C'était cette maison sur pilotis. Ce genre de maison que je
n'aime pas parce que le soleil se reflète dans l'eau qui la porte et parce que la joie est trop présente.
Quand j'étais petite j'étais quelqu'un de super joyeuse,
j'aimais m'amuser, rigoler, j'aimais tant vivre. Je voyais tellement d’espoir
en ce monde. Mes yeux brillaient de
liberté, mes pas étaient remplis d'ambition...
Très tôt, je savais ce que je voulais faire plus tard et
j'avais compris qu'il fallait travailler dur à l'école. Je voulais être médecin
pour soigner les gens. Médecin mais pas chirurgien, j'étais petite j'avais un
peu peur du sang. J'avais envie d'être utile en ce monde et qu'on m'accorde une
importance majeur, de façon à ce que je me sente exister et bénéfique pour la
société. Ouais, le tableau de la petite fille parfaite. Mais ça, ça n'as pas
duré, comme on dit " toutes les bonnes choses ont une fin ".
Ensuite j'ai grandi, je suis allé au collège. Là, tout a
changé. Les gens étaient différents ou j’étais devenue différente, je ne sais
pas. C'était tellement bizarre. Par exemple, dans les couloirs les autres me
regardaient et rigolaient quand je passais et j'avais l'impression qu'ils se moquaient
de moi. C'est à cette époque que j'ai commencé à me trouver pathétique, je
doutais de moi physiquement et mentalement. Les gens jugeaient tout le monde
pour tout et pour rien. Et je ne comprenais pas l'utilité de tout ça. Plus les années passaient plus je me sentais
mal. Je vivais dans un monde d'idéologie stupide. Je me disais souvent : "
Je suis cette coquille vide dont personne ne s'intéresse car j'ai perdu ma
perle." Il faut dire que je me sentais tellement à l'écart, et je n'avais
pas besoin d'un médecin pour savoir que j'allais mal. On grandit tous avec un
handicap et tout le monde souffre et pour compenser ce mal certains appui sur
celui des autres. C'est à cause de gens comme ça que l'humanité me désole.
L'innocence de l'être humain.
Hormis ce mal être que je gardais personnel, j'étais la
meilleure de ma classe en à peu près tout mais surtout en mathématiques,
sciences physique et j'adorais la science et vie de la terre ; savoir d'où l'on
vient, comprendre pourquoi on habite ici et comment tout c'est construit,
comment on en est arrivé là... Chaque particule de l'existence m’intéressait.
Et j'ai d'ailleurs adoré les cours d'histoire, je trouvais cela incroyable
qu'il y'ai eu une vie avant moi, j'étais curieuse du monde. Et parfois, le
passé me paraissait avoir plus d'avenir que le futur lui-même. J'avais cette
notion de la vie que peu avait à mon âge, je voyais la vie comme une chance.
D'ailleurs, je n'avais pas beaucoup d'amis, probablement du faite que nous ne
soyons pas d'accord sur certains points. J'avais toujours ce petit sourire sur
les lèvres. Je faisais semblant que tout allais bien parce qu'ils ne
comprendraient pas mais chacun au fond de lui a envie que l'on voit son mal
être. Personne ne voyait le mien parce que j'étais synonyme de silence. Il
fallait que ça explose mais les gens tristes sont les plus beaux. La société
m'effrayait d'une manière ignorant toute logique. Voilà pourquoi j'étais
"différente".
Malheureusement toute déprime engendre réflexion, et un jour
j'ai eu la mauvaise idée de me demander quel était le but à tout ça, le but à
ma vie. J’ai essayé pendant des années de comprendre pourquoi on était là, quel
était ma place sur terre. J'ai cherché le but encore et encore, sans succès. Ce
questionnement incessant, continuel tel un bourdonnement me rendait malade. La
journée n'était que larmes retenues. Je pleurais chaque soir dans mon lit.
J'avais l'impression d'être complètement folle, ma tête ne faisait que de
penser sans arrêt. Je pensais aux moindres détails qui me blessaient, je me
remémorais tous les mauvais moments et je me posais des milliards de questions
insensées et inutiles à rendre malade n'importe qui. Je ne servais à rien. Je
savais que j'avais un problème dans ma tête mais je ne savais pas quoi. Mais je
devais continuer de vivre.
Ensuite, je suis arrivé au lycée, j'ai adoré même si
j'aurais préféré prétendre une phobie scolaire pour ne pas avoir à être en
contacts avec le monde. Cependant, je travaillais énormément n'oubliant pas mon
objectif premier. Je me disais que le travail ne pouvait qu'être approfondit.
Mes cours préférés étaient encore une fois maths, sciences physique et science
et vie de la terre. En ce qui conserve le français, je n'avais pas trop la
plume comme on dit. Et philosophie, je ne pouvais me retirer de la tête l'idée
que ce n'était que des phrases pour faire jolie et que finalement être ou ne
pas être, là n'était pas la question. J'ai bien travaillé pendant toute ma
scolarité, j'ai été brillante, studieuse... J'étais si attentive en cours que
les autres ne me comprenaient pas. Mais je m'en fichais, je travaillais pour
moi et pas pour eux. Je n’avais toujours pas beaucoup d’amis. Moi, j'aimais
l'école, j'aimais cette notion d'acquérir les choses, j'aimais suer pour
parvenir à mes fins, je voulais me cultiver, apprendre, pour peut-être un jour,
comprendre le but à tout ça.
Je préférais rester distante avec les gens, j’avais peur,
peur d’être constamment juger. Parce que qui qu’on soit ou quoi qu’on fasse les
gens trouverons toujours quelque chose à dire. Alors, j'étais considérée comme
la fille mystérieuse et sans amis. Loin de moi ses filles superficielles et ses
mecs qui se donnent un style. Nos valeurs étaient différentes, très
différentes. Et si j'arrivais à me confier à ma seule amie elle ramenait tout à
elle, mais bon de quoi parler si ce n'est de nous. J'aurais aimé un mal être où
je n'aurais rien à me reprocher quoi que je ne sais si ce pardonner soit même
n'est pas plus dur que de pardonner aux autres. La vie m'épuisait. Parfois
j'avais l'impression que ma vie n'était qu'un rêve. Que j'étais comme une fine
particule tombée dans l'océan dont personne ne remarquera la présence et qui
n'aura aucun impact sur quoi que ce soit. Ce sentiment d'être à la fois sans
importance et d'être rentré dans la vie de certaine personne.
Bizarrement, j'aimais cette déprime qui s'installait, cette
habitude. Cette continuelle chanson et ses résonances. Et parfois j'avais envie
de crier "Laissez-moi être triste !". J'avais l'impression de ne
pas vivre réellement et parfois j'aurai aimé mourir mais la mort me faisais
peur, mais la peur nous évite de faire des bêtises, mais pas d'essayer. La vie,
c'est trop étrange.
J'ai eu mon bac, avec mention " très bien ".
J'étais vraiment heureuse comme n’importe qui aurait pu l'être mais je
souffrais. Je souffrais intérieurement d’un mal caché et mystérieux. J’avais
peur de vivre, sans savoir pourquoi
j'étais bercée par une nostalgie floue et constante. Je pense que je devais
déprimer et je n'en parlais à personne. Les adultes sont différents de nous,
adolescents. Ils pensent tout savoir, tout connaître et se prennent pour des
êtres supérieurs parce que la nuance de l'âge est importante apparemment. Ou
qu'ils auraient plus d'expérience, mais ça ce n'est pas forcément vrai.
Pourtant, j'ai toujours considéré que l'âge ne constituait en rien
l'intelligence, la maturité et la réflexion ; qui sont pour moi notions à part
et bien distinctes. Cependant, je tiens à préciser que je généralise mon
propos, tous les adultes ne sont pas comme ça (enfin j'espère).
J'ai jamais eu de problème particulier avec l'autorité, j'ai
toujours était docile si on peut dire, je ne voyais quelconque utilité à la rébellion.
De toute façon, si les adultes considèrent qu'ils ont raison, ils ont raison et
on ne contredit pas l'homme qui a raison. Alors je m'étais mes écouteurs pour
ne pas entendre leurs putains de conneries. Je ne sais pas pourquoi je suis là,
mais je tiens à rappeler que je n'ai rien demandé. J'avais l'impression d'être
seule et que tout ce qui m'entourais n'étais qu'hologramme.
Comme prévu, j'ai fait école de médecine. C'était
extrêmement dur, c'était chacun pour sa peau, il fallait être le meilleur au
concours. Après de très longues études, je suis devenu médecin mais je n’ai
toujours pas compris. J'ai exercé, j'ai soigné pendant dix ans et je n’ai
toujours pas trouvé le but à tout ça. Alors j'ai repris mes études pour devenir
chirurgienne - j'étais grande maintenant et je n'avais plus peur du sang - pour
toucher la mort d'un peu plus près, pour peut- être mieux comprendre la vie et
peut- être enfin trouver le but à tout ça. Je voulais redonner vie au monde.
J'ai travaillé, j'ai fait des centaines et des centaines
d'opérations, je me suis acharné, j'ai sauvé tant de vie, j'ai considéré chaque
patient comme une vie à comprendre. J'ai tout fait, tout fait, vraiment tout
fait pour comprendre le but à tout ça. Mais je ne l'ai pas trouvé. Je détestais
cette question obsessionnelle.
Un soir, après le travail je me suis dit qu'il fallait que
je prenne des vacances. J'avais besoin de repos, de changer d'air. Je me suis
donc installée dans mon fauteuil, repose pied attenant et j’ai regardé sur
internet les destinations où la culture me paraissait intéressante. J'ai
d'abord pensé à la Chine puis au Tibet pour finalement opter pour la Thaïlande.
Il paraît que c'est un pays magnifique et que la chaleur quoi qu'un peu lourde
y est agréable.
J'ai donc pris une semaine de congé.
Je me suis levé vers quatre heures du matin, j’ai fermé tous
les volets et j’ai coupé l’eau. Je pris un petit déjeuner rapide et équilibré,
se constituant d'une pomme, d'un yaourt et d'une barre de céréale. Je pris ma
valise que j'avais préparé la veille et j’attrapa mon appareil photos que
j'avais rechargé toute la soirée.
Le voyage en avion dura au moins vingt-quatre heures, je ne
m'en rappelle plus trop à cause du décalage horaire. Je dormis pendant le vol.
Je suis arrivé à l'aéroport de Bangkok le lendemain en fin de matinée après
avoir fait une escale en Inde obligatoire mais non pas déplaisante.
Je pris mes bagages et alla convertir mon argent en Baht,
puis je fis signe à un taxi. Il me parlait thaïlandais et évidemment je n'y
comprenais rien. J'essaya donc de communiquer en Anglais mais que nenni, il n'y
comprenais rien non plus. De plus, je ne savais pas vraiment où aller puisque
cette idée de voyage m'étais venu subitement. Alors, je dis simplement
"Hôtel".
Le taxi me déposa devant un hôtel, au premier regard
chaleureux. Je pris une chambre, déposa mes bagages et sortit faire un tour en
ville. La température ambiante était d’au moins vingt degrés et le temps était
lourd et humide.
Je me trouvais à Samut Prakan. C'était vraiment magnifique !
Je marcha dans les petites ruelles qui bordaient l'eau. Je
pu admirer la verdure, l'architecture traditionnelle splendide ressemblant à
des temples. Puis, vers midi et demi, je décida de m'arrêter dans un petit
restaurant où je commanda le plat du jour "Le Tom Yam Kung" qui je
l'avoue était délicieux. Après un pourboire laissé au serveur, je partis
visiter la ville plus en détail tout l'après-midi, pris quelque photos et alla
au marché où j'acheta quelques spécialités dont des épices, des nouilles et du
riz rouge.
Je rentra à l'hôtel vers dix-neuf heure. Je m'assis sur mon
lit, regarda un peu la télé mais il n'y avait aucune diffusion intéressante
dans ma langue. J’alla donc prendre une douche. Que c'était bon, je me sentais
si bien. Ma respiration était calme et régulière. Je frotta mon corps de se
savon à la lavande que j'affectionnais tout particulièrement. L'eau coulait sur
mon visage quand quelqu'un frappa à ma porte. Je mis une serviette autour de
mon corps et entrouvrit très légèrement la porte, c'était un homme :
- « Oh excusez-moi, je ne savais pas que... Vous étiez...
Enfin...
- Non, y'a pas de soucis. C'était pour quoi ?
- Non mais je peux repasser plus tard si vous
préférez.»
Je dois dire qu'il était plutôt charmant, barbe bien
taillée, pantalon noir et petite chemise bleue nuit. Ses cheveux étaient noirs
et bien peignés. Yeux bleus et intenses, bouche très légèrement pulpeuse. Il
avait un sourire gênée à faire craquer n'importe qui.
- « Vous me plaisez, dit-il. Je vous ai vu cette après- midi
au marché, vous preniez des photos de tout et n'importe quoi. Je vous ai suivi,
je sais que ça ne se fait pas trop, mais… »
Je fis mine de ne pas plus prêter attention à ses propos.
C’était vraiment étonnant voir étrange un tel discours... Je me dis que
j’allais quand même prendre le temps de l’écouter, qui sait après tout, et puis
il était tellement beau...
- « Je vous en prie, dis-je. Entrez, j'arrive je vais
enfiler quelque chose. »
Après dix minutes, je le rejoigna. Lui sur le canapé, moi
sur le lit.
On se regarda. Je lui dis de me parler un peu de lui. Il
venait de Paris, tout comme moi. Il me dit qu'il habitait en Thaïlande depuis
maintenant quinze ans. Cause de son départ ? Je ne sais pas, il ne dit rien à
ce sujet. Il s'appelait Thomas. Il me demanda de me présenter, je dis les
bases, nom, prénom, âge, ville d'origine, frère/sœur... Mais je ne dis rien de
mon métier. Pourquoi ? Parce que les médecins ont réputation de se prendre pour
des Dieux et je n'avais pas envie qu'il me croit prétentieuse ou quoi que ce
soit. Il est vrai que quand on a un bistouri en main on se sent capable de tout
changer mais je ne voulais pas qu'il sache le minime.
Nous discutâmes pendant un bon petit quart d'heure quand il
me proposa d'aller boire un verre que j'accepta volontiers et non seulement par
pure politesse. Il m'amena dans un bar, plutôt chic un peu " cosy "
avec des lumières rouges en guise d'éclairage et des bougies aux chandelles
comme ornement sur les tables. Nous bûmes quelques bières (pas très romantique
n'est-ce pas) et si j'avais était sobre j'aurais eu la force de regretter. Il
me donna son numéro. Il ne me parla pas beaucoup de lui. Il me regardait
intensément dans les yeux, ce qui me mettait assez mal à l'aise. J'étais gênée
de cette situation qui cependant me flattait. Je me demandais ce qui avait
pu l'amener vers moi. C'est tout de même étrange un homme qui vous suit du
marché où il vous a repéré jusqu'à votre hôtel. Je me suis dit qu’il cachait
forcément autre chose, je ne sais pas quoi mais je sentais que quelque chose
clochait dans son discours. Cependant, sans preuves à l'appui j'insistais
moi-même sur le fait que j’étais en vacances et qu'il fallait que je relâche la
pression.
On papota et rigola toute la soirée, bûmes quatre ou cinq
bières ou plus. Et je ne me rappelle plus de rien ensuite.
Le lendemain, je me réveillais complètement nu dans mon lit,
le drap entre mes jambes et les bras entourant l’oreiller.
Je n'avais aucune idée de comment j'étais arrivé là et
pourquoi j'étais dans cette tenue d'Eve. J'avais mal à la tête. Je pris mon
téléphone pour appeler Thomas et avoir des explications quand je m’aperçus
qu'il était quatorze heures ! Quatorze heures ! J'avais gâché une journée à
rester au lit.
Thomas ne répondit pas au téléphone ni à mes messages. Et là
je me suis dit " On a bu, on a baisé, il s'est barré et ne donnera plus
jamais de nouvelles, formidable ! Mais quelle conne, quelle conne je suis !!!!
"
Après m'être ressaisit de mes émotions, je pris une douche,
me lava les dents, m'habilla, me coiffa et pris un cachet d'aspirine.
J'avais entendu parler d'un petit zoo sympa pas très loin de
là et je décida d'y aller.
Un fois arrivé là-bas, comble de l'ironie je croisa Thomas.
Je pensais que c'était une blague car moi-même je n’y croyais pas. COMME PAR
HASARD ! Et c’est là que mes doutes se sont confirmés. J'essayais de l'éviter
et de ne pas croiser son regard, histoire de ne pas lui casser la figure quand
il m’approcherait (même si je savais pertinemment que je n'allais rien faire du
tout). Et bien sûr il me vit et s'avança dans ma direction. Je fis demi-tour et
fis semblant de m'intéresser aux crocodiles. Stratégie qui ne fonctionna pas,
évidemment. Il me tira par le bras et m'entraîna dans la foule telle Édit Piaf.
J'étais bien obligé de le suivre. On sortit du zoo et il me fit monter dans sa
voiture.
- « On va où là ?
Il ne répondit pas.
- Thomas, mais qu'est-ce que tu fais, dis-moi où est-ce
qu'on va !
- Tais-toi.
- Thomas ! »
Il me regarda avec son satanée sourire de séducteur à deux
balles mais qui faisait toujours son effet, évidemment.
Il me prit la main. Je le regarda. Il ne me décrocha pas un
mot du trajet.
Au bout de vingt minutes de route, on arriva enfin. Avant de
sortit brusquement de la voiture il m'embrassa. J'avais envie de crier
tellement c'était bon. Je n’eus pas le temps de m'attarder sur ce sentiment que
je découvris un lac avec une maison sur pilotis. Ce genre de maison où le
soleil se reflète dans l'eau qui la porte. C'était un endroit charmant. Je
supposais que c'était chez lui.
Il me tira par la main. La porte à peine ouverte une odeur
de naphtaline me monta à la gorge.
- « Assis toi.
Je m'assis donc dans le canapé. Il s'assit à côté de moi, me
regarda droit dans les yeux.
- Déshabille-toi !
- Thomas ce n’est pas un peu tôt... Enfin… Je...
Il me coupa la parole.
- Déshabille-toi ou c'est moi qui le fais pour toi.
Je ne bougea pas.
- Déshabille-toi ! »
Je me dis que j'étais en vacances et qu'il n'y avait rien de
mal à fréquenter un homme, alors je me déshabilla. Et puis qu'est-ce qu'il
était sexy quand il faisait l'homme autoritaire.
Il se mit nu à son tour mais me laissa le soin de
déboutonner sa chemise et d'ouvrir sa braguette.
Il me prit par les hanches, m'emmena dans une chambre. Le
lit n'était pas fait, la poussière régnait et les volets étaient fermer.
Il me jeta sur le lit, me caressa le corps et pris dans la
commode quatre rubans avec lesquels il m'attacha soigneusement les mains et les
pieds au lit. Il me caressa les cheveux,
m'embrassa le cou, me toucha les seins. Il me monta dessus et s'agrippa à moi
sans aucune retenue. Je pouvais scruter le minime des plus petits détails qui
le sculptait. Il avait une légère barbe de trois jours et des dents
parfaitement alignés. Il me fit toute sorte de chose fort agréable et ne
cessais de me regarder droit dans les yeux. Aux avant-bras, ses poils étaient
hérissés tel un animal. Il resserra les cordes. Au départ c'était agréable et
comme un jeu mais à force qu'il serrait je commençais vraiment à avoir mal.
J'avais la circulation coupée et le poids de son corps m'empêchait de respirer.
Il m'appuya sur les côtes. Plus le temps passait, plus les cordes serrais, plus
son corps pesait, plus j'avais chaud. J’étais haletante.
- « Thomas... Arrête s'il te plaît...
Il ne m'écoutait pas et resserra encore les cordes.
- Thomas, laisse-moi respirer. »
Il me mit sa main sur ma bouche.
J'essayai de me débattre, mais j'étais attacher et même si
je criais il n'y avait personne autour de cette foutue baraque pour m'entendre.
Il me mordit les tétons si violemment qu'à cet instant
j'aurais préféré être morte.
Soudain, il partit. A peine ai-je eu le temps de respirer
qu'il revint avec un couteau.
- « Coupe moi les cordes Thomas ! »
Il se jeta sur moi et me planta son couteau dans la cuisse.
Je hurlai de douleur intérieurement, je pleurai encore et encore. C'était
horrible, la douleur était effroyable et d'une intensité qui ne cessait
d'augmenter. Mon cœur semblait ralentir alors qu'il était censé s'accélérer. Il
me tenait mes mains crispées d'une façon poignante. L'intérieur de mon corps
n'était plus alimenter par l'oxygène.
Étrangement, son regard ne reflétait ni violence ni méchanceté
contrairement au reste de son corps. Il resserra encore les cordes.
Je m'abandonna à lui, comprenant que tout était finis. Je ne
bougea plus, j'arrêta de me débattre, ferma les yeux et le laissa m'utiliser
tel un objet. Mon corps n'était plus.
J'ouvris les yeux. Je me réveilla dans un endroit blanc. Je
tourna la tête et je vis Thomas. J'espérais sincèrement que tout ça n'était
qu'un cauchemar.
Il me dit : " Ne parle pas. Tu es à l'hôpital et je
suis infirmier ici. En effet, je t'ai fait un peu de mal hier mais je suis
désolé. Maintenant repose toi." Putain, si mon état me l'aurais permis je
lui aurais bien sauter à la figure à cet idiot ! C'était quoi ce genre de mec,
un psychopathe, un schizophrène, un bipolaire, je ne sais pas moi mais il était
complètement cinglé. J'avais même pas la force de le regarder ou de dire quoi
que ce soit.
Je me rendormis comme choutée par les médocs.
Plus tard, je me réveilla et là personne. En tant que
médecin je déduis rapidement que la substance qui s'était épris de mon corps
était probablement la morphine. Quand je voulu me lever pour me barrer d'ici
discrètement, je me rendis rapidement compte qu'il me manquait une jambe. Alors
là, c'était trop. Je fondis en larme. Quel genre de personne se réveille
soudainement avec l'absence d'une jambe ? Je savais qu'il m'avait planté un
couteau mais de là à... J'étais complètement détruite. J'étais un déchet.
Revins Thomas qui me dit "Au fait, on t'a coupé la
jambe elle était trop endommagée " et il partit avec un rire sarcastique
et désagréable.
Une aiguille, des médicaments. Parfait, terminé.
Je me voyais. J'étais debout dans le coin de la chambre
d'hôpital et... Enfaite... Non, j'étais dans le lit. Je... J'étais debout mais
je me voyais dans le lit.
Je me regarde. Je sortis de l'hôpital en courant alors que
je ne pouvais plus marcher quelques secondes auparavant. Je bouscula tout le
monde. Arrivée dehors, il pleuvait. Personne ne me regardait. Je n'avais mal nulle
part. Je n'étais pas triste mais je n'étais pas joyeuse non plus. J'avais
trouvé une neutralité parfaite.
J'avais beau regarder le ciel, celui dont j'étais la seule à
pouvoir observer, je n'arrivais pas à me faire à l'idée que c'était moi qui
avais tout arrêté. C'était mon grain de folie, j'étais folle, c'était une idée,
l'idée du bonheur qui m'avais détruite, l'idée d'un but. Tout m'a détruit,
petit à petit... Une accumulation insoutenable. Physiquement et
psychologiquement j'étais beaucoup trop fragile. Maintenant je suis seule, j’aire
dans ce monde ou nul humain ne peut me voir apparemment.
Tout ce qu'ils avaient imaginé, tout
est faux. On ne reste pas enfermé dans sa tombe avec son esprit, on ne se
réincarne pas en animal ou quoi que ce soit... On reste soit, rien ne change
sauf qu'on est seul et qu'on ne ressent absolument rien que ce soit
physiquement ou mentalement.
Finalement tout n'a peut-être pas de but. Le début et la fin
restent identiques.
La vie n'est qu’un souvenir.
C'était cette maison sur pilotis. Ce genre de maison que je
n'aime pas parce que le soleil se reflète dans l'eau qui la porte et parce que la joie est trop présente.
FIN
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