.
- On a
eu un vrai coup de cœur. Vous le méritez tellement. Alors, si elle vous plaît,
ce sera votre cadeau d'anniversaire, belle-maman !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire