vendredi 24 août 2018

Ce qu'on a regardé cet été

Date de sortie 29 novembre 2017 (1h 45min)
Nationalité Américain




Depuis déjà plusieurs générations, la musique est bannie dans la famille de Miguel. Un vrai déchirement pour le jeune garçon dont le rêve ultime est de devenir un musicien aussi accompli que son idole, Ernesto de la Cruz. 
Bien décidé à prouver son talent, Miguel, par un étrange concours de circonstances, se retrouve propulsé dans un endroit aussi étonnant que coloré : le Pays des Morts. Là, il se lie d’amitié avec Hector, un gentil garçon mais un peu filou sur les bords. Ensemble, ils vont accomplir un voyage extraordinaire qui leur révèlera la véritable histoire qui se cache derrière celle de la famille de Miguel…


Allociné

Après un conte russe, une légende Polynésienne Disney nous emmène dans les traditions mexicaines. Du rythme, des couleurs, une histoire qui tient la route et des personnages attachants. Un dessin animé haut en couleurs à regarder en famille
Virginie





Date de sortie 4 octobre 2017 (1h 56min)
Genre Comédie
Nationalité Français


Max est traiteur depuis trente ans. Des fêtes il en a organisé des centaines, il est même un peu au bout du parcours. Aujourd'hui c'est un sublime mariage dans un château du 17ème siècle, un de plus, celui de Pierre et Héléna. Comme d'habitude, Max a tout coordonné : il a recruté sa brigade de serveurs, de cuisiniers, de plongeurs, il a conseillé un photographe, réservé l'orchestre, arrangé la décoration florale, bref tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête soit réussie... Mais la loi des séries va venir bouleverser un planning sur le fil où chaque moment de bonheur et d'émotion risque de se transformer en désastre ou en chaos. Des préparatifs jusqu'à l'aube, nous allons vivre les coulisses de cette soirée à travers le regard de ceux qui travaillent et qui devront compter sur leur unique qualité commune : Le sens de la fête.
Allociné

Des personnages plus loufoques les uns que les autres, des dialogues excellents, des situations rocambolesques : un cocktail pour passer un agréable moment de détente et de rire...
Virginie



Date de sortie 8 novembre 2017 (1h 47min)
Genre Comédie
Nationalité Français


Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d'action s'étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage... Entre comédie grinçante et suspense psychologique, la bascule inattendue d’une femme.
Allociné

Karine Viard c'est vendeur mais j'ai été déçue par le manque de profondeur du personnage.
C'est sans surprise et un peu plat...alors à vous de voir...
Virginie

Date de sortie 1 novembre 2017 (1h 41min)
Genres DrameThriller
Nationalité Français

Delphine est l’auteur d’un roman intime et consacré à sa mère devenu best-seller.
Déjà éreintée par les sollicitations multiples et fragilisée par le souvenir, Delphine est bientôt tourmentée par des lettres anonymes l'accusant d'avoir livré sa famille en pâture au public.
La romancière est en panne, tétanisée à l'idée de devoir se remettre à écrire.
Son chemin croise alors celui de Elle. La jeune femme est séduisante, intelligente, intuitive. Elle comprend Delphine mieux que personne. Delphine s'attache à Elle, se confie, s'abandonne.
Alors qu’Elle s’installe à demeure chez la romancière, leur amitié prend une tournure inquiétante. Est-elle venue combler un vide ou lui voler sa vie ?
Allociné



samedi 16 juin 2018

Souriez, vous êtes filmés


Souriez… Cet impératif…non, ce n’est pas impératif. Pourtant… L’inspecteur, pour la cinquième fois, visionne l’enregistrement. Une sorte de fascination ? Non, sa propre voix intérieure, raisonnable, professionnelle, s’en défend : l’écoute, plusieurs fois de suite, est nécessaire. Pour essayer de comprendre l’innommable ? Pour l’identifier ?
Souriez…c’est le mot clef qui revient en boucle, alors qu’il n’y a aucun humour exprimé par celui qui monologue pendant le passage à l’acte. Un mauvais comédien, dans ce snuff moovie. Il n’y a même pas de mot, en français, pour traduire ça.
Si vous regardez, souriez, comme un dément ? Comme un voyeur fou ? Et si vous filmez…Oui, l’inspecteur se l’avoue, c’est fascinant.
Elle, assise devant lui, pâle, les yeux clos, enfoncés dans les cernes, n’a plus de force, ni pour pleurer, ni pour questionner. Est-elle déguisée ? Non, en deuil. Encore. Toujours. Déguisée ? L’inspecteur s’est posé la question, comme une digression, pour ne pas sourire, justement. Un sourire qui ne serait qu’horrible…difficile à déguiser.
Les faits décrits par la voix ont déjà dix ans. Si l’on n’avait pas retrouvé le disque dans l’épave extraite du canal en cours de réhabilitation, avant-hier soir, jamais on n’aurait…
L’inspecteur, reçu, de nuit, au domicile de la fiancée en noir, a différé la visite aux parents et la fouille du parc au matin qui suit.  A part cette information, il ne trouve pas les mots pour elle. Comment lui dire qu’elle n’est pas coupable d’avoir perdu son téléphone mobile, pendant la nuit fatidique ?
Comment dire aux parents qu’ils ne sont pas coupables d’avoir mis le feu à la chambre de leur fils, à cause des bougies de la fête, et d’avoir ainsi détruit son ordinateur, avant que les enquêteurs ne s’en inquiètent ? Souriez… L’affaire est résolue, ça passe à l’écran de celle qui est veuve avant d’être mariée…
Dans la cité, je ne paie pas mon loyer, je m’y endormirai, peut-être, tout à l’heure, après t’avoir couché. Dans la cité, quand on gueule : « c’est filmé ! », ça signifie : « c’est foutu, cousu, fini, il n’y a plus rien à faire ni à espérer ! ». Tu n’as pas la moindre notion de tout ce qui est définitif, dans la cité. C’est mon anniversaire, personne ne le sait : tu t’en moques, définitivement. Moi aussi.
Maintenant, ici ? On ne confondra pas nos ADN : en combinaison, je ne laisse aucune trace. ADN… si j’ajoute un i, c’est toi. Au bout de la parcelle cadastrale de ta tribu, presque en limite de ton territoire, ADIN Alexandre. Au milieu du pré non fauché, non brouté. Cerné de peupliers géants, bruissants, complices. Entre fleuve et canal, sur ta colline protégée. En face de la berge inondable sur laquelle la ferme de mes parents s’est effondrée, balayée par la crue…Oui, tu sais.
Juste dans ta planque à dépucelage : tu gloussais, au téléphone, quand tu lançais l’invitation que nous attendions, fébriles, pour rejoindre ton repère. Identique, notre âge, et le temps passé : quinze ans, déjà, quinze ans, seulement. Je t’y porte, cette nuit, avec ce « y » de notre province qui te faisait rire. J’y foule ton herbe, en écartant les graminées du mieux possible, pour en froisser le moins possible et laisser la rosée, tout à l’heure, orner le tout d’un perlé uniforme, où les marguerites, précoces, écloses, donneront à la clairière l’illusion de virginité. Je progresse, mes palmes pendues autour du cou : ça, tu ne l’as jamais fait, même pendant les après-midi buissonnières, avec les copines, ici. Même au creux des nuits blanches, à la belle étoile.  « Il est plus vieux que sa grand-mère, il a tout fait, tout vu, Alex ADIN ! » Je crois que tout a commencé, entre toi et moi, nous n’avions pas vingt ans à nous deux, par cette moquerie d’instituteur qui ciblait si bien ta manière d’être. Je n’y ai perçu que l’admiration cachée, ça a  du me brouiller avec le sens des mots, le sens de la vie. Tant pis.
Je zoome, je cause, ça enregistre tout : c’est pour moi, pour ma projection privée, tu sais ce que ça veut dire, n’est-ce pas. J’ai calé l’appareil dans un « y », une fourche de noisetier, plantée dans la terre meuble, j’ai tout prévu : je m’occupe de toi, c’est filmé.
La décision ? Récente. Je l’ai prise la veille de ton anniversaire, quand tu as parlé de femme, avec majuscule, sans cligner de l’œil, sans second degré.
Le bar, ton préféré, bourdonnait, fumait, ruisselait de lumières colorées. Du clinquant. Je n’ai pas touché aux poussins mort-nés, de très vieux œufs durs, ni aux cacahuètes rances, il aurait fallu que je paie, pendant ta brève absence : pourtant, j’avais faim.
Les dix mots que j’avais gribouillés sur mon sous-verre, en écoutant la radio, pendant que tu urinais ta première bière, ce sont ces dix mots que tu as empochés. Tu les as lus, relus. J’avais souligné le dernier. Tu m’as souri, tu as murmuré : «  pourquoi pas ? », quand j’ai cessé de bafouiller la règle du jeu que je venais d’entendre, par bribes, l’oreille collée au poste du bistrotier. J’aurais tant voulu que tu comprennes ce que j’avais souligné.
Tu m’as payé une autre mousse, j’ai profité du nouveau carton, sous ma choppe, pour recopier, de mémoire, la liste. Ça faisait longtemps que nous ne nous étions vus, longtemps, pour la béance permanente de ma solitude : tu me croisais sur le trottoir, tu avais cinq minutes disponibles, tu m’invitais à les partager. En franchissant le seuil, tu me proposais, pour le mois suivant, cette fameuse fête costumée. Un truc de printemps, comme sur les plages de Floride. Tu as précisé : « ce sera d’enfer, tu verras !». Tu avais raison.
Comme nous n’avions plus rien à nous raconter dans ce bar de passage, comme je n’avais pas envie de te lâcher, à cause du dernier mot de ma liste, comme ta vessie était vide et mon ventre tordu d’humeurs complexes, nous sommes sortis, ensemble, dans le crépuscule urbain, jusqu’à cette rue commerçante qui ralentit la marche et suscite le désir. Tu as succombé.
Dans mon poing, maintenant, ta caméra neuve, toute petite, ronronnante. Dans mon poing, ton visage : gros plan sur ta bouche, sur tes lèvres entrouvertes, sur l’émail des mots. Dix jolis mots, cette année, dix étrangers intégrés dans notre langue. Dix mots plébiscités par la francophonie, cette nuit, peuplent ma cacophonie.
Pendant que je tourne autour de toi, au-dessus de toi, je me les répète, je les marmonne, comme un rituel : abricot, bachi-bouzouk, bijou, bizarre, chic, clown, mètre, passe-partout, valser et…Le dernier se coince dans mes amygdales, je le grogne, en fond de gorge, râle furieux, ça ressemble à de l’inuit ou du tibétain, ça me fait du bien.
Chaque mot, je te le vole. Tu as gagné, m’as-tu dit, juste avant de croquer la noix de cajou. Avec le cumul des dix, bien placés, l’emballage des phrases, bien tournées, tu as gagné le premier prix, conséquent, de je ne sais plus quel concours littéraire, en ligne, celui dont tu avais noté la référence, en empochant mon stylo, dans le bar. Comme si tu avais besoin de cette reconnaissance là !
Juste avant d’avaler la noix de cajou, tu as eu le temps d’ajouter, en toussant, que l’idée de participer t’était venue, quand tu avais acheté l’objet cher, fragile, performant : le jouet que je tiens.
Nous rotions l’écume et glissions, juxtaposés plus qu’ensemble, devant les devantures. Sur la vitrine, tu avais remarqué l’étiquette, placardée en rouge, pour dissuader les cambrioleurs : « souriez, vous êtes filmés ». Quand j’avais prétendu qu’un singulier valait mieux qu’un pluriel, tu avais manifesté, juste d’un mouvement de tête, ton désaccord, puis murmuré, sans rapport : « ce serait bien d’être célèbre, éphémère, juste pour voir, oui, ce serait bien d’être une image, juste pour être vu, non ? ». J’ai cru que tu allais casser la vitre, juste pour être au journal télévisé, à la une, dans les gros titres, le lendemain, menottes aux poignets. Je me jouais le film dont je voulais monopoliser l’action, en m’imaginant sous tes traits. Stupide que j’étais, à cause du dernier mot de ma liste. Stupide, oui, car tu avais déjà si souvent rempli l’écran de ton brave sourire, de tes belles actions, tu n’avais plus de fringale pour la renommée, Al ADIN, dans la boîte à mensonges. « La lanterne magique », c’était ma formule, tu te souviens, au summum de notre complicité, pour te rendre hommage, avec mes joues en feu et toi, ému, un peu, tu faisais diversion, tu commentais l’amateurisme du reportage, la vétusté de la caméra tremblante, la précarité de la chaîne de télévision locale, bientôt diffusée sur la T.N.T. « De la dynamite, pour mon curriculum vitae ! », me confiais-tu quand même.
Quand nous sommes ressortis du magasin, toi, radieux, avec ce cadeau d’anniversaire que tu t’offrais, moi, derrière, dans ton ombre, j’ai su que tu ne me dirais jamais ce dernier mot de ma liste.  Les dix mots, je vais te les beugler.  
A cause de la bague, celle que tu m’as montrée, juste avant d’entamer le paquet de fruits secs. Quand tu as mis la main dans ce sachet, je t’aurais stoppé net, je te le jure, si tu n’avais pas parlé de ton projet matrimonial avec cette future fiancée. Une de tes anciennes, bousculées dans cette pâture sans vaches ? Une ruisselante de lentilles d’eau ? Une ricanante et si nue qu’elle paraissait ondine ? Une sorcière de crue, comme celles dont mon aïeule m’ordonnait de me méfier, avec ses contes pour m’endormir, qui peuplaient mes nuits de cauchemars ? Peu importe qui elle est, ta promise. En plus, il a fallu que tu exhibes cet anneau, avec cette manie de vouloir partager ta joie. Les dix mots, je vais te les hurler.
Ce que je suis ? Ce que je suis devenu ? J’ai fait des études, courtes, stériles, oui, qui ne me servent pas pour mettre, cette nuit, du son, sur un disque irisé, avec toi, héros principal, au clair de lune. A l’issue de ton stage de voile, comment disais-tu le doigt, en gallois ? Et ce qui brillait, de tous côtés, en breton ? Les réponses à mes deux dernières questions sont toutes les racines étymologiques de la chevalière, coupée par ma pince, que j’écarte et j’enfile à ton pouce gauche : un bijou. Un, saccagé, un mètre sous terre, au plus gros doigt d’un homme jeune, respectable, fiancé, maquillé en clown, n’en doute pas, cela sera taxé de bizarre par la police scientifique. Car ils te chercheront, tes invités, puis ta tribu, puis ceux de l’ordre, les gardiens de la paix ou les gens d’armes, les uniformes de la peur et du malheur : ils te trouveront, bien sûr. Grâce au parfum d’amande que tu dégages ? Amande ou abricot ? L’une et l’autre ou l’une dans l’autre ?  Que sens-tu, que ressens-tu ?
Au bal, comme partout, tu étais un chic type : le plus gai. Le mot bal, au féminin, j’y ai pensé, entre tes deux yeux, mais trop coûteuse, cette solution finale, trop rapide, ce grabuge, dans ta caméra ! Ça ne me convenait pas. Je préfère bal, au masculin, parce que tu te bougeais bien, libre, avec des gestes de robot et de pantin moderne, dont j’inventais des ficelles invisibles reliées à mon cerveau. Bal, c’est ringard, comme ma timidité d’un autre siècle. Tu étais le plus ivre, bien sûr. Tu tiens mal l’alcool, les extravertis n’en ont pas besoin pour se mettre en scène. Tu étais le centre du monde de cette nuit : à cause de la perruque, du nez rouge et du maquillage, qui grandissaient ton sourire ? 
Cette petite boule écarlate  rappelait que tu te battais, devant les caméras pour les maladies orphelines, les auto-immunes et les autres, si peu rentables pour les laboratoires. Cette tignasse de paille rousse, décrochée d’un masque masaï, montrait que tu avais soigné, sur le continent le plus défavorisé, pour une association humanitaire. Et ces hardes aux couleurs discordantes expliquaient que tu fus bénévole d’une œuvre caritative, dans une banlieue du rêve américain.  Oui, tu étais un carabin estimable, et tu voulais valser avec Colombine, Fée Clochette, Shita la guenon, Cruella la dalmatienne et Belphégor la momie, parce que ces infirmières déguisées et ces externes costumées avaient, certaines nuits, partagé tes insomnies, et plus, car affinités. Tu n’as rien vu de mes larmes, sous ma capuche étanche d’être amphibie.
Dans ce bar, pour moi, tu t’es donc fendu d’une invitation à la soutenance de ta thèse en psychiatrie, et, bien sûr, à la fête carnavalesque qui la concluait, au nom de notre enfance commune dans notre village : toi, au château, moi, à la ferme, nous, ensemble, sur le même banc de la primaire fermée, murée, maintenant, nous n’avons jamais cessé de nous rencontrer, de nous raconter. Ce qui nous lie passe pour de l’amitié aux yeux de ceux qui prétendront nous avoir connus.
Tu étais mon guide d’univers inaccessibles, mon passe-partout virtuel, pour des rêves irréalisables. Dans le réel, nous n’avons jamais cessé de taper dans les mêmes ballons, de boire les mêmes canettes, de vomir les mêmes colères contre le monde injuste, à réinventer, entre deux de tes gardes et deux de mes boulots précaires, entre minuit et l’aube.
Nous sommes entre zéro heure et l’aurore, dans l’erreur ou l’horreur, selon ce que mon bec de lièvre m’autorise à distinctement articuler : toutes mes circonstances atténuantes, tu les connaissais, tu n’en as rien fait.
Tu m’avais promis la visite de ton service, ce soir. Nous nous sommes éclipsés, fantômes, hors du château saturé de fumées parfumées, de bougeoirs et de décibels, dans ta voiture, avec ta caméra dont le disque mémoire, bien rempli de ton clan, attendait le dénouement : moi, en tenue d’homme grenouille, et toi, gris, hilare, en Paillasse titubant, pouffant, « parce que les batraciens, non de non, ça change de sexe ! ».
Sur ta banquette arrière, d’autres cadeaux, des enveloppes, avec des billets, et ta tenue de travail, complète, blouson de cuir compris, et ton portefeuilles, et ta carte bancaire, comme d’habitude, avec le code gribouillé sur un confetti de papier, glissé dans le rose de ton permis de conduire. Nous avons déambulé d’une chambre capitonnée à l’autre, en passant par l’infirmerie, avec la vitrine verrouillée des médicaments. Couper le cadenas, avec ma pince, subtiliser le curare, arroser le contenu du sachet de mélange de fruits secs, un jeu d’enfant, vraiment, pendant que, dans ton bureau, tu allumais tous tes écrans pour me décrire la haute technologie mise à ta disposition.
Au retour, j’ai conduit et posé sur tes genoux cette gourmandise que tu adores : « ça dégrise ! » ai-je menti. « Pour le magnésium, pour l’intelligence ! »,  ai-je insisté. Tu n’en avais nul besoin mais tu n’as pas résisté. Ce fut rapide, la première noix de cajou a suffi, je crois. Du bout de mes doigts gantés, j’ai glissé l’abricot dans ta gorge, pour être sûr. Puis j’ai vidé ton véhicule, et l’ai sagement garé contre ton château familial où la fête se prolongeait sans nous. Tout à l’heure, il sera dans le canal, tout à l’heure…
Tu sais pourquoi, donc, les yeux fixes, exorbités, la bave aux commissures, tu agonises au fond du trou que j’avais creusé hier, dans ton parc gigantesque. Oui, c’était prémédité.
Je t’ai déshabillé. Je me suis arrogé ce droit là. Je t’ai déguisé en citadin, avec tes nippes de travail, celles, chic, en vrac, derrière ton siège, dans ta voiture, celles derrière toi, à la place du mort, celles que j’ai flairées, que j’ai froissées contre mon nez tordu, marques célèbres, chères, pleines de ta sueur froide, de ton odeur. J’ai pris le temps de boutonner ta chemise, de nouer ta cravate puis de déboutonner ton col et de desserrer la soie de ton étrangleuse, salie par la boue, le fard de tes joues, le noir ruisselant de tes faux cils.
Même à visage de clown, tu restes à ton avantage, comme toujours. J’ai été jaloux de ta réussite, de tes voyages, de ton charisme, de cette capacité innée à t’engager, à fédérer les énergies. Jaloux de ton sourire d’ange : cette envie ne suffit pas pour lever la main sur toi.
Tu m’avais surnommé bachi-bouzouk, en terminale, parce que j’étais la tête de turc du professeur de français. J’ai toujours su ce qu’étaient ces mercenaires ottomans : des frustrés, dressés dans la haine et le misérabilisme, à coup de ceinturon, comme moi. Des gars qui convertirent la souffrance en violence. Parce que, comme moi, pour toi, ils ne pouvaient dire leur amour : ça y est, c’est fait, il est dit, le dixième, le dernier de ma liste.
Je peux, je vais partir. A pied, d’abord. Avec mes palmes à la main et mes orteils dans tes chaussures trop grandes pour moi. Noir caoutchouc, dans la nuit devenue noire, jusqu’au fleuve que je traverserai aisément, pendant que tes lacets, lestés, entraîneront, au fond, les souvenirs mêlés de nos verrues plantaires. Sur l’autre berge, vendue pour faillite agricole, mon vélo, mes baskets, ma vie. Je roulerai jusqu’à ton véhicule. Mes deux roues dans ton coffre. Pour repartir…
J’ai pensé à tout. Avant de combler la fosse, tu sais pourquoi, donc, j’ai jeté les fruits secs et tout ce qui s’empilait sur ton siège arrière, et ton déguisement : un piètre matelas, pour toi, livré au bon appétit des organismes nécrophages. Cela prendra des semaines, des mois, peut-être des années, avant que les uniformes n’explorent cette prairie printanière si propice aux passions.
À coup de pelle dans ta bouche, dans ta gorge, je brise les mailles des mots que tu ne m’aurais jamais dits, l’émail des mots que je ne t’ai jamais avoués. Oui, tu sais pourquoi je brûle mon carton gribouillé, avec le rond, la marque du verre de bière, tu sais pourquoi je tâte et prends celui que tu avais conservé, dans ta poche intérieure droite. Oui, tu sais pourquoi je crève tes yeux avec mon stylo, celui que tu avais gardé dans ton blouson. Oui, tu sais pourquoi je filme, puis je retire le disque enregistré. Pourquoi je jette ton cadeau technologique dans la tâche de sang qui s’agrandit. Oui, mon trop cher psychiatre, pour toujours, je suis fou de toi, fou à lier.
Soudain, de ton autre poche intérieure, la gauche, contre ton cœur, je sens, je vois une enveloppe qui glisse. Avec mon prénom, dessus. Dedans, sous mes doigts gantés qui tremblent, des billets, des euros, et la page imprimée d’un message électronique, sorti de ton ordinateur, qui décrit comment tu as usurpé mon identité, comment tu as gagné avec les dix mots et mon nom. Papier qui suggère comment tu voulais me faire plaisir, ce soir, m’offrir ça, cette nuit, pour mes trente ans : pendant la visite guidée, tu as communiqué, depuis ton bureau, tout à l’heure, l’information à ta promise, qui t’attend, inquiète, à l’autre bout du parc. Ce qui, forcément, par son intermédiaire, me placera en premier, sur la liste. Celle des suspects. « Filmé ! » Singulier ? Tu as préféré pluriel. Tu gagnes, en corps et encore : « souriez, vous êtes filmés ». 
Oui, l’inspecteur a vu et revu cette confession d’assassin pervers. Il tient entre ses doigts la preuve absolue. L’unique. Dix ans d’eau putride dans ce canal abandonné ont effacé même l’ADN du meurtrier. Dix ans, ça efface tout, il est bien placé pour le savoir, l’inspecteur.
Moi, j’ai changé d’identité. Moi, j’ai disparu sans laisser le moindre indice, et l’on a abandonné les recherches, Alex, parce qu’on a cru que nous avions fui, ensemble, disparu, ensemble, quelque part, pour refaire notre vie, ensemble. Dans ton véhicule qu’on n’a jamais revu non plus. C’est une fin alternative, n’est-ce pas. Autre que ce que la voix nasillarde annonce à la fin du snuff moovie. Ce film que ta fiancée accepte d’entendre encore et encore, mais refuse de voir.
Elle n’a pas reconnue ma voix, c’est un effet collatéral de toutes les interventions chirurgicales, bien sûr.
Oui, à l’intérieur de ce fonctionnaire, je jubile, Al Adin, car, chacun à notre manière, nous sommes dans l’obscurité, toi, sous terre, et moi, dans cette nouvelle apparence, payée par l’argent que j’ai pillé sur ton compte en banque. Oui, deux génies : toi, celui du Bien, mort. Moi, celui du Mal, vivant.
Il ne me reste plus qu’à espérer la main qui touchera la mienne, qui la caressera pour que je sorte et que je recommence…Souriez, je peux vous filmer.

vendredi 25 mai 2018

Une nouvelle série : de la politique


Créée par Jean-Baptiste DelafonEric Benzekri (2016) | France | 52 minutes par épisode


SYNOPSIS & INFO

L'épopée politique et judiciaire de Philippe Rickwaert, député-maire du Nord, porté par une irrépressible soif de revanche sociale. Lors de l'entre-deux tours des élections présidentielles, il voit son avenir politique s'effondrer lorsque son mentor, le candidat de gauche, le sacrifie pour sauver son élection. Déterminé à se réinventer une carrière, Philippe va utiliser élections et temps forts politiques pour s'imposer pas à pas, contre celui qui l'a trahi, mais fort d'une alliance nouvelle avec la plus proche conseillère de son ennemi.

Indispensable mais incontrôlable, aussi menteur que sincère, cultivant des amitiés dans toutes les strates de la société, y compris au sein de la police et du grand banditisme,sa vie est un fascinant chaos organisé, un combat de chaque instant contre ses ennemis - et ses propres démons.

Vous trouverez à la médiathèque la Saison 1 et 2 dans leur intégralité.

Du nouveau dans le rayon DVD


Date de sortie 25 octobre 2017 (1h 57min)
Nationalité Français

Résumé:

Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l'un dessinateur de génie, l'autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l'entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire..

Allociné

Le livre de Pierre Lemaitre fut un Best seller, prix Goncourt en 2013, le film est un chef d’œuvre. Albert Dupontel est magnifique autant devant que derrière la caméra. Tous les acteurs incarnent à la perfection leurs personnages et une mention particulière pour ce jeune brésilien qui rien que par ses regards nous transmet multitudes d'émotions.
C'est une adaptation réussie, fidèle et bouleversante....à voir absolument !

Virginie





Date de sortie 25 octobre 2017 (1h 56min)
Genre Drame
Nationalité Hongrois


SYNOPSIS ET DÉTAILS

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Mária, nouvelle responsable du contrôle de qualité et Endre, directeur financier de la même entreprise, vivent chaque nuit un rêve partagé, sous la forme d'un cerf et d'une biche qui lient connaissance dans un paysage enneigé. Lorsqu'ils découvrent ce fait extraordinaire, ils tentent de trouver dans la vie réelle le même amour que celui qui les unit la nuit sous une autre apparence...
Allociné




Date de sortie 22 novembre 2017 (1h 54min)
Genre Drame
Nationalité Français



SYNOPSIS ET DÉTAILS

Martin Clément, né Marvin Bijou, a fui. Il a fui son petit village des Vosges. Il a fui sa famille, la tyrannie de son père, la résignation de sa mère. Il a fui l'intolérance et le rejet, les brimades auxquelles l'exposait tout ce qui faisait de lui un garçon «différent». Envers et contre tout, il s'est quand même trouvé des alliés. D'abord, Madeleine Clément, la principale du collège qui lui a fait découvrir le théâtre, et dont il empruntera le nom pour symbole de son salut. Et puis Abel Pinto, le modèle bienveillant qui l'encouragera à raconter sur scène toute son histoire.
Marvin devenu Martin va prendre tous les risques pour créer ce spectacle qui, au-delà du succès, achèvera de le transformer.
Allociné
Après avoir été impressionnée par ce jeune acteur, Finnegan Oldfield dans le film Les Cowboys au côté de François Damiens c'est pour lui que j'ai voulu voir Marvin ou la belle éducation. Je n'ai pas été déçu car c'est une véritable leçon de courage que nous livre cette histoire. Celle d'un jeune homme qui se construit tout seul envers et contre tout. Un parcours, une vie, une bataille...une éducation.
Virginie

Date de sortie 15 novembre 2017 (1h 24min)
Nationalité Français

SYNOPSIS ET DÉTAILS

Simon va bientôt devenir père. Mais comment ce jeune homme hors-normes pourrait-t-il s’occuper de son enfant s’il ne parvient pas à prendre soin de lui ? Sa rencontre avec Théodore, ado attachant et teigneux élevé par sa mère, va sérieusement bouleverser ses… incertitudes.
Le temps d’une nuit, tandis que l’épouse de Simon et la mère de Théodore font front commun, les deux insoumis se lancent dans une course folle… Vers l’acceptation de soi ?
Allociné



Date de sortie 29 novembre 2017 (1h 42min)
Genre Drame
Nationalité Français

SYNOPSIS ET DÉTAILS

C’est l’histoire d‘un amour total entre César et Paz.
Paz, photographe espagnole, nourrit une soif de rencontres, d’expériences et de voyages, alors que César, ex-grand reporter de guerre, souhaite à l’inverse s’extraire du tumulte du monde.
Paz est enceinte, cette perspective l’angoisse, l’étouffe. Elle semble s’éloigner chaque jour un peu plus de César, comme obsédée par quelque chose qui lui échappe.
Jusqu’au jour où elle disparait, laissant son enfant et César sans véritable explication.
Allociné
Bouleversée par Les adoptées, envoûtée par Respire, je suis une inconditionnelle de Mélanie Laurent en tant que réalisatrice. Elle signe encore une fois un film touchant qui ne laisse pas indifférent. Elle touche là où ça fait mal et à chaque fois elle vise juste. Il n'y a rien de trop.
 Gilles Lellouche est tout simplement merveilleux dans ce rôle dur et émouvant.
Plongez dans ce film mais vous risquez de ne pas remonter...
Virginie
De la Science-Fiction

Date de sortie 4 octobre 2017 (2h 44min)
Nationalité Américain 

SYNOPSIS ET DÉTAILS

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
En 2049, la société est fragilisée par les nombreuses tensions entre les humains et leurs esclaves créés par bioingénierie. L’officier K est un Blade Runner : il fait partie d’une force d’intervention d’élite chargée de trouver et d’éliminer ceux qui n’obéissent pas aux ordres des humains. Lorsqu’il découvre un secret enfoui depuis longtemps et capable de changer le monde, les plus hautes instances décident que c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Son seul espoir est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner qui a disparu depuis des décennies...
Allociné

Et du cinéma d'animation
Pour le grands....
Réalisé par Masashi Ishihama (Shin Sekai Yori, plusieurs épisodes de L’Attaque des Titans et Psycho-Pass...) et produit par Pony Canyon et A-1 Pictures, ce film est basé sur une histoire originale du projet D.Backup, un scénario illustré imaginé par le duo Physics Point qui avait remporté le prix Animeka Taisho 2013, visant à trouver des histoires innovantes à adapter en animation. Le scénario du film est écrit par Fumihiko Shimo (Clannad, Kanon, Air).

Synopsis :

Dans un monde constitué d’une multitude de dimensions, toutes peuplées par d’innombrables créatures, Dual et Dorothy ont pour mission d’éradiquer les virus qui menacent chacun de ces espaces. Et la règle est simple : tout monde infecté doit être systématiquement détruit. C’est leur travail, et elles seules en ont la responsabilité. 

Un jour, Dual et Dorothy découvrent une jeune fille infectée par un virus. Elles parviennent néanmoins à la sauver, mais cet être semble rempli de mystère. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Lorsqu’elle se réveille, elle demande alors à retourner au jardin des fleurs…
Manga-news

...pour les petits

Date de sortie 24 août 2016 (1h 20min)
Genre Animation
Nationalités FrançaisItalien


SYNOPSIS ET DÉTAILS

IQBAL est un petit garçon espiègle et joyeux qui passe son temps entre les jeux avec ses copains, sa petite chèvre adorable et ses superbes dessins. Un jour, tout va changer… Son frère tombe gravement malade et il lui faut des médicaments coûteux, trop coûteux. Croyant bien faire, IQBAL attend la nuit pour s’éclipser vers la ville. Pour aider sa mère et soigner son frère, il n’a pas d’autres solutions que de vendre sa chèvre, le coeur serré... 
Mais, rien ne se passe comme prévu !
Allociné




Date de sortie 22 mars 2017 (0h 40min)
Avec acteurs inconnus
Genre Animation
Nationalités FrançaisBelge

SYNOPSIS ET DÉTAILS

Programme de courts métrages d'animation.
La Fontaine fait son cinéma est un nouveau programme de La Chouette du cinéma. Cette fois, La Chouette du cinéma est partie récolter six courts métrages en forme de fables, de petites histoires, avec des animaux, qui contiennent une leçon de vie.
Allociné

Date de sortie 6 décembre 2017 (1h 43min)
Genres AnimationComédie
Nationalités BritanniqueFrançais

SYNOPSIS ET DÉTAILS

Paddington coule des jours heureux chez les Brown, sa famille d’adoption, dans un quartier paisible de Londres, où il est apprécié de tous. Alors qu’il recherche un cadeau exceptionnel pour les cent ans de sa tante adorée, il repère un magnifique livre animé, très ancien, chez un antiquaire. Pas de temps à perdre : il enchaîne les petits boulots pour pouvoir l’acheter ! Mais lorsque le précieux ouvrage est volé, Paddington est accusé à tort et incarcéré. Convaincus de son innocence, les Brown se lancent dans une enquête pour retrouver le coupable…
Allociné
On retrouve avec plaisir les péripéties de cet ourson "so british". Une nouvelle aventure pour toute la famille


Date de sortie 6 août 2014 (1h 22min)
Nationalités CanadienSud-CoréenAméricain

SYNOPSIS ET DÉTAILS

Surly est un écureuil malin et ingénieux. A peine débarqué en ville, il repère un magasin de noix avec un stock suffisant pour nourrir tous les animaux de la forêt pendant l’hiver. Mais pour pénétrer cette forteresse, il va avoir besoin d’aide. Assisté de ses amis, il va mettre au point un plan rocambolesque pour organiser le vol du siècle. Evidemment, rien ne va se passer comme prévu…
Allociné

Voici un dessin animé qui a du rythme : courses poursuites, évasions... à l'image d'un véritable film de hold-up. Ne soyez pas impatient le 2ème volet arrive bientôt !